Et ils ont choisi…….. roulement de tambour ….. l’option B,
et presque à l’unanimité. Quelle surprise !




Le lendemain matin, Groupe W.


Largo était en train de boire son verre de lait en grignotant un croissant devant ses dossiers quand Simon fit irruption dans l’appartement.

Simon : Salut vieux, bien dormi ? De beaux rêves ? Tiens, tu as lu la presse du matin ?
Largo, un peu bousculé par cette déferlante de questions de si bon matin : Heu… oui … oui et non, pourquoi ? Et d’ailleurs, toi non plus, tu n’es pas un fervent lecteur de mauvaises nouvelles au p’tit déj’, il me semble.
- Qui te parle de lire les mauvaises nouvelles ? En fait, je te conseillerais plutôt la chronique mondaine …

Il avait dit cette dernière phrase avec un petit air goguenard qui ne dit rien de bon à Largo. Méfiant, il prit le journal que lui tendait Simon et lut :


« La garde du corps et le milliardaire :

Votre chroniqueuse mondaine préférée a assisté, hier soir, à l’inauguration de la charmante J.A Gallery of Art. Une galerie d’art de plus à Manhattan, me direz vous, quel intérêt pour nous, amateurs de rumeurs et de nouvelles croustillantes ?

J’en conviens, le début de cette histoire n’est guère original, en dépit de la classe indéniable de l’endroit. Mais si je vous disais que la fondatrice était, il y a quelques jours encore, chargée de la sécurité rapprochée du séduisant Largo Winch, également présent à la fête ?

C’est étrange, tout d’un coup je vous sens intéressés, petits curieux !

Une femme garde du corps, en soi, c’est déjà mystérieux. Une femme garde du corps qui se reconvertie expert en art ; ça l’est plus encore. Mais la superbe ex-garde du corps de Largo Winch qui ouvre sa galerie en présence de celui-ci…

Visiblement, le projet tenait à cœur au jeune milliardaire. En plus d’avoir investi dans cette galerie à titre personnel, Winch, que l’on ne voyait plus dans les événements mondains depuis des mois, s’en est fait le plus fervent ambassadeur. Il n’a pas ménagé ses efforts pour la réussite de cette soirée, usant de son célèbre charme au profit de son amie. Amie ? Si j’osais, je dirais même plus, "amie très chère". Certes, celle-ci a admis compté parmi les intimes du célibataire le plus convoité de Big Apple mais la dame a soigneusement esquivé les questions de votre servante dévouée. J’aurais pourtant aimé en savoir un peu plus sur la relation très spéciale qui doit unir une garde du corps à son patron… Surtout lorsqu’il s’agit de deux êtres aussi exceptionnels… Vous aussi non ?

Quant à Mr Winch, ses apparitions sont si rares ces temps-ci qu’il m’a été impossible de le monopoliser suffisamment longtemps pour le "cuisiner", tant il était sollicité. Tout juste ai-je pu l’entendre dire à Miss Arden que ce soir-là, il était là avant tout pour elle…

Votre envoyée spéciale dans la haute-société new yorkaise, Véra Stampton, qui vous promet de poursuivre ses investigations. »


Simon, assis sur le coin du bureau : Alors qu’est ce que tu en dis ?
Largo, laconique : Que son style est pas terrible.
- Très malin. En ce qui me concerne, je remarque deux choses. Premièrement, que je ne suis plus le seul à remarquer certaines choses que quelqu’un ici refuse d’admettre… suis mon regard !

Il se pencha vers lui, le fixant droit dans les yeux. Comme Largo soutenait son regard, Simon poursuivit.

- Deuxièmement, tu peux t’attendre à ce que cette fouineuse n’en reste pas là. Elle va mettre son nez… qu’elle a charmant d’ailleurs… dans ta vie privée jusqu’à ce qu’elle soit rassasiée de potins.
- Tu crois ?
- Oh ça, tu peux en être sûr… et je doute que Joy apprécie beaucoup.

A ces mots, Largo se rejeta en arrière sur son fauteuil, pensif, les yeux au ciel. Puis, il se redressa et attrapa son téléphone. Constatant que Simon n’était guère disposé à s’en aller, Largo lui jeta un regard insistant tout en composant le numéro de Joy. Simon finit par comprendre et s’éclipsa alors que Largo prenait une position confortable (les pieds sur le bureau) pour discuter avec Joy.


Le soir même, à l’Opéra.


La limousine du Groupe W ralentit et s’inséra dans le ballet des voitures qui se déroulait devant les marches de l’Opéra. Charly, le chauffeur, abaissa la vitre de séparation pour pouvoir signaler leur arrivée imminente à son patron, interrompant discrètement sa conversation avec Joy.

Charly : Vous pourrez descendre d’ici une ou deux minutes, Monsieur.
Kyle, assis à côté de Charly à l’avant : Je descendrai en premier pour vous ouvrir la voie.
Largo : OK.
Charly, après s’être raclé la gorge : Monsieur Winch, je crois devoir vous prévenir que les vautours sont de sortie…

D’un signe de tête, il désigna à Kyle, Joy et Largo la meute de photographes venus pour couvrir cette soirée de charité très sélect.

Kyle : Je suppose que les fouilles-m… pardon, les chroniqueurs ne sont pas loin.
Joy : Parmi les invités, sans le moindre doute. Ces gens là savent tirer profit du besoin de publicité autour de ces événements… et du besoin de notoriété des « âmes charitables » qui les organisent.
Largo, entre résignation et amusement : Ssshhuttt, Joy, c’est Monique qui préside le Comité qui organise cette soirée.

Puis regardant la meute qui les attendait de pieds fermes, prête à les flasher sitôt qu’ils auraient sorti la tête de la voiture :

Largo, à Joy : Je crains qu’on ne puisse pas leur échapper.

La voiture s’arrêta, Kyle descendit et tînt la portière à Largo et Joy, tout en scrutant consciencieusement la foule de journalistes et les badauds.
Puis leur ouvrant la voie, il remarqua une présence qui les observait…

Kyle : Largo, Joy, regardez qui vous tend une embuscade dans le hall…

En effet, la chroniqueuse Véra Stampton se tenait debout dans le hall, guettant les invités de marque pour les saluer… ou plutôt les « alpaguer ». De temps en temps, elle communiquait par signes avec son photographe, resté sur les marches.
Pendant ce temps, Joy et Largo s’attachèrent à afficher un sourire de circonstances pour la presse.

Joy, entre ses dents : Génial.

Largo qui ne lui avait pas lâché la main depuis qu’il l’avait aidé à sortir de la voiture, déposa un baiser sur celle-ci tout en adressant un clin d’œil à sa cavalière. En effet, il avait remarqué Monique parmi un petit groupe de l’autre côté de l’entrée. En bonne organisatrice, elle accueillait personnellement ses généreux donateurs. Largo guida d’abord Joy droit devant eux puis, au dernier moment, bifurqua vers Monique et la salua, laissant la chroniqueuse trop curieuse plantée de l’autre côté du perron.

Monique, qui avait repéré son manège : Bonsoir vous deux, bienvenue… Largo, c’était bien joué mais, crois moi, elle va te le faire payer !
Largo : De quoi parles tu ?
Monique, souriante : De Véra, je ne loupe jamais sa chronique. Tu devrais la lire demain matin, quelque chose me dit que j’en connais déjà la victime.

Monique ne s’était pas trompée, car tandis que la foule se dirigeait vers la salle, celle-ci, en retrait, faisait un signe à son photographe pour lui indiquer qu’elle voulait un plan serré sur le couple, mettant en évidence leurs doigts toujours entrelacés.
La photo pourrait paraître le lendemain en illustration d’une nouvelle chronique, en guise de « pièce à conviction».
Déjà Largo et Joy avaient oublié l’importune et profitait de leur soirée, savourant l’opéra et leur présence respective.
La soirée se termina sur la terrasse de la tour par une coupe de champagne et un baiser, un peu plus qu’amical mais trop chaste pour lever l’ambiguïté.
Les semaines puis les mois qui suivirent se déroulèrent à l’image de cette soirée. Un entre-deux pour le moins ambigu qui semblait convenir à tout le monde ; le confort de chacun étant respecté. La presse people en profita pour continuer à spéculer sur la nature exacte de leurs relations, dans une indifférence croissante des deux intéressés. D’ailleurs, auraient ils su répondre à cette question ?


Ce petit manège dura sous le regard complice de Simon, Kyle, Giorgi et Sullivan qui se gardèrent bien de faire des commentaires qui les mettraient mal à l’aise. Seul Simon avait parfois du mal à se retenir… mais, pas de chance, il était alors la plupart du temps victime d’une malencontreuse maladresse de l’un des trois autres, toujours prompts à renverser un verre ou écraser un pied…

Dans l’intimité du couple indécis, cependant, une lente évolution se dessinait. Une sorte de convention tacite s’était instaurée entre eux, leur permettant de finir la soirée par un de ces baisers ambigus sans pour autant que le frêle équilibre ne soit jamais compromis.


Un soir cependant…


Un soir des plus banals, sans fusillade, ni prise d’otage ou un quelconque attentat … sans un mot non plus :

Des lèvres qui s’attardent et se trouvent, refusant de se séparer …
des langues qui se mêlent et se caressent…
des mains qui se cherchent …
puis qui s’égarent parmi les vêtements à la recherche d’une peau à caresser,
lentement, longuement.
Un pull qui tombe à terre…
des boutons qui se défont…
une chemise qui s’ouvre …
puis qui se mêle au pull sur le sol…
des caresses qui se prolongent et s’enhardissent…
des mains qui s’attardent sur un tissu satiné…
une étreinte qui se fait plus ardente…
un couple qui se dirige maladroitement vers la chambre, fort peu concentré sur sa trajectoire…
des regards qui se captivent…
une main qui s’aventure sous une jupe…
un gémissement de satisfaction qui s’échappent de lèvres entrouvertes…
une jupe qui chute sur le sol…
le bruit d’un ceinturon que l’on défait fébrilement…
celui de deux corps qui se laissent choir sur un lit…
Un auteur qui fait une ellipse narrative… c’est une fic tout public, sorry …


Même endroit, plus tard dans la nuit.


Joy se glissa en silence hors du lit et attrapa sa lingerie et sa jupe. Elle commenca à se rhabiller, un discret sourire aux lèvres, puis marqua une pause :

- Où avait-elle laissé son pull ? Ha, oui, dans le salon !

Elle se pencha pour récupérer une de ses chaussures qui avait glissé sous le lit lorsque la main de Largo lui pris doucement le poignet.

Largo : Tu vas pas t’en aller ? Je t’en prie, Joy, reste avec moi, cette nuit.

Joy appuya un genou sur le lit et embrassa son amant (et oui, Largo, comme quoi tout arrive !)

Joy, avec un sourire : Largo, qu’est ce qui te réveille généralement le matin ? L, interloqué : Simon qui déboule ici comme une tornade pourquoi ?
Joy: …
- Ah, oui, très peu pour toi, c’est ça ?
Joy, après un nouveau baiser : Hhhmm.

L’attrapant par la taille et l’arrière de la cuisse, Largo en profita alors pour l’attirer à lui et l’embrasser à son tour.

Largo : Joy, reste…

Mais Joy se dégagea doucement et fila en direction de la porte.

Joy : Appelle moi dans la journée quand tu auras une minute.
- Joy…
- Oui …
- Tu fais quelque chose ce soir ?
- Ce que tu voudras…

Sur ce, elle sortit, laissant Largo retomber sur le lit, un sourire indescriptible aux lèvres…
Les deux amants s’adaptèrent fort bien à cette nouvelle situation. Après tout, pourquoi pas puisqu’il n’y avait plus de relation patron-employée entre eux ?

Des semaines s’écoulèrent pendant lesquelles Largo et Joy passèrent bien d’autres nuits comme celle-ci. Seules, les absences forcées de Largo en faisaient varier la fréquence et l’intensité.
Pendant cette période, le couple profita de la douceur de vivre sans que les mots « amour » ou « avenir » ne soient jamais prononcés. Tout à leur bonheur, il ne leur vint même pas à l’esprit de révéler leur liaison à leurs proches, qui en guettaient pourtant les signes avec bienveillance depuis des mois.
Aussi, Simon, lassé, finit-il par se décider à rompre la loi du silence qui s’était instauré entre eux, bien déterminé à être enfin fixé.


Un matin, bureau de Largo


Sous le prétexte d’une revue des activités et du contrôle budgétaire de l’Intel Unit, Simon avait organisé une réunion en petit comité avec son meilleur ami, et néanmoins patron. Au besoin, il bénéficiait donc d’une heure entière pour lui tirer les vers du nez.
Mais, ce jour-là, ce ne fut pas nécessaire.
Assis à son bureau, Largo qui était rentré d’Europe tard la veille avait l’air rêveur et un brin béat.

Saisissant l’occasion offerte par son peu de concentration, Simon passa à l’attaque :

- Dis donc vieux, je sais bien que les contraintes administratives t’ennuient mais je te sens pas du tout avec moi sur ce coup là… Elle est si géniale que ça ?
- Hein, quoi, qui donc ?
- Bah, la fille pardi ! Je commence à te connaître, depuis le temps. Et si y’a une chose au monde qu’est capable d’afficher ce sourire idiot sur ta belle gueule, c’est une nuit de volupté dans les bras d’une femme.
Largo, toujours avec ce « sourire idiot » : …
Simon, rusé : Ton séjour en Europe t’a été profitable on dirait ; tu commençais à t’encroûter. Allez, tu peux bien en dire plus à ton vieux pote !
Largo, bredouillant plus qu’il ne parle : Joy…
Simon, rusant toujours : Ne va pas apprécier, ça c’est sûr. T’inquiète, j’irai pas le lui raconter. La solidarité masculine avant tout.
Largo, sans se rendre compte de ce qu’il disait : Mais non, imbécile, c’est avec elle que j’ai passé la nuit !

Simon afficha alors un sourire victorieux alors que Largo se rendait compte qu’il venait de se faire piéger.

- J’le savais. Giorgi, mon pote, tu me dois une tournée ! Hey, Dom Juan, je me trompe où c’était pas la première fois ?
- Heu, bah… c’est à dire que…
- Alors quoi ? Ca dure depuis combien de temps ? 3 semaines ? Un mois ? Deux peut être ?
Largo, aux anges : Comptes en plutôt trois !
- Quoi ? 3 mois et tu m’as rien dit avant ? Enfoiré ! ! ! T’attendais quoi pour me le dire ? Le mariage ou que je sois tonton ?
- Hey, minute vieux, t’emballe pas ! C’est justement ce que j’aimerais éviter.
Simon, faisant l’idiot pour en savoir plus : Quoi ? Le mariage ?
- Mais non ! J’aimerais précisément que tu évites ce genre de réflexion. Laisse les à la presse et laisse nous vivre notre histoire tranquilles !

Il marqua une pause que Simon put deviner peuplée d’une profonde réflexion puis poursuivit, cette fois, sur le ton de la confidence.

Largo : Tu sais, Simon, on en a même pas parlé…
- De mariage ? C’est normal, il est un peu tôt…
- Non, ce que j’essaye de te dire c’est, qu’en fait, on a parlé de rien de tout ça… On se voit, on sort, on fait des tas de trucs, on passe de supers moments ensemble… et des nuits mieux encore, mais…
Simon, comprenant : Mais vous n’avez jamais parlé de vos sentiments.
- Ouais, avant de t’en parler, j’avais pas réalisé…

Il eut tout d’un coup l’air songeur.

Simon, plaisantant : Hey, une femme géniale, qui est folle de toi, avec un clin d’œil qui visiblement te comble au lit et en plus te prend pas la tête en réclamant de grandes déclarations, que demander de plus ?
Puis, voyant que Largo était encore hésitant : Sérieusement, tu la connais notre Joy, elle est pas douée pour exprimer ses sentiments… un peu comme un autre de mes amis d’ailleurs !
C’est sûr, vous êtes pas aidés de ce côté là ! Mais une chose est sûre, vous vous aimez, c’est évident ! Tellement évident que même notre grand sentimental de russe et ce bureaucrate de Sullivan s’en sont aperçus ! Bon, c’est pas le tout, je te laisse méditer, j’ai du boulot, moi ! Je suis pas milliardaire !

Largo reprit donc sa rêverie, se disant que sa vie était inhabituellement douce ces temps-ci … pourvu que ça dure !


Quelques jours plus tard, dans le Bunker…


Toute l’Intel Unit 2nd Génération était réunie dans le Bunker de bon matin à la demande expresse de Kerensky.

Simon : Et bien, Kerensky, qu’y a-t-il de si urgent pour me sortir de mon lit avec fracas si tôt ?
Kerensky : Navré d’interrompre ton sommeil, la marmotte, mais je me suis dit que ça vous intéresserait de savoir que mes systèmes de détection ont capté un mail, crypté, bien sûr, émis par notre vieille amie, la Commission Adriatique.
Largo : Et ce mail, tu as pu le décrypter… bien sûr.
Kerensky : Evidemment.
Kyle : Et ce mail, il dit…
Kerensky : Qu’en raison de travaux sur le site habituel de stockage, le Livre doit être déplacé et arrivera dans exactement 4 heures maintenant sur un autre site, qui se situe devinez où ?
Largo : New York ?
Kerensky : Presque, une petite ville tranquille du Connecticut, constituée principalement de grosses maisons bourgeoises pour abriter la vie bien réglée de capitalistes bien pensants.
Kyle : Comme par hasard…
Kerensky : J’ai jugé que vous deviez en être informés mais, je serais de l’avis de Kyle. Ca sent le piège.
Largo, déterminé : Et c’en est sans doute un mais je refuse de laisser passer une chance, aussi infime soit-elle, d’en finir une fois pour toute avec cette maudite Commission !
Kyle : Largo, je comprends que tu veuilles pouvoir vivre sans être sous leur menace mais Kerensky a raison. C’est un piège !
Simon : Et alors ? Ce ne serait pas le premier. On le sait donc il suffit de s’y préparer.
Kyle : Cette fois, ils doivent espérer que le départ de Joy aura rendu l’équipe moins performante.
Simon : Bien, montrons leur qu’ils se plantent. OK Largo ?
Largo : OK, mais gilets pare-balles pour tout le monde, compris !

Toujours assis devant son écran, Kerensky releva finalement les yeux et secoua la tête en signe de désapprobation.

Kerensky : Vous êtes trop sûr de vous, ça vous tuera.
Simon : Et toi, tu deviens pantouflard à force de rester scotché ici !
Largo : Ecoute Giorgi, je comprends ton point de vue, mais je reste sur ma position. C’est peut être l’occasion de nous mettre tous une fois pour toute hors de danger. On sera extrêmement prudents, c’est juré ! J’en ai marre des salles d’attente d’hosto !
Kerensky : ….
Largo : En route, on y va. Au besoin, on attendra dans un café sur place que tu nous indiques la position exacte du destinataire de ce message… Ca nous laissera le temps de repérer les lieux incognito.

Sur ces mots, lui et Simon s’armèrent et quittèrent le Bunker talonnés par Kyle qui, sur le seuil, se tourna vers Giorgi et haussa les épaules, en signe d’impuissance.

A peine avaient-ils quitté l’immeuble que Giorgi décrocha son téléphone :

Kerensky : Allô, Joy, je sais que tu désires te tenir à l’écart de l’action et du danger mais…



Greenwood, Connecticut, quelques heures plus tard.


Les 3 hommes avaient à peine avalé un café dans le petit coffee shop de Greenwood, Connecticut, que le téléphone de Largo sonna.

Kerensky : Largo, j’ai ton adresse et des renseignements sur les plans et leurs systèmes de sécurité. Largo, tout cela est trop facile ! Mais, je suppose qu’il est inutile d’essayer de te dissuader…
- Exactement. Je prends de quoi noter.

Forts des infos récoltées par Kerensky et de leur détermination, les trois hommes se dirigèrent vers la propriété suspecte.
Suivant les indications de Kerensky, Simon grimpa à un poteau électrique et neutralisa le transformateur qui alimentait le fil électrique surplombant le mur d’enceinte.
Aussitôt, Largo fît la courte échelle à Kyle qui s’empressa de l’aider à grimper à son tour le mur.
Une fois de l’autre côté, Largo se mit à couvert derrière une haie pendant que Kyle courrait, plié en deux, jusqu’à la grille pour ouvrir à Simon.
Mais à peine les 3 hommes étaient-ils parvenus au milieu de la cour, à découvert, que des coups de feu se firent entendre ; d’abord en provenance du toit de la maison puis de derrière eux.
Analysant rapidement la situation malgré la pluie de balles, Kyle fut bien obligé de se rendre à l’évidence : ils étaient attendus. La méfiance des deux vieux routards qu’étaient lui et Kerensky était pleinement justifiée…
Ils venaient de se jeter dans la gueule du loup. Et même si Simon avait raison en disant que ça n’était la première fois pour aucun d’entre eux, ce pourrait bien être celle de trop pour eux trois !
En effet, il n’y avait pas moins d’une vingtaine d’hommes armés jusqu’aux dents qui les encerclaient et leur faisaient essuyer un feu nourri d’armes automatiques et de fusils mitrailleurs.
Pris au piège, les trois hommes se réfugièrent tant bien que mal entre une voiture et une haie, priant pour que les balles évitent le réservoir de la voiture, qui heureusement semblait blindée.
Après plusieurs longues minutes d’une fusillade soutenue, le spectre d’un autre danger vint inquiéter Kyle : A ce rythme, ils ne tarderaient pas à manquer de munitions… Leurs adversaires, eux, n’auraient certainement pas ce problème.
Dans une tentative désespérée, Simon força la portière de la voiture et tenta d’en faire démarrer le moteur. Malheureusement, elle ne leur permettrait pas d’aller bien loin, ses pneus étaient d’ores et déjà à plat.
Ils avaient beau être bons tireurs, les trois hommes commençaient à se dire que leur dernière heure était venue. Ils ne parvenaient pas à éliminer leurs ennemis assez vite et ils en venaient de toutes parts.
Soudain, une explosion, tout aussi violente qu’inattendue, leur fit reprendre espoir. Une roquette venait de s’écraser sur le toit de la maison, projetant trois hommes dans le vide.
Elle fut bientôt suivie d’une seconde qui s’écrasa entre les hommes armés et l’Intel Unit, tenant les gardes venus de la maison à distance.
Les trois amis se demandaient ce qui se passait quand une berline allemande défonça la grille de fer forgée, semant la panique parmi ceux qui leur barraient jusque-là toute possibilité de fuite de ce côté.
Kyle commença à se redresser pour préparer leur sortie quand une des portes de la voiture s’ouvrit et qu’une voix de femme bien connue leur hurla :

- Montez ! Vite !

Couverts par Simon et Kyle, qui utilisaient leurs derniers chargeurs, Largo sauta dans la voiture et ouvrit la portière arrière pour qu’ils puissent faire de même.
Kyle montrait le dernier pour couvrir leur fuite le plus longtemps possible, Joy ne pouvant tirer et passer la marche arrière en même temps. Mais il prit une balle dans l’épaule et faillit bien resté à terre. Par chance, il s’affala à moitié dans la voiture, ce qui permit à Largo et Simon de le hisser pendant qu’ils fuyaient.


Ce soir là, Urgences d’un hôpital new-yorkais.


La blessure de Kyle n’était pas grave mais les médecins avaient souhaité le garder en observation pour la nuit. Aussi, Largo prit-il des dispositions pour qu’une chambre individuelle lui soit attribuée et placée sous surveillance.
Joy, Largo et Simon lui rendirent visite pour prendre de ses nouvelles et purent constater que Kyle était plus touché dans son orgueil que dans sa chair…

Kyle : Je suis désolé, Joy, j’ai échoué dans ma mission.
Largo : Ne dis pas de bêtises, tu as fait ce qu’il fallait. Je t’avais prévenu, je ne suis pas un client facile.
Joy, presque menaçante : A ce propos, il faudra qu’on ait une conversation à ce sujet, toi et moi, tout à l’heure.
Simon : Ohlàlà, j’en connais un qui va en prendre pour son grade !

Cette remarque intempestive lui valu une œillade meurtrière de la part de Joy, ce qui pour une fois, ne l’inquiéta guère.

Simon : Oh, ce regard… Content de te revoir parmi nous !
Largo : Une minute, Simon, on en est pas là.
Simon : Hey, bien sûr, d’ailleurs Kyle tu n’as pas cru que je remettais en doute ton travail, j’espère ?
Kyle : Pourquoi pas, je ne suis pas fier de moi.
Simon : Et bien tu as tort.

Kyle, encore en proie au doute, jeta un regard inquiet en direction de Joy qui lui marqua son soutien d’un signe de tête discret.

Simon : Si tu veux mon avis, notre problème n’est pas la qualité des membres de l’équipe mais plutôt l’effectif. Il nous faudrait une personne de plus à plein temps. Faut bien ça pour veiller sur les fesses de Largo….
Kerensky, entrant dans la chambre : Je viens de parler aux flics. Bien entendu, la Commission avait évacué la propriété de Greenwood avant leur arrivée. Et tout laisse penser qu’ils ont lâché l’affaire… pour cette fois.
Kyle : Comment peux-tu être aussi catégorique ?
Kerensky : Ils ont fait sauté la maison.
Joy : Il y a des blessés ?
Kerensky : Non, les flics étaient encore au coin de la rue quand c’est arrivé. J’ai fait des recherches, ils ont quitté le pays. Les fesses de Largo n’ont donc plus rien à craindre pour ce soir.
Largo : Pourrions nous faire abstraction de mes fesses dans cette discussion ?
Simon : Je persiste à dire qu’une personne de plus ne serait pas de trop pour protéger tes… et si le sujet te gêne, il suffit de convaincre Joy de reprendre du service… Après tout, elle est en terrain connu.

A cet instant précis, devant les deux paires d’yeux meurtriers fixés sur lui, Simon sut qu’il avait fait la mauvaise blague de trop. Kyle et Giorgi, eux, tentaient péniblement de conserver leur sérieux.

Largo : J’en ai assez pris dans la tête pour ce soir. Kyle, repose toi bien, on repasse demain pour ta sortie.
Puis, enlaçant Joy : Allons nous coucher, je suis crevé.
Joy, ignorant les regards taquins braqués sur elle : Pas trop, j’espère.

Et elle sortit suivit d’un Largo ravi qui adressa un clin d’œil complice à Simon avant de lui emboîter le pas.



EPILOGUE
Cette nuit là, chambre de Largo.



Dans la passion de leur étreinte, Largo et Joy oublièrent les événements et frayeurs de la journée… ça et tout le reste, d’ailleurs.

Largo, murmurant à l’oreille de Joy : Je t’aime, Joy.

Emportée par la vague de plaisir qui s’abattait sur eux, Joy n’eut pas le temps de réagir à ce tendre aveu.
Plus tard, Joy et Largo se tenaient enlacés, profitant de l’instant sans mot dire. Pourtant, Joy choisit de rompre le silence, la tête appuyée sur le torse de Largo.

Joy : Je me trompe ou la suggestion de Simon ne t’enthousiasme guère ?
Largo : De quoi parles-tu ?
- De l’éventualité que je reprenne du service.
- Je croyais que tu en avais assez de cette vie.
- L’idée de te perde, toi ou un autre membre de l’équipe, m’est insupportable. Quand Kerensky m’a appelé cet après-midi, je me suis sentie tellement impuissante… J’ai détesté cette sensation, et j’ai eu peur.
- Et ta galerie ? Tu en rêvais et elle te passionne tellement.
- Je pourrais toujours la confier à une ou deux assistantes et superviser pendant mon temps libre ; les affaires marchent assez bien pour ça.
- Et moi dans tout ça ?
Joy, le regardant : Quoi ?
- Quelle est ma place dans tout ça ? Joy, je ne veux pas que tu reprennes du service, si ça veut dire que je dois renoncer à toi… Je pensais ce que j’ai dit tout à l’heure.
Joy, les yeux pétillants de malice : Alors répète-le si tu l’oses.
Largo, l’attirant un peu plus à lui : Je vous aime Joy Arden.
- Je sais.

Avec ces mots, Joy l’embrassa avec fougue puis se recula.

Joy : Je crois que si on y met tous les deux du nôtre, on pourrait arriver à concilier les deux… J’ai envie d’essayer… Moi non plus, je ne veux pas renoncer à toi. Je… je…

Les mots moururent sur ses lèvres, mais au lieu de s’en formaliser, Largo l’encouragea.

Largo : Allons courage, c’est pas si dur… Si j’y arrive, tout le monde peut le faire.

Il l’embrassa une fois de plus.
Joy, amusée par son attitude, sourit et se détendit. D’autres baisers, d’autres caresses suivirent quand elle se pencha au dessus de lui et murmura à son oreille :

Joy : Moi aussi je t’aime.

La suite ne nous regarde pas.

Fin.



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