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Le lendemain matin, Winch Building
Face à la proposition de Largo, Joy avait longuement hésité. Le matin même, elle avait donc appelé Andrew Jones pour le consulter sur les capitaux nécessaires à la réussite de son projet. Par fierté, elle aurait aimé pouvoir l’assumer seule. Mais le Groupe W avait beau la payer très généreusement, et elle-même n’être guère dépensière (d’autant que son patron était lui aussi du genre généreux), elle devait se rendre à l’évidence : pour mettre toutes les chances de son côté, un investisseur serait le bienvenu… Et quitte à associer quelqu’un à la réalisation de son rêve pour de vulgaires raisons financières, autant que ce soit Largo…
Cela ne remettait pas en cause son indépendance retrouvée… puisqu’il ne s’agissait que de Business. En tout cas, elle se le répétait depuis qu’elle était monté dans sa voiture…
Arrivée devant la porte de l’appartement de Largo, Joy eut un moment d’hésitation. Il n’était certes pas très tôt, mais Largo avait dû se coucher tard après sa visite nocturne… peut-être même avait-il rejoint Simon en boîte ou dans un quelconque bar pour finir la nuit ; auquel cas il risquait fort, non seulement de ne pas être réveillé… mais surtout de ne pas être seul.
Prenant sa respiration, Joy introduisit sa carte d’accès, composa le code et entra après avoir frappé…
Contrairement à ses craintes, Largo était seul et en plus assis à son bureau, plongé dans ses dossiers (et dire que Cardignac le trouve irresponsable !) Il ne l’avait pas entendue entrer.
Joy se planta devant son bureau et attendit qu’il la remarque, ce qui ne prit que quelques secondes. Alors, elle lui sourit.
Largo : Hey, bonjour toi, déjà là ? tu as bien dormi ?
- En fait, pas vraiment.
Largo, innocemment : Préoccupée par quelque chose peut-être ?
- Très spirituel. Largo, j’ai bien réfléchi… et je crois que je vais accepter ton offre. Tu as raison, économiquement, c’est la meilleure solution.
- Ravi de te l’entendre dire Il se leva de son bureau pour la rejoindre Tu fais preuve de discernement, ce projet me semble bien parti.
- Largo… merci.
- Inutile de me remercier, je te l’ai dit, je compte bien en tirer profit !
Joy, pas dupe : Oh oui, je suis persuadée que tu attends après ça pour vivre !
Largo : Comment crois-tu que mon père ait fait fortune ? Bon, j’ai pas le temps tout de suite, les fauves m’attendent ; mais tu n’as qu’à réfléchir et évaluer les capitaux dont tu as besoin. Quand ce sera fait, on demandera à Sullivan de s’occuper des détails juridiques, OK ?
- Ca me va.
- Alors associés ?
Il lui tendit la main.
Joy, acceptant sa main : Associés.
Ils échangèrent un sourire.
Joy : C’est pas le tout, mais j’ai encore un job à remplir… et j’ai cru comprendre que tu es attendu. A plus tard.
- Oh, Joy attends, quand Kyle Church arrive-t-il ?
- Après-demain matin.
- Bien, invite-le pour le déjeuner avec le reste de l’équipe, on pourra faire plus ample connaissance.
- Entendu. Sur le pas de la porte Largo…
- Oui Joy ?
- Merci… merci de le prendre aussi bien.
Pour toute réponse, elle n’obtint qu’un sourire…
Deux jours plus tard, terrasse de Largo, à l’heure du déjeuner.
L’Intel Unit était réunie sur la terrasse. Ils attendaient Joy qui était allée chercher Church à l’aéroport puis l’avait accompagné déposer ses bagages dans son nouvel appartement.
Simon : Largo, tu crois que ça va bien se passer ?
- Quoi donc ?
- Et bien, tu sais… tout ça… la galerie de Joy, le nouveau…
- En ce qui concerne la galerie, je ne me fais pas de souci. Sullivan, Joy et moi en avons parlé hier soir, le projet est solide. Joy sait dans quoi elle s’aventure et tu peux compter sur moi pour la soutenir.
- Et pour Church, après tout, tu vas devoir le supporter en permanence… ON va devoir le supporter en permanence… et puis, est-il aussi fiable que Joy ?
- C’est justement ce qu’on va chercher à savoir aujourd’hui… Et puis, la question pourrait tout aussi bien être : est-ce que, NOUS, on va lui convenir suffisamment pour rester ?
- Bah, et pourquoi on lui plairait pas, au nouveau ?
Kerensky : Laisse moi t’aider : infantilisme, goût des risques inconsidérés, talent incomparable pour les embrouilles, dois-je continuer ?
- Non merci, sans façon.
- Dis nous Giorgi, tu semblais connaître cet homme, tu peux nous en dire plus à son sujet ?
- En fait, je le connais pas personnellement, seulement de réputation… vous savez ça faisait partie de mon boulot autrefois… Toujours est-il que Church est respecté par les siens pour son professionnalisme et son efficacité, presque autant qu’il est craint par ses adversaires… ce qui n’est pas peu dire. De plus, ses états de service à la CIA étaient excellents…
- Tu as fait des recherches sur lui ?
- Evidemment ! Mais avec l’assentiment de Joy. D’ailleurs, c’est normal en pareilles circonstances. Je devais m’assurer de sa fiabilité et vérifier qu’il ne risquait pas de me descendre dès qu’il me verrait…
A cet instant, Joy et Kyle arrivèrent. Celui-ci ne montra pas d’hostilité particulière à l’encontre de l’ancien ennemi qu’était Kerensky. Au contraire, il salua tout le monde de la tête mais semblait un peu réservé (hey, il débute un nouveau boulot comme "pièce rapportée" dans une équipe soudée !) conscient des trois paires d’yeux interrogateurs braqués sur lui.
Joy : Salut tout le monde, je vous présente Kyle. Kyle, voici Largo.
Largo, s’avançant : Bienvenue parmi nous Kyle. Alors, c’est à vous que va revenir la délicate mission de succéder à Joy ?
- Oui, à défaut de la remplacer tout à fait, je vais essayer de vous maintenir tous en vie pour qu’elle ne m’étripe pas.
Cette réponse plut à Largo qui se mit à rire de bon cœur. Joy sentit que ça démarrait bien et en éprouva un profond soulagement… Maintenant, il restait à convaincre Simon et Giorgi.
Largo : Kyle, je te présente Simon, mon meilleur ami et ton nouveau chef… Il paraît pas comme ça, mais il sait se rendre indispensable…
- Joy m’a fait un topo…
- Hey, ça veut dire quoi ça ? Vous allez pas commencer ! Kyle fait pas attention ! Ce sont des jaloux… ces coincés envient ma décontraction naturelle !
Kerensky, ironique : J’avoue Simon, je suis jaloux de toi…
Joy, peinant à garder son sérieux : Ppppfff !
Kyle à Kerensky : Giorgi Kerensky, je présume ? J’ai entendu parlé de ton efficacité…
- Oh, et quel effet ça fait à la crème des agents capitalistes de devoir travailler avec un vilain soviétique ?
- C’est un honneur de faire ta connaissance. Ca promet d’être une expérience enrichissante … Joy ne tarit pas d’éloges à ton égards.
Un bref silence se fit. Ils étaient tous surpris ; à commencer par Giorgi qui adressa un demi sourire à Joy, soudain très mal à l’aise, elle aussi. Soucieuse de ne pas admettre la véracité de cette révélation embarrassante, elle détourna la conversation avec le soutien de Largo (décidément) :
Joy : Et si on passait à table ?
- Tu as raison, Kyle a fait un long voyage, il doit être affamé.
Ils se dirigèrent donc vers la table dressée sur la terrasse et déjeunèrent dans la bonne humeur.
Comme l’avait espéré Joy, Kyle s’entendit bien avec l’équipe… ce qui se confirma dans les semaines qui suivirent pendant lesquelles la transition se fit progressivement. Joy mettait Kyle au courant des dossiers, des habitudes … des mauvaises habitudes de Largo, l’aidait à se familiariser avec les locaux, les gens et les activités du Groupe. Dans le même temps, Kyle trouvait peu à peu sa place au sein du petit groupe et se liait d’amitié avec Simon et Largo. Surtout avec Simon qu’il accompagnait volontiers en virée. Largo était plus distant mais Kyle comprit vite que c’était avant tout par désir de profiter au maximum des derniers instants pendant lesquels il avait Joy à disposition en permanence… Quant à Kerensky, il le traita vite comme s’il faisait partie du décor, signe qu’il l’avait accepté.
Une nuit, dans une boîte.
Fait exceptionnel, Joy avait accepté de se joindre à eux, à la grande joie de Simon et Largo qui s‘escrimaient à la faire danser et s’amuser. Ce qui n’empêchait pas Simon de draguer tout azimut et Largo d’être convoité et alpagué par toutes les célibataires de la boîte…
Par réflexe, les yeux de Joy lançaient des éclairs… même si ce soir-là Largo se désintéressait ouvertement de la gent féminine, autre fait exceptionnel…
Simon ne manqua pas d’en faire la remarque :
Te fie pas à ce que tu vois, Kyle, d’habitude Largo est beaucoup moins froid avec ces dames… Mais là…
Largo, plaisantant : Simon, ferme là je sens que tu vas dire une bêtise…
Joy : Oh, Largo ! Où vas tu chercher ça ?
Simon : Ca y est, vous vous y remettez tous les deux… Vous feriez mieux de mettre à profit cette belle complicité autrement …
Largo : Je vais nous commander à boire.
Simon : Pff pathétique, ton esquive, mon vieux !
Pour toute réponse, Largo fit un signe de la main sans même s’être retourné…
Kerensky se leva et se dirigea discrètement vers l’autre côté de la pièce, où se trouvait les toilettes, face à eux. Pendant ce temps, Simon invitait une énième blonde à danser. Kyle et Joy se retrouvèrent donc seuls autour de la table désertée, assis l’un à côté de l’autre sur la banquette le long du mur.
Ils se regardèrent un long moment puis Kyle rompit le silence.
- Je crois que c’est le moment…
- Oui, tu es prêt.
- Et toi, est-ce que tu l’es ?
- Je crois.
- Bon, je te laisse le soin de l’annoncer aux autres.
- Attendons demain matin, je ne veux pas jeter un froid dans leur soirée Désignant Simon sur la piste de danse Ils ont l’air de si bien s’amuser.
A ce moment, ils furent rejoint par Giorgi qui était sorti des toilettes pendant qu’ils parlaient :
Kerensky : Tu as raison, le moment serait mal choisi.
Kyle : Comment ? Ne me dis pas que tu nous a entendu ?
Kerensky, laconique : Je lis sur les lèvres.
Largo arriva avec les boissons et ils changèrent de sujet de conversation. Ils profitèrent tous de la fin de la nuit…
Trois semaine plus tard, un des aéroport de New York
Le jet de Largo venait de se poser, de retour d’un voyage d’affaires en Europe et en Asie qui avait tenu Largo, Simon et Kyle loin de New York pendant 15 jours.
Jerry : Monsieur Winch, ça y est vous pouvez débarquer.
- Merci Jerry.
Jerry ouvrit la porte du jet et installa l’escalier. Kyle débarqua le premier, s’assurant que la voie était sécurisée, bientôt suivi des 2 autres. Sur le pas de la porte, Largo huma l’air et s’étira :
- Hhhmmm, c’est bon d’être de retour à la maison
- Dis moi c’est vraiment l’air pur de Big Apple qui te manquait ?
- Pourquoi, c’est quoi selon toi ?
- Comme si tu le savais pas…
Kyle ne put s’empêcher de sourire devant le manège des deux compères.
Simon : Et toi, qu’est-ce qui t’amuse tant ?
- Joy m’avait prévenu, mais c’est vrai que votre numéro à tous les deux est comique, je ne m’en lasse pas !
- Précisément, je cherche à faire admettre à cette tête de mule que c’est l’idée de la retrouver, elle, qui le réjouit tant.
- Evidemment que je suis content de la revoir, mais c’est normal, non ?… D’ailleurs, à toi aussi elle t’a manqué. Ne dis le contraire, je ne te croirais pas.
- Bien sûr, mais c’est pas moi qui l’ait appelée tous les jours pendant une heure…
- Je te rappelle que la galerie d’art dans laquelle j’ai investie est inaugurée demain soir, il est logique que je suive mes investissements.
- Sauf que tu ne le fais pas d’aussi… près… quand il s’agit d’une multinationale !
Largo, ignorant cette dernière remarque : A ce propos, demain nous allons tous à l’inauguration. Je compte sur vous pour bien vous tenir, ce genre d’événement est toujours très mondain… et la presse sera là.
Simon : D’abord, on se tient toujours bien avec un clin d’œil, pas vrai Kyle ? Ensuite, comment sais-tu que la presse sera là ? … A moins bien sûr que tu n’aies laissé échapper que tu y assisteras…auprès d’une des chroniqueuses qui t’assaillent dès que tu vas dans le grand monde.
Largo sourit et Simon n’eut pas besoin d’autre réponse…
Le lendemain, 18h, à la toute nouvelle J.A Gallery of Art.
La limousine s’arrêta devant la galerie dont l’inauguration était prévue pour 20 heures. Largo en descendit, demanda à la voiture et à Kyle de l’attendre et entra.
Largo : OOOHHOOO ! Y’a quelqu’un ?
Joy apparut sur la mezzanine en compagnie d’Andrew Jones. Le visage de la jeune femme s’illumina dès qu’elle le vit. En raison de leurs emplois du temps respectifs, ils n’avaient pas pu se voir depuis le retour de Largo..
Joy et Andrew s’empressèrent donc de le rejoindre et celui-ci esquissa un sourire quand il vit la spontanéité avec laquelle ces deux-là s’étreignaient après plus de 15 jours de séparation.
- Qu’est ce que tu fais ici ? Tu es un peu en avance, tu sais !
- Comment, Mademoiselle, cette galerie n’est pas encore ouverte ? Quel dommage ! Je rentre tout juste de voyage et en entrant dans mon appartement, j’ai eu une révélation : la déco manque d’âme… elle n’a quasiment pas changé depuis que je me suis installé là et je me demandais si vous ne pourriez pas me conseiller une pièce qui la personnalise avec goût ?
Devant un tel numéro, Joy et Andrew, qui s’était improvisé conseiller technique pour l’occasion, rirent de bon cœur. Cela leur fit beaucoup de bien après le stress accumulé ces dernières semaines et à quelques heures du grand événement.
Andrew Jones : Joy, je crois que le moment est venu de réaliser votre première vente. Et puis un client aussi empressé, ça ne se repousse pas !
Joy, prenant une profonde inspiration : Bon, c’est le moment de se lancer ! Tu sais Largo, tu n’y es pas obligé, tu m’as déjà bien assez aidée !
- N’essaye pas de te défiler, tu n’y échapperas pas ! Je mets un point d’honneur à être ton premier client. Et puis je crois sincèrement qu’il est temps pour moi de personnaliser un peu le penthouse.
Joy répondit par un sourire et une bise puis fit de son mieux pour satisfaire son "client".
Aussi, quelques minutes plus tard, Largo rejoignit-il la limousine après avoir fait l’acquisition d’une toile qui, il le reconnaissait, lui plaisait et ferait merveille dans son salon.
Dans la voiture, il montra son acquisition à Kyle qui approuva.
Largo, admiratif : Andrew avait raison, Joy est très douée pour ce job…
Devant le regard en coin de Kyle, il se reprit :
J’ai bien fait d’investir dans cette affaire.
Peu après 20h, Inauguration de la galerie.
Joy était aux anges, la réception était une réussite : les amateurs d’art et professionnels de son commerce, ainsi que quelques artistes en vogue, avaient répondu présents à la sollicitation d’Andrew Jones. Plus étonnant, les chroniqueurs mondains les plus puissants de New York étaient là également. Y compris certains que ni Andrew ni Joy n’avaient contacté, ne se faisant guère d’illusions sur leur présence compte-tenu du nombre d’invitations qu’ils recevaient par semaine. Bref, pour peu que la réception se déroule normalement, la publicité de la Joy Arden Gallery of Art était assurée.
Seule ombre au tableau, Largo était en retard.
Joy : Dites moi Andrew, comment avez vous fait pour réunir tant de critiques d’art et de chroniqueurs mondains ?
- Et bien Joy, pour les critiques d’art je m’autorise à penser que mon influence et ma renommée y sont pour quelque chose… Pour les chroniqueurs mondains en revanche… je n’ai pas un tel pouvoir ! Le "Tout New York" les courtise pour assurer le succès des retombées médiatiques de leurs soirées et événements. J’ignore ce qui les a attiré ici ce soir.
Joy, intriguée : C’est étrange…
- Le plus simple est encore de le leur demander.
- Vous croyez ?
- Ne vous inquiétez pas, le fait que je n’ai pas le pouvoir de les faire se déplacer ne signifie pas qu’ils me sont totalement étrangers.
Andrew fit alors un signe amical à l’une des plus redoutables chroniqueuses de la presse people new yorkaise et engagea avec elle, le plus naturellement du monde, une conversation d’une mondanité qui impressionna Joy.
Andrew : Mais dites moi ma chère Véra, quelle est la véritable raison de votre présence ? J’aimerais croire que ce soit moi ou l’amour de l’art mais…
Véra : … mais vous n’avez pas cette naïveté, et vous avez raison. En fait, le bruit court que Largo Winch sera présent ce soir. Entre ses affaires et les tentatives d’attentats dont il a été victime, cela fait des mois qu’aucun de nous n’a pu réellement l’approcher … C’est pourquoi nous sommes tous curieux de savoir ce qui fait sortir le célibataire le plus recherché de la ville de sa tour d’ivoire … D’ailleurs, il devrait déjà être là.
- Ne vous inquiétez pas, il viendra, il a dû être retenu après son passage de tout à l’heure.
Joy, un peu en retrait, admirait la subtilité avec laquelle Andrew lui faisait savoir que Largo était déjà passé.
Véra : Dois-je comprendre que vous lui avez parlé aujourd’hui?
- Bien sûr, et je peux vous assurer qu’il ne loupera cette soirée pour rien au monde.
- Mais qu’est ce qui l’intéresse tellement ici ?
Andrew, subtil : Véra, permettez moi de vous présenter Joy Arden, la propriétaire de cette galerie.
Véra : Enchantée, c’est curieux, j’ai l’impression de vous avoir déjà rencontré…
Andrew : Vous avez dû vous croiser à plusieurs reprises dans des soirées du Groupe W. Joy était encore il y a peu la garde du corps de Largo Winch et fait toujours partie de ce que vous, journalistes, appelés le « Clan Winch ».
Vera, très intéressée et pleine de sous entendus : Ohhh, vous êtes donc une amie personnelle de Mr Winch ?
- C’est exact.
A cet instant, le reste du Clan fit justement son entrée… fournissant ainsi à Joy l’occasion d’échapper à une conversation qui promettait de devenir gênante. Elle s’empressa alors aux devants de ses amis et étreignit Simon qu’elle n’avait pas encore vu. Suivit un échange de compliments d’usage sur l’élégance respective des uns et des autres et l’ambiance réussie de la réception.
Au passage, Simon ne manqua pas de lui demander la raison de son empressement à venir à leur rencontre, qui ne pouvait s’expliquer par la seule joie de les voir.
Joy : Oh, je suis pas très à l’aise avec les journalistes people… A ce propos, Largo, je dois te prévenir qu’ils sont venus pour toi.
- Je sais
- Dois je comprendre qu’après l’investisseur et le premier client, tu vas jouer les Public Relations ?
- Je te l’ai dit, je suis mes investissements de près. Mais ce soir, je suis avant tout là pour toi.
Au moment où il prononçait ces mots, la tenace Véra s’approchait précisément du petit groupe avec Andrew et n’en perdit pas une miette.
Durant le reste de la soirée, Largo tira parti de l’intérêt de la presse à son égard pour s’assurer que l’on parlerait de la Galerie de Joy dans la presse de la semaine… tout en continuant à manifester la plus grande attention à la maîtresse des lieux qui faisait de même de son côté auprès des amateurs d’art.
Toute l’équipe s’était mise à contribution selon ses compétences : Sullivan faisait des mondanités avec Largo, Simon et Kyle faisaient du charme aux femmes et de l’humour avec tous pour assurer l’ambiance, Kerensky, bien que peu loquace, consentit à échanger quelques commentaires artistiques …
Au final, la soirée fut une réussite au-delà des espoirs de Joy car plusieurs toiles lui étaient d’ores et déjà achetées et certains artistes manifestaient de l’intérêt pour l’endroit.
Après le départ des invités, ils restèrent tous un moment à échanger leurs impressions puis Giorgi et Sullivan, qui ne rentraient pas au Groupe, prirent congés. Andrew Jones fit de même, non sans avoir félicité Largo pour son habileté et l’efficacité de son soutien à Joy. Elle était devenue sa protégée dans le métier et le marchand d’art appréciait que le jeune milliardaire fasse tant pour l’aider.
Comprenant que la soirée touchait à sa fin, Simon entraîna Kyle vers l’extérieur, prétextant d’aller chercher la voiture. Leur patron sourit, pas dupe : ils n’avaient pas besoin d’être deux pour cela et l’excuse était d’autant plus vaseuse que lui savait qu’ils étaient venus en limousine avec chauffeur. Joy, elle, fit mine de ne n’avoir rien remarqué. Ils se retrouvèrent donc seuls.
Largo : J’ai passé une charmante soirée.
Joy : Moi aussi. Comment pourrais-je te remercier de ton aide ?
Largo : C’est très simple, en m’accompagnant à l’Opéra. Je dois assister à une représentation de Dom Juan dont les recettes iront à une œuvre de bienfaisance. Comme je dois être accompagné, j’avais pensé à toi. Et je crois que tu aimes l’opéra non ?
Joy : C’est vrai, et j’accepte. Je ne voudrais pas que tu sois obligé de t’y rendre avec Simon et Kyle.
Cette dernière remarque les amusa beaucoup tous les deux et ils se quittèrent sur des rires… et un rapide baiser par lequel Largo « remercia » à sa façon Joy d’accepter son invitation…
Le moment était venu de conclure cette histoire. Pour cela, j’ai tout simplement demandé aux lecteurs du Bunker de décider du degré de largojoisme de cette fin.
A / Ambiguïté maintenue : ça ne va pas plus loin que «le bisou de remerciements» façon Largo
B / Ils forment un couple
C/ Ils décident après discussion de rester amis.