L’homme sans nom



JOUR 55

Los Enceados, Argentine
Dans la matinée

Simon, qui roupillait à bord du pick-up dans lequel Kerensky, Largo et lui avaient été pris en stop par un pêcheur, fut réveillé assez rudement par un large bond du véhicule sur l’une des aspérités de la route cabossée les menant à la petite ville de Los Enceados. Il reprit ses esprits lentement en grommelant et regarda Kerensky, qui par Dieu sait quel miracle, parvenait à rester stoïque et statique même à l’arrière de cette vieille guimbarde dénuée de la moindre trace de suspension.
- “Hum... Il est quelle heure? marmonna le Suisse.
- On arrive!” dit simplement Largo, en pointant le doigt vers les premières maisons de la ville qui apparaissaient dans leur champ de vision.
Et effectivement, quelques instants plus tard, le pêcheur arrêta son pick-up en plein milieu de la place de la ville, face à la mairie (vous ai-je dit que le maire de Los Enceados n’était autre que le beau-frère de Cordoba? Tsst Tssst Tsst...), et les déposa avant de redescendre vers le port pour embarquer dans son petit chalutier. Largo, Simon et Kerensky s’étirèrent et se dégourdirent un peu les jambes tout en examinant brièvement d’un coup d’œil circulaire cette cité micro-Etat à la solde de Cordoba où tous les habitants avaient cessé leurs activités pour toiser sévèrement ces nouveaux venus. Ceux-ci ramassèrent leurs sacs de voyage et se dirigèrent vers la première passante qu’ils virent.
- “Excusez-nous? Pourriez-vous nous indiquer l’hôtel le plus proche?” demanda Simon d’un sourire ravageur.
La femme se contenta de le fusiller du regard et s’éloigna au plus vite sans lui répondre. Simon fit une grimace.
- “Bah... J’ai l’impression que mon charme légendaire m’a abandonné...
- Ou alors c’est toute cette ville qui est contre nous...” murmura Largo en détaillant les visages peu accueillants des autochtones qui les fuyaient comme la peste.
Simon posa son sac, qui lui pesait sur ses petites épaules fatiguées par le voyage.
- “Dites les gars? C’est une impression que j’ai ou on est en train de se refaire un remake de John Wayne dans un vieux Western? “Pas d’étrangers dans ma ville...” fit le Suisse en imitant le grand John.
- Tu ne dois pas être très loin de la vérité Simon... dit tranquillement Kerensky.
- Oui, mais ce n’est pas ça qui va nous arrêter.” répliqua sèchement Largo.
Les trois compagnons se mirent alors en quête d’un hôtel qu’ils dénichèrent assez rapidement puisqu’il n’y en avait qu’un à Los Enceados, et qu’il ne se situait pas très loin de la place principale de la ville. Ils eurent toutes les difficultés du monde à convaincre le réceptionniste de l’hôtel qu’il lui restait encore trois chambres libres hors période touristique mais ils finirent en définitive par parvenir à s’incruster. Kerensky avait à peine mis les pieds dans sa chambre qu’il installa son matériel informatique qu’il avait emporté avec lui, il en aurait toujours besoin. Simon et Largo le regardèrent faire un moment puis sentirent une envie irrésistible d’action.
- “On y est maintenant, on doit faire quelque chose! s’exclama Largo.
- Quoi par exemple? Tu veux voir les passants dans la rue et leur demander “vous ne sauriez pas où on peut trouver des filles séquestrées contre leur volonté dans le coin?”? demanda Kerensky.
- Elle est bien quelque part...
- On ne cache pas si facilement ce genre de commerce dans une petite ville comme ça... poursuivit Simon.
- Je sais... le coupa Kerensky. C’est pour ça que je vais essayer de pirater le serveur de la mairie pour obtenir les plans de la ville... Je dénicherai bien quelques endroits suspects.
- Et nous pendant ce temps?”
Kerensky haussa les épaules.
- “Essayez un peu de vous calmer... Vous me donnez la migraine.”
Simon leva les yeux au ciel.
- “Ben voyons...Viens Larg’, on va essayer de se faire des amis dans le coin...”
Largo eut une grimace sceptique.
- “Tu ne préférerais pas plutôt qu’on essaie de remplir d’eau des urnes percées? ironisa-t-il.
- On les rend nerveux les gens ici... En les harcelant de questions, ils finiront bien par commettre des erreurs et nous révéler ce qu’ils savent...
- Ok, je te suis...”
Les deux amis laissèrent Kerensky à ses tâches de bricoleur et partirent à la pêche aux informations. Largo paraissait calme et serein depuis leur arrivée en Argentine, mais en réalité, au fond de lui, son cœur s’affolait, ses idées s’embrouillaient, il agissait comme un zombie car une seule idée l’obsédait: Joy était près de lui.


La Casa Peligrosa
Au même moment

Les rayons du soleil vinrent chatouiller le visage de Joy qui se sentit obligée d’ouvrir ses paupières lourdes. Elle avait très peu dormi et passé une nuit agitée. Pas seulement à cause de ce qu’elle avait fait avec son client, ces caresses, ces gémissements et cette forme de violence qu’elle se faisait en couchant avec lui mais qu’elle n’arrivait pas à s’expliquer, mais aussi à cause des rêves qu’elle avait faits. Elle n’avait pas seulement rêvé de l’homme sans nom cette fois. Elle avait rêvé de Jack. Elle avait rêvé qu’elle criait et qu’on lui faisait du mal.
Mais était-ce seulement un rêve?
- “Oh mon Dieu...” gémit-elle alors qu’une violente migraine s’emparait d’elle au fur et à mesure qu’elle y réfléchissait.
Elle eut aussitôt le réflexe de prendre une pilule verte mais elle se rappela qu’elle avait déjà dépassé sa dose la veille au soir en en prenant en pleine nuit pour effacer ses cauchemars. La nuit dernière. Son client. Des bruits dans le couloir. Jack qui se démenait et qui était maltraitée par des hommes de Felipe.
Une nouvelle migraine aiguë.
Non, elle devait à tout prix cesser d’y penser.
Elle se leva et alla prendre une douche qu’elle voulait relaxante. Et pourtant, à chaque fois qu’elle fermait les yeux, à chaque fois, ses visions de la veille devenaient de plus en plus claires. Jack était entraînée de force. Dans la cave. Elle le savait maintenant. Et Felipe semblait si cruel avec elle. Jack était dans la cave. Elle avait peur et il fallait l’aider.
La migraine devint quasiment insupportable et Joy dut se prendre la tête entre ses mains et se laisser tomber dans la cabine de douche pour faire passer cette atroce douleur. Elle resta là un bon moment avant que les effets de son mal de crâne ne disparaissent peu à peu. Mais il lui fallut du temps et elle se sentait terriblement vidée, elle avait froid, ses yeux s’embrumaient. Elle avait besoin de quelque chose, impérativement. Elle voulait se sentir bien à nouveau mais rien n’y faisait. Elle en avait besoin. Elle devait voir Youri.
Elle sortit enfin de la salle de bain et se rhabilla. Elle s’apprêtait à quitter la chambre de son client quand Felipe y entra sans frapper. Joy sursauta.
- “Felipe! Vous m’avez fait peur...” souffla-t-elle en mettant sa main contre son cœur.
Felipe sourit et s’approcha d’elle en silence.
- “Du calme chiquita... Ce n’est que moi...Tu n’as aucune raison d’être effrayée.”
Joy sourit.
- “Oui, tu as raison... C’est juste que je ne me sens pas très bien.
- Tu devrais!” lâcha Felipe joyeusement en se laissant tomber sur un fauteuil.
Il détailla Joy, un sourire d’envie aux lèvres et finit par grimacer.
- “C’est vrai que tu n’as pas l’air très fraîche... Tu n’as pas bu hier soir, j’espère?
- Non, c’est interdit.
- Bien, je préfère ça... Mais rassure-toi, tu auras quatre jours pour reprendre des forces.
- Quatre jours? s’interrogea Joy en fronçant les sourcils.
- Oui, quatre jours.”
Felipe se leva et mit ses mains sur ses épaules, d’un air affectueux.
- “Ton client a été très content de toi. Si content qu’il t’a réservée exclusivement.
- C’est vrai? sourit faiblement Joy, ne sachant plus très bien si elle devait le prendre comme une bonne ou une mauvaise nouvelle.
- Absolument. Il est en affaires en ce moment et doit s’absenter pour quelques jours, histoire de régler une affaire de... témoignage un peu embêtant... Je ne veux pas t’ennuyer avec des détails sur son travail... Mais il a expressément émis le souhait qu’on te garde rien que pour lui en son absence. Tu peux donc te reposer et te faire belle pour lui... Ce serait dommage qu’à son retour tu sois aussi pâlotte... Pas vrai?
- Oui, Felipe, je ferai ce que vous direz...”
L’argentin parut très satisfait.
- “Tu es parfaite chiquita. Écoute, je suis d’humeur généreuse aujourd’hui... Tu n’as qu’à aller te promener un peu dans le parc... La journée est magnifique... Tu reprendras quelques couleurs...
- Seule? Vous me le permettez? s’étonna-t-elle.
- Ah mais tu es très spéciale chiquita... Mr Cordoba a été particulièrement content des progrès que tu as accompli depuis ton arrivée. Cette année, tu es notre petite perle... Allez, file!”
Joy eut un sourire un peu réservé et quitta la chambre. Felipe la regarda partir, visiblement très amusé par la situation.
- “Quelle idiote!” dit-il pour lui-même en éclatant de rire.


Hôtel Choza del Pescador, Los Enceados
Heure du déjeuner

La serveuse du petit restaurant de l’hôtel déposa sans entrain, le regard méprisant, les assiettes de Largo et de Simon sur leurs tables. Puis elle s’éloigna sans mot dire. Simon regarda d’un air suspect son assiette de poisson.
- “Tu crois qu’elle l’a empoisonné? demanda-t-il à Largo.
- En tout cas, je te parie dix contre un qu’elle a craché dedans...” répondit le milliardaire.
Le Suisse eut une grimace de dégoût.
- “Mouais... Je crois que je n’ai plus d’appétit...”
Largo n’eut pas le temps de répondre quoi que ce soit car Kerensky les rejoignait la mine grave.
- “Vous avez déniché du nouveau? demanda-t-il.
- Quelques insultes, des regards noirs... Il y a même quelqu’un qui nous a lancé des cailloux dessus... ironisa Simon de sa verve habituelle.
- On est bloqué... marmonna Kerensky. Tout le monde est contre nous dans cette ville. Si on trouve l’endroit où Joy est détenue, il nous faudra du renfort...
- On ne peut pas faire appel aux flics du coin, c’est certain... Et le FBI ne sera jamais habilité à intervenir hors du territoire américain... dit Largo.
- Et la CIA?” demanda Simon.
Les trois amis se dévisagèrent en silence, d’un air interrogatif.
- “Mouais... lâcha finalement Kerensky. Pour leur faire lancer une opération à l’étranger, il leur faudrait un motif où ils trouvent plus d’intérêt que libérer quelques pauvres filles... Je les connais à la CIA... Ils jouent les gentils héros uniquement quand ils y trouvent un intérêt.
- A moins que Charles Arden ne fasse des pieds et des mains pour les convaincre... réfléchit Largo.
- Tu as déjà vu Charles faire des pieds et des mains pour aider sa fille? demanda Simon, sceptique.
- C’est grâce à lui qu’on est ici! protesta Largo.
- Ca demande réflexion... murmura Kerensky. Mais pour lancer une opération il nous faudra de toute façon dénicher l’endroit où est planquée Joy... Et ça ne sera pas du gâteau.”
Largo se redressa soudainement, piqué au vif.
- “Quoi? lui demanda Simon.
- Cordoba doit sûrement déjà savoir depuis un moment qu’on est à Los Enceados, non? dit-il.
- Oui, pourquoi?
- Et notre matériel est sans surveillance.”
Les trois hommes se consultèrent du regard un quart de seconde et se levèrent de table brusquement pour courir vers la chambre de Kerensky. Lorsqu’ils y parvinrent, ils découvrirent une bande d’hommes cagoulés qui mettaient à sac la chambre de Kerensky et foutaient en l’air tout son matériel. Avant qu’ils n’aient le temps de dégainer leurs revolvers, les trois amis de l’Intel Unit se jetèrent sur eux pour se battre. Ils étaient robustes et expérimentés en matière de bagarre, mais malheureusement pour eux, les hommes de Cordoba étaient bien plus nombreux et à peine avaient-ils fini d’assommer quelques uns d’entre eux que d’autres survenaient. Et Simon, et Largo, et Kerensky furent finalement mis K.O. les uns après les autres.
Le chef de la bande de gorilles regarda les trois hommes, inconscients, gisant à terre. Ses seconds l’interrogèrent du regard.
“Que hacemos? (on fait quoi?)
- El Señor Cordoba ha dicho que en esta situacion, tenemos que llevarles con nosotros!” (Monsieur Cordoba a dit que dans cette situation, il fallait les emmener avec nous!) répondit-il simplement.
Les hommes acquiescèrent et emmenèrent avec eux les malchanceux membres de l’Intel Unit.


La Casa Peligrosa
Au même moment

Le cœur de Joy battait la chamade. Pourquoi faisait-elle cette folie? Avait-elle perdu la tête? Pourquoi était-elle prête à tout gâcher pour quelques visions, quelques bruits qu’elle n’était même pas sûre qu’ils fussent avérés. Mais elle se reprit et poursuivit son chemin. Elle avait retrouvé le chemin de la cave tout naturellement, comme si elle était déjà venue là alors qu’elle ne se souvenait pas y avoir mis les pieds. Ses souvenirs étaient si flous. Elle commençait à douter de tout ce qu’elle voyait et de tout ce dont elle était sûre. C’était pourquoi elle voulait s’assurer que ce rêve qu’elle avait fait sur Jack la nuit précédente n’était qu’un rêve.
Elle faillit mourir au début en apercevant ce garde près de la porte de la cave. Comment lui expliquer sa présence? Et comment faire demi-tour après tout ce chemin déjà parcouru? Mais heureusement pour elle, celui-ci, assez peu zélé par la garde d’une jeune femme à moitié cinglée enfermée à double tour dans l’une des cages de la cave, finit par aller faire un tour histoire de se dégourdir les pattes. Joy se faufila alors à travers la porte de la cave. Celle-ci était sombre, froide et humide et un oppressant sentiment de déjà-vu l’envahissait et l’oppressait peu à peu. Elle alluma une ampoule au plafond qui diffusa une faible lumière et aussitôt un cri de bête apeurée retentit.
- “Laissez-moi! Laissez-moi!” cria la voix atrocement transformée de Jack par la terreur.
Joy se laissa guider par ses hurlements et la découvrit allongée à même le sol, tremblante de froid, en position fœtale dans une cage fermée par une porte à barreaux au fin fond de la sombre cave. Joy en eut le souffle coupé. Des larmes lui montèrent aux yeux et elle s’approcha de la grille retenant prisonnière son amie en posant ses deux petites mains tremblantes sur les barreaux.
- “Ne me faites pas de mal, je vous en supplie... pleurait Jack, d’une voix étouffée par ses sanglots.
- Jack... C’est moi...”
Jack faillit sursauter. En reconnaissant Joy en face d’elle, elle se jeta contre la paroi de sa prison ce qui fit reculer Joy de peur.
- “Aide-moi! hurla-t-elle. Je t’en supplie Joy, aide-moi!
- Je... Je ne peux pas... articula Joy, terrorisée.
- Tu n’as pas pu oublier ce qu’ils nous ont fait ici, Joy! Rappelle-toi! Rappelle-toi comme tu voulais me défendre! Comme c’est en me défendant que tu as accepté de prendre ces foutues pilules! Rappelle-toi que c’est ici qu’ils ont réussi à te convaincre que tu n’étais personne!
- Arrête! cria Joy.
- Rappelle-toi! Tu n’es pas personne Joy! Tu es quelqu’un, tu as une vie, des amis, une famille! Tu as fait tant de choses bien autour de toi, souviens-toi! Ta vie n’est pas facile mais je sais que tu l’aimes! Fais-le pour moi Joy, rappelle-toi de tout ça!
- Laisse-moi tranquille! cria Joy en voulant faire demi-tour.
- Joy! hurla de plus belle Jack. J’ai peur de mourir!”
Joy s’arrêta, figée sur place.
- “Ils vont me tuer Joy, si je ne cède pas! Et tu sais que je ne céderai pas!”
Joy ferma les yeux et fut prise d’une envie soudaine de s’enfuir, au plus loin. Alors elle se mit à courir, hors de la cave et Jack continuait à l’appeler. Plus elle criait, plus vite Joy courait. Elle avait peur pour Jack. Elle avait peur d’elle-même.


La Casa Peligrosa
Dans le parc

La sensation étouffante qui s’était emparée de Joy en découvrant Jack terrée dans cette cave l’avait poussée à se ruer hors de la propriété pour prendre une grande bouffée d’air frais, histoire de se laver l’esprit de ce qu’elle venait de voir.
- “Ce n’était pas un rêve... Ce n’était pas un rêve...” se répétait-elle sans arrêt.
Et pourtant elle n’arrivait pas à agir en conséquences. Elle savait qu’elle devait faire quelque chose, mais elle restait paralysée. Elle ne comprenait plus rien à ce qu’il lui arrivait. Toutes ses pensées s’emmêlaient dans sa tête, ses souvenirs, passé et présent, ses envies, le désir d’aider Jack et celui d’obéir à Felipe. Et cette irrésistible envie de prendre une de ces pilules vertes. Tout allait mal. Tout allait très mal et elle se sentait devenir folle.
Elle eut un flash.
D’habitude elle ne rêvait de son passé que la nuit. Mais là, elle était debout, marchant de long en large dans l’immense parc verdoyant de la propriété de Cesare Cordoba, bien éveillée, bien vivante, et elle eut à nouveau une de ces visions. Elle comprit qu’il ne s’agissait pas d’un rêve mais d’un souvenir.
Un souvenir merveilleux de son passé où l’homme sans nom prenait soin d’elle. Elle le revoyait la serrer dans ses bras et sentir dans sa nuque son parfum fruité, en fermant les yeux. Cet homme semblait se sentir si bien en sa présence. Il paraissait tellement heureux de l’avoir, elle, à ses côtés.
Ce souvenir calma instantanément Joy. Elle se mit à ne penser plus qu’à ça, plus qu’à cet homme sans nom, et apaisée, elle croisa les bras sur son ventre avant de reprendre une marche plus lente, plus régulière. Le flux de souvenirs déroula dans son esprit, toujours plus doux, toujours plus sereinement. Au loin dans un pré voisin de la demeure, Joy perçut le hennissement d’un cheval et un nouveau flash vint l’assaillir. Une magnifique journée ensoleillée au cours de laquelle elle était montée à cheval avec l’homme sans nom. Elle referma les yeux et se remémora avec délice de la sensation qu’elle éprouvait alors qu’il la serrait dans ses bras protecteurs, son visage si près du sien.
Elle était tellement amoureuse de cet homme.
Joy ouvrit les yeux. Elle était seule dans ce parc. Loin de lui. Elle ne se rappelait même plus son nom et doucement, des larmes commencèrent à couler le long de son visage. Pourquoi ne s’en rappelait-elle pas? Pourquoi était-elle incapable de distinguer ce dont elle rêvait et ce qu’elle vivait? Qu’est-ce qui n’allait pas chez elle? Pourquoi avait-elle tout le temps envie de cette pilule verte? Pourquoi?
Toujours la migraine. Elle hurla de douleur, se tint la tête, en courbant le dos sous le poids de la douleur qu’elle ressentait. Son attitude alerta l’un des gorilles qui la surveillait qui accourut lui demander si elle allait bien. Mais elle ne pouvait pas répondre, elle n’arrivait pas à cesser de hurler. Plus elle hurlait, plus ses questions incessantes tournoyaient dans sa tête, rendant la douleur de plus en plus insupportable. Et ce qui devait arriver, arriva finalement. Elle s’écroula à terre, perdant connaissance, sous les cris des gardes qui demandaient un médecin.





Intel Unit