J.A. Gallery Of Art






NY Memorial Hospital, NY


Doc, examinant Joy : Joy, si je puis me permettre …
Joy : Allez-y docteur, vous pouvez vous le permettre…depuis le temps !

Le docteur Adam était en charge des consultations de traumato dans l’hôpital le plus proche du Winch Building. A ce titre, il avait eu à soigner Joy plus souvent qu’il ne l’aurait souhaité pour le bien de sa patiente la plus fidèle…

Doc : Précisément, Joy, non pas que je ne vous sois pas reconnaissant de contribuer à payer les traites de ma maison de Cape Cod, mais bon… En tant que médecin, et puisque l’on se connaît maintenant depuis un moment…
Joy, touchée de sa sollicitude : Inutile de tergiverser avec moi, Doc !
Doc : Je m’inquiète pour vous, c’est la quatrième fois que je vous suis pour blessure par balles rien que ces 8 derniers mois… Joy, je sais que vous aimez votre métier et qu’il compte beaucoup pour vous mais … il serait peut être temps de raccrocher, avant qu’il ne soit trop tard.
Joy ne répondit pas, baissant les yeux.
Doc : J’ai conscience que j’ai le mauvais rôle : dire ce que vous n’avez vraisemblablement pas envie d’entendre… Mais, enfin, Joy, il faut bien que quelqu’un le fasse et comme c’est moi qui recolle les morceaux… Vous êtes une charmante jeune femme, intelligente… vous avez la vie devant vous ; en tout cas, si vous ne vous faîtes pas abattre avant. Je suis sûr que si vous vous donniez la peine d’y penser sérieusement, vous trouveriez des tas de professions dans lesquelles vous pourriez vous épanouir autant, si ce n’est plus, que dans celle-ci.
Joy gardait les yeux baissés, pensive. Elle respectait cet homme qui la soignait si souvent.
Dans un souffle, elle répliqua : Je ne sais rien faire d’autre…
Doc : Oh, voyons, je refuse de croire ça. Bon, votre blessure cicatrise bien, il n’y aura pas de séquelles, pour cette fois. Promettez moi au moins de penser à ce que je vous ai dit… prenez ça comme… un avis médical !
Joy, à mi-voix : oui, oui… Au revoir docteur et merci encore.


Plus tard dans l’après-midi, Metropolitan Museum


Etant une fois de plus au repos forcé et ayant besoin de se changer les idées, Joy avait décidé de passer l’après-midi dans les allées du musée ; histoire de se détendre et de réfléchir. C’était une habitude qu’elle avait prise très jeune car ça lui rappelait les excursions culturelles faites avec sa mère dans son enfance. Aujourd’hui encore, c’est là qu’elle se réfugiait pour avoir la paix.

Elle était en train de contempler une toile d’art moderne de l’exposition du tout dernier artiste en vogue, quand une voix se fit entendre derrière elle :

- Vous ne trouvez pas que la puissance picturale de cette toile évoque sans conteste la peinture de Dali ?

Joy, surprise et interrompue dans le cours de ses pensées, sursauta et se tourna vers l’homme.
C’était un homme d’une cinquantaine d’année, présentant très bien, lui-même bel homme malgré les premières traces du temps qui passe. Joy comprit tout de suite qu’elle avait à faire à un authentique amateur d’art, désireux de partager sa passion.
Toujours décidée à se changer les idées, elle lui sourit et entama avec lui une conversation passionnante et animée sur la toile, la peinture, l’art en général. Ils confrontèrent leurs points de vue et passèrent un moment très agréable. Joy apprit ainsi que son nouvel ami était le propriétaire d’une petite mais très réputée galerie d’art ce qui, compte-tenu de sa maîtrise du sujet, ne l’étonna guère.
Celui-ci en revanche fut plutôt surpris :

- Vraiment ! Vous n’êtes pas du métier ? ! Je suis étonné, vous avez une culture artistique réellement très impressionnante, Joy. Et vous êtes si passionnée lorsque vous parlez de peinture… Vous n’avez jamais songé à en faire votre métier ?
- C’est étrange, répondit-elle, vous êtes la deuxième personne aujourd’hui à vouloir me faire changer de job !
- C’est peut être un signe. Qui était l’autre ? Et que faites-vous… si ce n’est pas trop indiscret ?
- Non, pas du tout, je travaille dans la Sécurité, la Sécurité rapprochée pour être précise, et c’est mon médecin qui m’a fait cette réflexion.
- Vous êtes Garde du corps ? Décidément, quelle femme surprenante vous êtes, Joy Arden ! En tout cas, je partage l’avis de votre médecin. Il serait dommage qu’une personne si intéressante ne connaisse une fin prématurée … Si vous décidez un jour de vous reconvertir, songez à ce que je vous ai dit : vous avez toutes les compétences nécessaires pour tenir une galerie… New York pourrait s’estimer heureuse si la moitié des galeristes avaient votre culture et votre fibre artistique.

Joy et l’homme rirent de concert à cette pique.

- Oh là, que de flatteries ! C’est gentil. Je vais y penser. Je suis désolée, mais je vais devoir vous laisser, je suis attendue…
- (L’air taquin) : Un homme, je suppose…
- Oui, mais ce n’est pas ce que vous croyez. Je dois voir mon patron. Largo sait que j’ai vu le médecin, il va s’inquiéter si je ne lui donne pas de nouvelles.
- Voilà qui est tout à son honneur. Allez donc le rassurer. Je vous laisse ma carte, si vous vous décidez à vous reconvertir, appelez-moi, je vous conseillerais… ou simplement vous avez envie de partager une autre visite. (Lui faisant un baise-main) J’ai eu grand plaisir à passer cet après-midi avec vous, merci.
- Moi aussi, j’ai passé un merveilleux après-midi, et j’en avais besoin, merci.

Les deux amateurs d’art se séparèrent et Joy alla rejoindre Largo.



3 semaines passèrent, Joy reprit le travail mais le souvenir de cette journée, et de ces deux rencontres, continuait de la hanter. Elle passait tous ces moments de libre, seule, à réfléchir dans les musées.

Elle avait mis du temps à accepter cette idée mais la perspective d’une autre vie commençait à faire son chemin… cette vie qu’aurait souhaité sa mère pour elle et dont elle-même n’avait jamais osé rêver.

Elle avait rappelé Andrew Jones, le marchand d’art rencontré au Museum, pour savoir s’il était sérieux lorsqu’il lui suggérait de se lancer. Il le lui confirma, et l’encouragea une nouvelle fois à le faire, lui donnant même des conseils pratiques.
La mort dans l’âme et sans en parler à quiconque, pas même à Kerensky, elle avait pris sa décision. Il était temps pour elle de raccrocher. La fréquence des blessures et les risques croissants de séquelles étaient un signe qui ne trompait pas. Persévérer risquait de la mener à sa perte. Mais par dessus tout, elle craignait d’entraîner Largo avec elle. Et cette seule idée la faisait frémir.

- Reste plus qu’à en parler aux autres… en commençant par Largo. Pour ça, mieux vaut attendre le bon moment. Comment va-t-il le prendre ? Que va-t-il en penser ?… Notre amitié risque d’en souffrir… mais que faire d’autre ? Maintenant que ma décision est prise, il faut l’assumer… Je ne peux plus reculer.


Ce soir là, terrasse du penthouse.


Joy contemplait la ville après une longue journée passée à escorter Largo dans ses RDV à l’extérieur. Un observateur non exercé ne l’aurait pas remarqué, mais derrière le calme apparent qui émanait d’elle, son esprit était des plus troublé.
Et Largo, qui la regardait depuis son bureau, n’était pas un simple observateur extérieur…
Signant un dernier contrat, il la rejoignit.

Largo : Hey, la nuit est douce n’est ce pas ?
Joy : Oui, c’est agréable… J’aime bien venir en profiter après une longue journée.
Largo, avec son sourire charmeur : Et tu es toujours la bienvenue ! Mais, tu es sûre que ça va ? Ta blessure est complètement remise ? Parce que ça ne te ressemble pas de te laisser terrasser par une banale journée sans fusillades ni explosions…
Joy, baissant les yeux : Largo, je vais bien. Inutile de t’inquiéter pour moi, je suis remise maintenant. C’est juste un peu de lassitude…

S’ensuivit ce que Simon qualifierait de "traditionnelle scène de ménage"

Largo : Comment ça inutile de m’inquiéter ? C’est normal que je m’inquiète ! TU AS PRIS UNE BALLE ! ou plutôt je devrais dire tu as ENCORE pris une balle pour me protéger. J’ai déjà du mal à accepter que tu prennes tous ces risques pour moi, alors ne me demande pas de ne pas m’inquiéter !
Joy : Oh, cesse un peu d’en faire tout une histoire. Je n’ai fait que mon boulot.
Largo : Tu parles d’un boulot… Excuse-moi, mais j’ai failli te perdre une fois de plus … Et puis tu reconnaîtras que ton choix de carrière est pour le moins discutable.
Joy : C’est vrai, d’ailleurs moi-même… Elle se tut.

Largo remarqua son trouble. Il était assis à ses côtés mais, intrigué, il se plaça devant elle et d’une main lui releva le menton, l’obligeant à le regarder dans les yeux.

Largo, d’une voix douce : Qu’est ce qui te tracasse Joy ? Allons, tu sais que tu peux tout me dire.
Joy : C’est juste que… je … je ne sais pas comment te dire ça. Je ne veux pas que tu le prennes mal… En fait, ça n’a rien de personnel… c’est juste que… disons que je m’interroge moi aussi sur mon choix de carrière.

Un ange passa.

Largo : Ca explique ta lassitude de ces derniers temps… Alors, à quelles conclusions en es-tu arrivée ?
Joy : Je … Je veux arrêter.
Largo, très sérieux tout d’un coup : Tu en es sûre ?
Joy, elle aussi très sérieuse et à voix basse : Oui, en fait ma décision est prise. Largo, comprends moi, je ne cherche pas à fuir mes responsabilités ni à t’abandonner, mais il est temps que je songe à vivre … à vivre pour moi, avant qu’il ne soit trop tard.


Les lecteurs ont dû choisir entre ces 3 propositions :

A / Il se sent trahi et se met en colère
B/ Il est déçu mais respecte sa décision mais sans plus
C/ Il décide de la soutenir




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