Les Regrets de Joy



Joy entra dans le bunker en claquant la porte. Elle était tout simplement furieuse!!! Elle s’assit face à son ordinateur sans dire une seule parole. De toute façon elle était incapable de parler. Elle sentait que si elle disait un seul mot elle s’emporterait et ce n’était pas le lieu… Ni le moment. Elle repensa aux dernières minutes. Elle était montée voir Largo au penthouse pour régler les derniers détails d’un voyage qu’ils devaient faire dans 2 jours. Elle voulait aussi profiter de ce moment pour essayer de s’excuser de sa conduite lors de leur déplacement de la veille.

Elle et Largo étaient assez à cran ces derniers temps et ils se fâchaient souvent sans raison. Hier la dispute avait été assez forte et ils ne s’étaient pas parlés de la journée. Joy détestait être en froid avec lui, mais il pouvait se montrer si têtu quelquefois! Lorsqu’elle avait atteint la porte elle avait entendu Largo inviter Cynthia, sa dernière poupée siliconée, pour une soirée dans le penthouse. Elle avait ressentit immédiatement une pointe de jalousie l’envahir et, ne voulant pas écouter la suite de la conversation qui devait être des plus passionnantes, était retournée illico au bunker.

Kerensky, qui était en train de jouer une partie d’échecs avec un des rares adversaires qui pouvaient encore lui tenir tête, la regarda un instant puis replongea dans sa partie.

- Alors qu’a encore dit le patron? demanda t’il sans vraiment y prêter attention.
- Que veux-tu qu’il me dise il est trop occupé pour remarquer ma présence, fit Joy qui n’arrivait toujours pas à se calmer. En passant elle est vraiment clean cette Cynthia?
- Oui tu me l’as demandé hier et encore une fois ce matin. Écoute Joy rentre chez toi tu as l’air épuisé et il est tard.
- J’ai du travail, dit-elle brusquement puis en se calmant un peu, désolée je suis assez à cran ces derniers temps avec la menace que Largo a reçue la semaine dernière…
- Mouais bon si tu le dis, ajouta Kerensky avant de retourner finir sa partie


Quelques instants plus tard :

- Échec et mat, bon j’ai gagné! regardant sa montre, il est presque onze heures trente. Je dois renter sinon Nadia …
- Qui ? demanda Joy avec un sourire, le grand Kerensky a une petite amie qui n’est pas le fruit d’une découverte technologique? Mon Dieu je dois rêver!
- Ne t’aventure pas sur ce terrain glissant petite fille je te préviens. En tant qu’ex du KGB je peux être assez cruel… plaisanta-t-il. Redevenant sérieux, surtout pas un mot à Simon s’il te plaît. Tu sais combien il est désespérant en temps normal alors s’il apprend ça je n’ai pas fini avec lui!
- Ok je te dois bien ça. Bonne nuit, à demain. Surtout essaie de ne pas réveiller tes voisins ajouta-t-elle avec un sourire.
- Ouais, bonne nuit, dit le géant blond..


Le grand blond monta les marches qui le séparait de la porte. Juste avant de sortir il se retourna et dit :

- Tu sais Joy c’est toi qui t’es mise toute seule dans cette situation.

Puis parti sans laisser le temps à Joy de répondre.

Celle-ci remua de sombres pensées encore quelques minutes. Mon Dieu qu’elle était pathétique!!! Elle était là à se morfondre dans son coin pendant que Largo, Simon et même Kerensky, ce qui était assez étonnant, étaient en train de se payer du bon temps. Puis les paroles du Russe lui revinrent à l’esprit. C’est vrai qu’elle était dans cette situation par sa faute. Largo et elle seraient peut-être encore ensemble si…

Non, non, non, elle n’était plus avec lui! Et puis Largo avait le droit de vivre sa vie comme il le voulait.. C’est elle qui l’avait poussé à cette situation. Bon elle pensait bien, en fait elle aurait aimé qu’il l’attende mais bon Largo était Largo et…

- Stop ma fille arrête avec ces idées noires. Va te coucher avant de vraiment déprimer.

Joy sortit enfin du building du groupe W, lorsqu’il se mit à pleuvoir. Elle couru jusqu’à sa voiture avant de se rendre compte qu’elle n’avait pas ses clés. Merde! Comble de malheur elles étaient restées sur la table basse du salon de Largo.

Elle avait dû passer au penthouse pour apporter un dossier au patron pendant qu’il était en réunion. Elle avait déposé ses clés près du dossier et avait été avertie par Gabriella que Sullivan voulait la voir. Donc elle avait oublié de les reprendre…

Que devait-elle faire? Sûrement que Largo dormait en ce moment ou bien était avec cette fille, elle hésitait encore. Elle ne voulait surtout pas les prendre en flagrant délit d’indécence… Bon, elle voulait ses clés sinon elle allait dormir au bunker et ce n’était pas très confortable. Et puis… elle eut un sourire de satisfaction en passant que peut-être, avec un peu de chance, elle les dérangerait ce qui mettrait Largo ou même Cynthia mal à l’aise. Mais que pensait-elle? Elle n’en avait rien à faire de Largo, c’était son patron et ça s’arrêtait là…

Joy eut un sourire triste. Bon elle se leurrait encore une fois. Elle était maître dans l’art de se raconter des histoires. De faire semblant. Un autre cadeau de son ancienne vie, la CIA…

Elle n’avait qu’à entrer récupérer son bien et sortir. Ah et puis advienne que pourra! Tant pis pour l’autre pimbêche! Décidément quand il était question des conquêtes de Largo elle ne réfléchissait vraiment pas clairement et était une très mauvaise fille!!

Au fur et à mesure qu’elle atteignait sa destination, Joy perdait de sa belle assurance. En fait, elle n’était plus sûre du tout de vouloir récupérer ses clés.

Elle prit une grande inspiration, passa sa carte d’accès dans la fente prévue à cet effet et ouvrit la porte. Le penthouse était plongé dans le noir. Joy se dit que Largo avait dû sortir avec Cynthia. Elle s’avança, prête à ramasser ses clés lorsqu’elle fit tomber un verre de vin sur la moquette. Se maudissant de sa maladresse, Joy se pencha en essayant de nettoyer les tâches avec une serviette qui traînait sur le canapé du salon.

À ce moment, Largo sortit de sa chambre. Il portait une robe de chambre. Même si Joy l’avait déjà vu moins habillé, elle ne put s’empêcher d’en être troublée.

- Joy qu’est-ce que tu fais ici? demanda Largo, jetant un regard sur sa montre, il est tard tu sais.
- Tu crois que je suis devenue aveugle ! lâcha-t-elle plus sèchement qu’elle ne le voulait. Cette idée aussi de s’habiller comme ça! Bon, reste zen pensa Joy ! Il n’était quand même pas nu… Nu… Pourquoi il fallait qu’elle pense à ce mot, en ce moment… Joy sentit son esprit vagabonder vers certaines pensées qu’elle n’avait pas connues depuis un long moment…Ce torse de rêve, ces épaules, ces jambes musclées à faire damner une sainte… Joy mais arrête! Tu n’es plus une adolescente face à son premier flirt! Reprends toi ma fille, RESPIRE!
- Je vois que tu encore fâché contre moi pour ce qui est arrivé hier… dit Largo se méprenant sur le silence de la jeune femme, je suis désolé Joy, vraiment. Je suis à cran ces derniers temps et je ne pensais pas ce que je t’ai dit. On oublie tout? S’il te plaît??? Joy?!

Oh elle n’aimait pas ça, il lui faisait encore son sourire de grand séducteur sûr de ses moyens…Et ses yeux bleus profonds dans lesquels elle se perdait si facilement… Secouant la tête pour chasser les dernières images coquines qui subsistaient, elle se détendit un peu. Elle lui rendit son sourire et ajouta, en regardant autour d’elle :

- Tu es seul?
- Oui, Simon est en boîte avec Shandy, pourquoi je ne devrais pas?
- Non, ce n’est pas ça, je… je pensais que…

Joy était vraiment mal à l’aise, il ne fallait pas qu’elle commence avec ce jeu ridicule. Elle n’avait rien à se reprocher quand même!

- En fait ma compagne pour la soirée s’est décommandée et je voulais me coucher tôt. Je dormais presque quand je t’ai entendu entrer.
- Ah bon…je suis venue récupérer mes clés, je m’en vais tu vas pouvoir …Atchoum! Désolée.
- Mais Joy tu es trempée, viens je vais te prêter quelque chose de sec.
- Non, non…ce ne sera pas néce…ATCHOUM! - Pas de discussion mademoiselle, allez suis-moi ! dit Largo en prenant Joy par la main et en la traînant jusqu’à sa chambre.

Après quelques minutes, elle sortit de la chambre vêtue d’une grande chemise de Largo. Celui-ci l’invita à prendre un café au salon. Pendant quelques minutes les deux jeunes gens discutèrent de tout et de rien. Puis Joy se leva pour partir.

- Écoute Largo il est tard, je vais m’en aller pour te laisser dormir.
- Après t’avoir vu dans cette tenue, j’aurai bien de la difficulté à trouver le sommeil si tu veux mon avis ! lâcha spontanément Largo tout en jetant un regard appréciateur sur sa garde du corps.
- Largo, je… arrête ça tu veux!

Joy se sentait un peu gênée

- Ne vient pas me faire croire que ma tenue te trouble tout de même!
- La femme dans la tenue me trouble beaucoup plus que la chemise si tu veux tout savoir. Tu es très belle Joy tu sais. Vraiment magnifique.
- Je vais aller récupérer mes vêtements ils doivent être secs maintenant. Je vais y aller…avant que l’on dise des choses que l’on pourrait regretter ajouta t’elle avant de lui lancer un regard noir.

Joy ne voulait pas s’aventurer sur ce terrain glissant encore une fois…

- Écoute Joy ne soit pas sur la défensive je te faisais un simple compliment c’est tout!
- Éh bien Largo évite de tels sujets et j’éviterai de te dire des mots que tu n’aimeras pas entendre.
- De tels sujets? Joy avec toi tout est compliqué! Je te dis que tu es belle et c’est reparti, tu sors encore les griffes!
- Eh bien garde tes compliments pour les midinettes que tu invites si souvent dans ce penthouse!!!!
- Les midinettes? Alors c’est ça le véritable problème tu es encore jalouse? De quel droit tu me fais une telle scène?

Largo avait de la difficulté à garder son calme.

- Je…

d’un coup Joy se sentit ridicule.

- Écoute Largo va dormir, on oublie tout…Je regrette vraiment. On n’aurait pas dû parler de ça.
- Ah non tu ne t’en sortiras pas aussi facilement que ça!!!

Il était réellement fâché cette fois et il voulait aller au fond du problème.

- " Je regrette Largo! " Tu n’as que ces mots là dans la bouche! Tu n’as pas le moindre regret ! cria-t-il tout en s’avançant vers elle pour lui faire face.
- Oh non? Tu penses vraiment ce que tu dis. Tu penses que je n’ai pas de regrets?
- Je sais que tu n’en a aucun, dit Largo. Tu ne t’ai jamais demandé ce que ça m’avait fait lorsque tu avais mis en terme à notre relation. Tu as blessé quelqu’un que tu considérais comme ton ami, ton meilleur ami tu as fait tout ça froidement sans penser à rien d’autre qu’à toi! Ton travail était tellement plus important! T’as aucun regret et ne vient pas encore m’insulter en prétendant le contraire.
- Mais Largo…je…Je regrette tant!
- Tu regrettes Joy? Vraiment!? Que regrettes-tu hein répond moi nom de Dieu! fulmina Largo qui n’arrivait plus à contrôler sa colère.

Sans plus y réfléchir, Joy s’avança vers lui , lui prit le bras et l’embrassa passionnément. Largo trop surpris pour comprendre que Joy venait de l’embrasser, la repoussa mais elle ne le lâcha pas.

-Non Joy! Tu as fini de jouer avec moi. Tu ne me referas jamais plus ce coup là!
-Largo ce n’est pas un jeu, dit-elle. C’est ce que je regrette. Tu me manques Largo et c’est un de mes plus grands regrets! lui assura-t-elle tout en l’embrassant de nouveau.

Cette fois-ci, Largo ne la repoussa pas. Il ne le voulait pas de toute façon. Ses bras encerclèrent Joy et il lui retourna son baiser avec toute la passion qu’il retenait en lui depuis si longtemps. Largo lui prit la main et l’entraîna vers sa chambre. Joy redevint elle-même tout d’un coup et, prenant peur, lui dit:

- Largo, je ne sais pas si c’est une bonne idée

Il toucha ses lèvres du bout des doigts :

- chut ne dit rien… murmura-t-il

Joy pouvait sentir son souffle contre son cou. Largo se plaça derrière elle, et lui caressa les cheveux. Ce simple geste fit naître un soupir de bien-être à Joy.

- Largo dit-elle dans un souffle.

Celui-ci lui sourit et embrassa ses cheveux . Ces cheveux si doux, si parfumés qu’il avait eut si souvent envie de toucher depuis leur rupture, depuis qu’il la connaissait… Elle sentait si bon… Largo était enivré. Elle, elle se sentait frissonner…Rapidement Joy cessa d’écouter la voix qui lui soufflait que tout ceci était une erreur. Elle le voulait tout à elle… pour cette nuit du moins. Pour une fois oublier ses beaux principes, ses hésitations… n’être qu’une femme comme les autres. Juste une fois. Après il serait encore temps de penser, après il serait encore temps de regretter…

Largo, avec dextérité, ouvrit la chemise que Joy portait, et eut un sourire en constatant qu’elle ne portait plus son soutien-gorge. Il passa un doigt délicatement sur son épaule nue et prit le chemin de son cou où il sentit battre son pouls irrégulièrement. Des baisers brefs et légers, ouvraient la route à ses doigts. Ses mains descendirent vers son ventre, et lui caressèrent le nombril. Lentement, il remontait vers ses seins et ses épaules pour redescendre aussitôt vers son ventre plat.

Puis ses mains se dirigèrent vers l’intérieur de ses cuisses, mais il ne s’y attarda guère, très vite il se rendit vers sa culotte qu’il enleva pour pouvoir toucher Joy, à l’endroit qui lui apporterait du plaisir. Lorsque Largo toucha à son clitoris, Joy eut un sursaut de plaisir, et lâcha un petit cri. Pour elle commença alors un délicieux supplice, Largo la caressait, dardant son clitoris, le rendant de plus en plus sensible, puis la lâcha pour repartir vers l’exploration de son ventre, l’intérieur de ses cuisses. Lorsque Joy ne s’y attendait plus, il revenait vers son centre du plaisir, le touchait à nouveau pour repartir de plus belle vers d’autres endroits de son corps. Ce petit manège lui faisait perdre contact avec la réalité. Largo fut assez excité à l’idée qu’elle soit déjà chaude et humide pour lui.

Largo s’approcha de l’oreille de Joy, son souffle était chaud. Voulant sentir sa peau sans barrière de tissu, il enleva sa chemise. Il avait une superbe vision du dos parfait de Joy. Il le caressa lentement, partant à la découverte de cette peau si douce, veloutée, et lui dit, d’une voix rendue rauque par l’excitation:

- Chaque chose en toi est parfaite. Tu es si belle…

Joy ne put lui répondre mais lui pris les mains qu’elle embrassa l’une après l’autre. Les doigts de Largo glissèrent vers son cou, sa nuque. Il ne pouvait s’empêcher de la toucher. Il tourna autour d’elle pour lui faire face, sa poitrine étant ainsi exposée à son regard, il s’y sentit attiré comme à un aimant… Il souffla légèrement sur ses mamelons, rendant ceux-ci plus durs qu’ils ne l’étaient déjà. Il embrassa ses seins délicatement, les léchant de manière sensuelle. Joy bougea légèrement, soupira ce qui fit un peu perdre la tête à Largo. Il la plaqua contre lui, pour pouvoir l’embrasser plus passionnément qu’il ne l’avait jamais fait. Joy sentit son érection contre elle.

- Tu n’as aucune idée de ce pouvoir que tu as sur moi… des rêves que je fais toutes ces nuits…

Ses mots la captivèrent. Elle avait besoin de ça, de se sentir femme, importante. Ils continuèrent à s’embrasser pendant un long moment incapable d’assouvir la faim qu’ils avaient l’un pour l’autre. Joy décida que c’était maintenant à elle de prendre les choses en main. Elle voulait qu’il ait du plaisir à son tour. D’un geste sec, elle enleva alors la robe de chambre qui tomba sur le sol. Elle le regarda, il était tellement beau. Tous les deux échangèrent un sourire tendre. Largo voulu repartir explorer le corps de Joy, mais elle l’arrêta d’un c’est à mon tour maintenant tellement rauque, qu’il ne put qu’obéir trop excité pour faire le moindre mouvement. Présageant de ce qu’il allait arriver, il ferma les yeux. Il décida donc de se laisser faire, il lui donnait le contrôle de la situation maintenant…

Tout d’abord Joy toucha chaque parcelle de la peau de Largo: ses épaules, son torse, ses fesses… Cette peau qui l’avait attirée dès le début, cette peau qui la faisait lutter chaque jour était pour elle maintenant. Chaque centimètre de peau était regardé, embrassé, touché…Largo frissonna, son corps était l’instrument de Joy. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait de lui et il aimait ça!

Elle glissa ses mains tout le long du corps de Largo, jusqu’à son sexe qu’elle caressa avec ses yeux et ses mains. Elle le regardait pour voir ses réactions; il gémissait, soupirait, râlait… de plus en plus fort. Elle fit lui fit endurer la même douce torture qu’il lui avait fait subir quelques minutes auparavant. Elle le caressait, l’amenant au bord du gouffre le laissant se calmer pour ensuite recommencer de plus belle son petit jeu. Quand elle sentit qu’il ne tiendrait plus longtemps, elle arrêta son manège. Largo laissa échapper un léger son de frustration, il ne voulait pas que ça s’arrête!

Il la regarda, chercha sa langue entre ses lèvres entrouvertes, et ils échangèrent un baiser profond. Mais Joy en voulait encore, elle voulait le sentir en elle, bouger à l’unisson avec lui, ne faire plus qu’un, crier son plaisir… Largo, habité d’une même urgence, l’étendit par terre incapable d’attendre plus longtemps et la pénétra rapidement. Joy bougeait la tête dans tous les sens, émettait de petits sons de gorge rauques qui devenaient de plus en plus forts à mesure que l’orgasme approchait. Puis, elle poussa un énorme cri et jouit. Largo serra les fesses, accéléra son mouvement, et fit de même quelques secondes plus tard. Brisé, il s’affaissa sur elle. Largo alla chercher une couverture qu’il rabattit sur eux. Les deux amants ne dirent aucun mot. Aucune parole ne saurait rendre justice à ce qu’ils venaient de vivre. Ils échangèrent un sourire coquin, un baiser passionné, puis Joy s’endormit dans les bras de son amant, bien calée contre son torse.

Quelques heures plus tard, Largo lui toucha le visage en l’appellant pour qu’elle se réveille…

- Joy, réveille-toi…Joy il est temps de revenir parmi les vivants… Joy…

Joy se sentait admirablement bien et poussa un petit soupir de satisfaction. Elle émergea de son état de somnolence lentement, un sourire toujours accroché aux lèvres. Elle était au paradis, et ne voulait pas se lever, mais, comme elle ne pouvait pas rester couchée toute sa vie, elle ouvrit les yeux et… son sourire disparu rapidement.

- SIMON, mais qu’est-ce que tu fais là ? dit Joy en regardant autour d’elle.
- Oh, la Belle au bois dormant daigne enfin se réveiller. Ça fait quelques minutes que nous sommes arrivés. Je pensais téléphoner pour avoir du secours, ça fait trois fois que je t’appelle et tu ne réponds pas dit le Suisse sourire aux lèvres. Bon j’aurais bien fait le travail tout seul, mais comme j’adore le travail d’équipe et que…

Mais Joy ne l’écoutait plus. Qu’est-ce que Simon faisait dans cette voiture avec elle? A dire vrai, elle n’en avait pas la moindre idée! Joy essaya de se concenter sur le monologue du Suisse, mais elle en était incapable. Ses pensées revenait vers ce fabuleux rêve. Elle avait rêvé!!! Ça avait eu l’air si vrai pourtant. Elle et Largo dans cette chambre, ensemble…

- La terre appelle Joy. .. Tu es encore parmi nous Joy, JOY???

Comme elle ne lui répondait toujours pas, plongée dans ses pensées, Simon se dit qu’il connaissait un moyen d’avoir toute son attention :

- J’imagine que je peux facilement deviner à quoi… ou plutôt à qui tu rêvais. Avec tout ce que t’as pu dire… Les mots étaient assez …Bon passons! Je sais seulement pourquoi tu ne voulais pas te réveiller. T’inquiètes je ne lui dirai rien, je sais tenir ma langue quand il le faut, tiens regarde fit- il en joignant le geste à la parole tout en lui dédiant un clin d’œil.
- Simon la ferme!

Joy ne trouvait pas ça drôle du tout!!! Qu’est-ce que Simon était puéril parfois!!! Mais à cause de lui, elle reprit vite pied avec la réalité. Maintenant, elle savait pourquoi elle était là… Joy était dans la voiture de Simon et elle se rendait avec lui chez Mr Angus Smith régler les derniers détails pour la sécurité car il y avait une réception le lendemain soir pour fêter l’alliance entre le Groupe W et la Sussex factory, usine appartenant à ce Mr Smith. Joy eut un soupir résigné, aussi bien aller travailler alors, elle était bien là pour ça après tout. Sans regarder le Suisse elle dit :

- Alors tu viens?

Comme elle ne recevait aucune réponse, elle se tourna vers Simon qui la regardait toujours le sourire accroché au visage. Le Suisse mima alors deux bouches qui s’embrassent et éclata de rire. Joy lui lança un regard noir et sortit de la voiture pour se rendre au jardin où devait se dérouler la réception tout en maudissant le ciel de travailler avec un tel imbécile!!!


Quelques heures plus tard

Joy entrait au bunker avec Simon qui lui racontait de quelle manière il avait réussi à charmer la fille aînée de ce Mr Smith. Joy l’écoutait d’une oreille distraite, toujours troublée par son rêve, en s’asseyant face à son ordinateur. Au moins Largo n’était pas là. Elle n’aurait pas à l’affronter tout de suite. Elle respira un peu mieux et, eut un sourire en voyant Kerensky lever les yeux au ciel devant le discours du Suisse, qui ne tarissait pas d’éloges sur la fille de leur hôte.

- Hey Kerensky si tu avais vu ça cette fille c’est de la dynamite ajouta Simon
- Fais attention Simon car il y a des fois où la dynamite explose si on ne sait pas bien s’en servir dit Kerensky.
- Oui, ben moi j’aimerais bien qu’elle explose, si tu vois ce que je veux dire, je saurais quoi en faire de cette bombe!

Devant le soupir résigné de Joy il ajouta :

- Bon moi je vais voir Larg’, tu vois qui c’est hein Joy, notre patron adoré, celui que tu n’as pas vu depuis bientôt, regardant sa montre, quatre petites heures. Tu sais, mimant deux bouches qui s’embrassent, notre fabuleux patron tout en muscles et…
- Simon tu serais bien mieux de la fermer si tu veux t’y rendre sur tes deux jambes dit Joy, qui ne trouvait pas Simon drôle du tout aujourd’hui.
- Bien madame je me la ferme, mais seulement parce que je veux avoir mes deux jambes valides demain lorsque je ferai tourner Allison sur la piste de danse. Alors à plus tard la compagnie. Et Joy ne te tue pas à l’ouvrage tu pourrais en faire des cauchemars. Pas comme ce à quoi tu rêves ces derniers temps.

Simon évita de justesse le pot à crayons que Joy lui lança et sortit du bunker en chantant joyeusement I will always love you….

- Alors tu m’expliques ? dit Kerensky.
- T’expliquer quoi? aboya Joy non désireuse de parler du sous-entendu de Simon.
- Ce qui se passe. Quelque chose est arrivé chez ce monsieur Smith?
- Rien voyons. Depuis quand tu prends les divagations de Simon au sérieux? Et puis on a du travail. Alors au boulot!
- Oui patronne, dit Kerensky lui faisant un petit salut militaire, déçu de ne pas avoir eu le scoop sur ce qui s’était passé. Car il aimait bien rester au bunker, mais il aimait également quand les trois autres lui racontaient les événements de la journée à leur retour. Surtout Simon qui mettait pleins de détails juteux…Ces histoires l’amusaient beaucoup. Il aurait bien aimé savoir… Oh et puis monsieur je ne sais pas tenir ma langue lui dirait bien un jour!

Joy et Kerensky retournèrent travailler. Joy revoyait sans cesse son rêve dans sa tête. C’était tellement réel qu’elle commençait sérieusement à se demander si tout ça s’était effectivement seulement passé en rêve. Après quelques minutes Joy, toujours pensive, demanda :

- Kerensky tu connais une Nadia? - Personne, laisse tomber. Joy baissa la tête et contempla son ordinateur se traitant d’idiote.

Kerensky souleva les épaules. Décidément les femmes capitalistes étaient vraiment difficile à comprendre, et retourna toute son attention vers son ordinateur.


Penthouse

Largo était bien installé dans son fauteuil, les pieds sur son bureau et écoutait, sourire aux lèvres, le récit de son meilleur ami sur sa rencontre avec Allison Smith.

- Tu l’aurais vu Larg’ wow c’est toute une beauté.
- Je vais devoir te croire sur parole mon petit Simon. De toute façon je la verrai demain. Alors comment ça a été avec Joy, aucun problème?
- Oh la sécurité se porte bien, tu la connais y’a pas plus professionnelle qu’elle. Ce qui préoccupe notre petite Joy ces derniers temps est d’un tout autre ordre, ajouta Simon malicieusement.
- Oh, Joy a des problèmes personnels? dit Largo un peu surpris.
- En fait, je pense qu’un homme occupe toutes ses pensées dernièrement…
- Joy a un petit ami? Largo commençait à trouver cela moins drôle.
- Quoi, ne me dit pas que ça te dérangerait si c’était le cas, répondit le Suisse comme un léger sourire naissait sur ses lèvres. Je ne sais pas si on peut dire petit ami, mais… ben je devrais peut-être pas en parler, Joy veut sûrement garder ça pour elle vu la façon dont se sont déroulées les choses avec ce Allan.
- Ouais, bon si Joy veut nous le faire savoir, elle le fera fit Largo en haussant les épaules essayant de garder un ton détaché. Mais il bouillait à l’intérieur. Comment ne s’était-il pas rendu compte que Joy aimait un autre homme? Il fallait qu’il fasse attention, qu’il soit vigilant sinon il pourrait la perdre et cette fois pour de bon et… - Largo tu es encore avec moi?
- Ah oui désolé, je…des problèmes avec Cardignac, rien de bien important. Tu disais?
- Alors Allison m’a dit que…

Simon retourna à son monologue sans prêter attention aux états d’âme de son meilleur ami.


Le lendemain

Largo était assis à son bureau et il était nerveux. Il avait très peu dormi la nuit dernière car il ne cessait de retourner les paroles de Simon dans sa tête. Joy avait un petit ami! Il avait beau essayer de se convaincre qu’elle en avait parfaitement le droit, qu’ils n’étaient pas ensemble, que lui-même ne se privait pas de compagnie féminine, il était incapable de rationaliser les choses bien longtemps. Lorsqu’il fermait les yeux il voyait Joy dans les bras d’un homme et ça l’avait empêché de trouver le sommeil.

Quelle devait être son attitude face à elle maintenant? Fallait- il qu’il lui parle qu’il lui assure de son soutien, elle qui avait des problèmes, enfin selon Simon. Surtout qu’elle serait devant lui dans quelques minutes, Kerensky l’ayant envoyé porter un dossier important au sujet de certaines personnes qu’il devrait rencontrer le soir même à la réception.

Et puis peut-être que Simon s’était trompé… Peut-être qu’elle n’avait pas vraiment de petit copain. Simon avait une imagination débordante après tout. Bon, Largo décida qu’il attendrait avant de réagir. Rassuré, il se composa un sourire serein et attendit Joy.


Au même moment dans le couloir menant au penthouse

Joy était fatiguée. Elle n’avait pas bien dormi la nuit dernière et pour cause. Chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle revoyait Largo l’embrasser, la caresser… Elle s’était levée régulièrement incapable de combattre l’insomnie efficacement. Même une douche froide n’était pas arrivée à lui remettre les idées en place. En tout elle devait avoir dormi trois heures et elle était nerveuse, irritable… Le pauvre Simon en avait fait les frais toute la matinée. Joy eut un petit rire. Pauvre Simon… Bah, il était habitué depuis le temps…

Maintenant elle allait devoir l’affronter. Même si Largo ne connaissait pas ses tourments elle redoutait son regard. Joy, relaxe se répéta t’elle. Secoue-toi, des millions de personnes dans le monde font des rêves dérangeants chaque jour et ça ne les empêchent pas de travailler, de vivre. Peut-être, mais ces personnes ne connaissent pas son patron et ses abdominaux d’enfer…STOP! Joy reprend toi voyons! Retrouve ton self-control! Ce qu’elle avait envie de se frapper la tête contre un mur!!! Ok, le dossier c’est pour ça que je suis ici… C’est bon. Elle ferma les yeux, respira un grand coup et cogna à la porte du penthouse. Après que Largo lui ait dit donné l’autorisation d’entrer, elle respira de nouveau. Allons-y se dit-elle pour se donner du courage.

- Tiens voilà le dossier que tu as demandé dit Joy tout en gardant la tête baissée pour éviter le regard de Largo. Joy reste calme il ne sait pas ce qui te dérange…Elle avait des papillons dans l’estomac…Elle était nerveuse pour un stupide rêve!!! Allez un peu de cran!!! Joy perdait le contrôle sur ses émotions et ça l’enrageait!
- Je…merci. Largo regarda Joy attentivement et la trouva étrangement cernée, fatiguée…bizarre… Peut-être travaillait-elle trop. Oui, ça ne pouvait qu’être le travail quoi d’autre? Largo essaya de repousser la petite voix qui lui disait qu’avec un homme, Joy pouvait également passer des nuits blanches… Non, elle était seulement fatiguée à cause du travail c’était tout! Mais la pensée d’un homme dans la vie de son amie revenait encore et encore… Malgré lui, Largo ressentit un pincement au coeur, elle avait sûrement un petit ami!
- Je…comment ça va ces derniers temps Joy? demanda Largo.
- Bien, bien..euh…pourquoi tu le demandes?
- Pour rien, mais dis si quelque chose te préoccupait tu…tu m’en parlerais n’est-ce-pas?
- Je…oui. Joy leva les yeux vers Largo surprise. Pourquoi lui parlait-il de toutes ces choses? Je vais bien Largo juste un peu de sommeil à rattraper tu sais ce que c’est!
- Oui je sais trop bien de quoi tu parles! lâcha Largo d’un ton plus sec qu’il ne l’aurait voulu, se méprenant sur les raisons qui avaient poussé Joy à courir après le sommeil. Plus aucun doute possible Joy allait bientôt le remplacer dans son cœur et il n’aimait pas la sensation de cette pensée…
- Bon..eh bien je vais te laisser j’ai.. Joy regarda son ami et le vit vraiment pour la première fois depuis qu’elle était entrée dans le penthouse, et constata que Largo portait la chemise qu’elle-même avait dans son rêve. Les images défilèrent devant ses yeux à une vitesse incroyable… Gênée, elle rebaissa rapidement son regard laissant son patron surprit. Pourquoi Joy n’osait-elle plus le regarder dans les yeux nom de nom?
- Alors si tu n’as plus besoin de moi, je.. je vais y aller. On se reparle ce soir. lança Joy d’un ton rapide. Sans attendre de réponse elle fit demi-tour et sortit du penthouse.

Largo ne savait plus sur quel pied danser! Qu’est-ce que c’était tout ce cinéma ? Joy le fuyait et la seule raison que Largo voyait était l’arrivée d’un autre homme dans sa vie. Ce qu’il pouvait être nul! Il la perdait doucement…

Le téléphone sonna le tirant de ses sombres pensées. John Sullivan voulait le voir pour régler certains détails d’un voyage au Japon. Largo soupira et alla le retrouver dans son bureau. Au moins il ne penserait plus à Joy et à ce mec! Le travail vient à bout de tout il paraît! Alors au boulot!

Joy était dans les toilettes des dames, enfermée depuis 15 minutes, incapable de se calmer. Elle en était rendue bien bas. Son rêve l’empêchait de bien faire son travail. Ça ne lui était jamais arrivé auparavant. Il fallait qu’elle repousse ce stupide rêve, ce n’était pas réel. Mon Dieu elle se faisait l’effet d’une adolescente qui était en émoi pour un simple baiser… Quoique c’était beaucoup plus que ça… Mais non! Ce n’était RIEN DU TOUT!!!!

Allez on oublie tout Joy tu es capable, fais comme tu le faisais avant, laisse tout ça de côté, on se concentre sur la réception de ce soir. Tu es forte Joy, tu es capable de surpasser ces stupidités de femmes en chaleur! Après avoir passé un peu d’eau sur son visage, rassurée qu’elle y arriverait, elle retourna donc au bunker. Le reste de la journée s’était chargée de ramener Joy sur terre : en effet Mr Smith avait soudain décidé de faire sa petite réception dans sa demeure au lieu du jardin. Pour Joy cela signifiait revoir la sécurité avec tout ce que cela impliquait! Elle avait passé un après-midi d’enfer et son rêve était maintenant bien loin de sa principale préoccupation.

Le soir venu une limousine attendait dans la rue, en bas de son immeuble pour la conduire, avec Simon, à la réception de Mr Smith. Largo devait s’y rendre plus tard. Il était retenu au Groupe par John Sullivan et Michel Cardignac, au sujet d’un projet de rachat d’une petite entreprise en Espagne. Joy n’avait même pas pensé protesté lorsque Largo avait suggéré se rendre seul avec John chez Mr Smith. En fait, elle en avait été soulagé! Après la façon idiote dont elle se comportait depuis l’incident du rêve, elle n’avait plus vraiment toute sa tête. Alors le moins de temps possible elle passait avec lui le mieux elle se sentait.

- Tu es très distinguée Joy, lâcha Simon comme elle entrait dans la voiture. Elle portait une élégante robe rouge qui la faisait paraître à son avantage.
- Merci toi aussi. Dis donc t’as fait un effort pour bien paraître ce soir dit Joy. En effet, Simon portait le traditionnel costume cravate noir commandé pour ce genre de fête et avait laissé de côté ses costumes flamboyants habituels.
- Ne m’en parle pas, John m’a fait la leçon aujourd’hui pour qu’au moins une fois je fasse honneur au Groupe W. Et puis je ne râle pas trop, Allison me trouvera sûrement très élégant j’aurai alors toutes mes chances avec elle…
- Oui, sûrement ajouta Joy avec un sourire. Simon ne changera jamais!!!

Elle se tourna vers la vitre et regarda la ville défiler devant elle. C’était plus fort qu’elle, Joy y pensait encore. Incapable d’effacer tout ça de ses pensées… C’était la première fois que quelque chose la dérangeait à ce point. Décidément, elle se ramollissait beaucoup depuis que Largo avait croisé son chemin….

Son père n’aurait pas été fier d’elle! C’était pourtant facile de faire abstraction de ce qu’elle avait rêvé, elle y arrivait bien avant. Alors pourquoi maintenant ça lui faisait tout cet effet? Après tout, ce n’était pas vrai! Je suis sûrement bien fatiguée. C’est ça, ça ne pouvait être que ça : la fatigue. Il fallait vraiment qu’elle pense prendre des vacances très bientôt!!!!

Le trajet se fit dans un silence inhabituel en fait surtout pour Simon, pour qui la perspective de revoir Allison rendait nerveux et étrangement avare de mots…

Joy soupira bruyamment. Depuis son arrivée à cette réception, tout allait mal. Dès que Simon était arrivé dans la demeure d’Allison, il était rapidement disparu avec elle, laissant Joy seule. Pourquoi devait-elle se taper le travail seule pendant que monsieur allait s’amuser!? Ça l’avait rendue furieuse! Ensuite, Largo était arrivé en retard. Cela n’avait rien de bien inhabituel, mais elle s’était fait un sang d’encre pour lui quand même! Elle s’était reprochée de ne pas l’avoir surveillé, de ne pas avoir fait le trajet avec lui, c’était plus fort qu’elle, elle s’était inquiétée! C’était son job après tout! S’il avait été enlevé ou blessé quelque part??!!… Tout ça parce qu’elle ne contrôlait plus ses émotions ces jours-ci.

En plus, Largo avait assez occupé, et ne lui avait presque pas parlé de la soirée. La jeune femme avait l’impression qu’il l’évitait. Mais pourquoi? Qu’est-ce qu’elle avait dit ou fait? Elle ne savait pas pourquoi. Bon, c’est vrai qu’il était très occupé dans ce genre de réceptions, mais il pouvait quand même lui parler un peu. Elle était son amie après tout. Du moins le pensait-elle!

Joy ne se comprenait plus… Avant, ça ne la dérangeait pas qu’il ne lui parle pas. Après tout, elle était garde du corps et non dame de compagnie! Ce soir cependant, elle était déstabilisée, se maudissait de perdre le contrôle… et ne pouvait s’empêcher d’être fâchée contre son patron. S’il n’existait pas, elle ne vivrait pas tous ces tourments…

Comme pour oublier un peu tout ça, Joy s’était alors tournée vers la boisson, elle avait bu du champagne, elle qui ne faisait jamais cela en service. Ensuite, elle avait rencontré Éric Walters, le jeune loup de la sussex factory et l’avait séduit en se collant sur lui. Elle ne savait pas bien ce qu’elle faisait, mais, un peu d’attention masculine lui faisait le plus grand bien!

Après un moment, elle en avait eut assez de lui. Il était suffisant, imbu de lui-même, trop entreprenant… Il fallait qu’elle s’en débarrasse, qu’elle ait un peu de temps seule. Il fallait qu’elle sorte de cette pièce trop bruyante. Elle allait prendre l’air. Elle se sentirait beaucoup mieux après… Elle pria donc Éric de la laisser, et fila vers la sortie.

En passant près de d’une table qui contenait champagne et petits fours, elle ramassa une bouteille d’alcool pour la route pensa-t-elle.

Largo regarda Joy partir avec ce blanc bec qui servait de stagiaire à Angus Smith…

Lorsqu’il était arrivé ici, il avait vraiment voulu aller lui parler, mais Mr Smith et ses actionnaires l’avaient envahis ne lui laissant pas le temps de faire autre chose que de parler boulot en buvant du champagne… Ensuite, il avait vu Joy avec Walters, il n’avait pas vraiment voulu aller déranger leur intimité… Se pouvait-il que se soit le copain de Joy? À cette pensée, il avait vu rouge et avait essayé d’oublier sa présence… Cependant, il ne pouvait pas s’empêcher de regarder vers le couple… Au point de ne pas suivre longtemps la conversation quand des gens venaient lui parler. Il regardait vers eux, les épiait tentant de savoir ce qu’ils se disaient, essayant de contenir l’accès de rage qui montait en lui quand il voyait Joy rire, se coller à lui…

Lorsqu’il les avait vu partir ensemble vers la sortie, Largo s’était dit qu’il les suivrait. Après tout, Joy était son amie et il avait vu comment ce Eric lui avait tourné autour toute la soirée. Elle avait beaucoup bu, alors il tirerait sûrement avantage de cette situation… Largo ne voulait pas qu’il ne lui arrive malheur. Il était son ami et il devait veiller sur elle comme elle veillait sur lui. Il savait bien que c’était à elle que revenait le rôle de protecteur, mais il ne pouvait pas s’empêcher de se faire du souci pour elle.

La lune était pleine, le vent soufflait doucement en une brise légère… Joy respira un peu, enfin arrivée dehors! Elle aurait un peu de calme pour penser, essayer de remettre ses idées en place…. Elle était émerveillée par ce grand jardin. On aurait dit un jardin des contes des mille et une nuits tellement c’était grand, tellement il y avait des fleurs partout… Elle avança dans ce vaste jardin, et elle vit un banc, assez loin de la maison, au fond du grand jardin, caché par les arbres et les fleurs. Elle avait l’impression d’être dans un paysage d’un conte irréel, un peu magique…

Elle s’assit sur le banc et ferma les yeux pour humer l’odeur des fleurs qui se dégageait de ce lieu. Lorsqu’elle ouvrit les yeux :

- Largo, mais qu’est-ce que tu fais là ?
- Je viens prendre un peu d’air.

Largo était gêné, il n’était quand même pas pour lui avouer qu’il l’avait suivie!!!

- Éric ton… (allez, il se lançait) ton petit ami est avec toi?
- Mon quoi? Quel petit ami ? Tu divagues complètement Largo !!! J’en ai pas de petit ami et pour ta gouverne sache que je veux rester célibataire pour longtemps encore! Et puis ça ne te regarde pas ce que je fais de ma vie à ce que je sache non?

Largo eut un petit sourire. Quel caractère cette Joy!!! Même un peu éméchée elle lui disait sa façon de penser! Largo respira un peu mieux, il s’était inquiété pour rien. Elle n’avait aucun petit ami. Tout ceci le rassura. Il fallait vraiment qu’il arrête d’écouter tout ce que Simon lui racontait… Il serait fou avant longtemps sinon. Il soupira de soulagement. Largo s’assit près d’elle sur le banc et regarda son amie. La lune se reflétait sur son visage, la faisant paraître plus belle qu’elle ne l’avait jamais été, si c’était encore possible. Il ne put s’empêcher de lui dire :

- Quelle femme tu es Joy. Tu es merveilleuse tu le sais hein?
- Merveilleuse oui c’est ça… Tout comme Tania, Kim et Sandra le sont quand tu es avec elles.
- Mais non, c’est différent avec toi. Je n’ai jamais rencontré une telle femme.
- C’est vrai que tu ne connais pas beaucoup d’alcooliques dans ton entourage.
- Alcoolique?
- Pas encore, mais si je continue comme ça je serai la première garde du corps féminine chez Les Alcooliques Anonymes fit Joy d’un rire mauvais. Allez tchin tchin! Elle but une gorgée dans la bouteille.
- Joy, tu devrais peut-être arrêter de boire non? Il me semble que tu as assez bu pour aujourd’hui.

Mais pour qui il se prenait pour venir lui dire quoi faire celui là! Joy le regarda et prit une autre gorgée de champagne pour le défier. Il lâcha un petit soupir de découragement, il ne pourrait jamais la raisonner ce soir.

Le silence se fit à nouveau entre les deux jeunes gens. Une brise très douce continuait à les envelopper. Sous le ciel étoilé, elle oublia un instant sa vie et ses misères, elle n’avait plus de patron, plus de job. Elle était une femme comme les autres. Elle vivait l’instant présent une sorte de moment d’éternité. Pour la première fois depuis longtemps il y avait un peu de douceur dans la nuit, dans sa vie. Cependant, elle se sentait bien seule. Terriblement seule.

En cet instant, ce soir, plus qu’un autre soir, elle se sentait vraiment la personne la plus solitaire au monde. Cette pensée commença à la déprimer…

Comme s’il avait pu suivre le fil de ses idées, Largo s’approcha d’elle et mit une main réconfortante sur son épaule. Lentement, il approcha encore plus près, et lui embrassa les paupières, les lèvres, le cou… Il ne savait pas ce qui le poussait à le faire, l’alcool, la beauté de ce paysage, le fait d’être avec Joy… mais il ne réfléchissait pas. Il agissait par instinct. Il devait le faire! Joy le regarda de manière étrange, eut un sursaut de surprise. Qu’est-ce-qu’il faisait là ? Largo y vit un signe de ne pas aller plus loin et s’éloigna sur le banc. Si elle ne l’avait pas regardé, Dieu sait qu’il aurait été prêt à aller bien plus loin qu’il ne l’avait jamais fait. Ça oui! Même s’il était dans le jardin d’Angus Smith. Cette pensée le fit sourire. Joy lui faisait perdre la tête ce soir!

Joy réfléchit quelques secondes. Largo était présent ce soir avec elle, et même si elle était un peu saoule, elle savait ce qu’elle voulait. Que son rêve se réalise. Elle se sentait si bien quand elle avait rêvé qu’ils faisaient l’amour… C’était plus fort qu’elle : elle le voulait, c’était urgent. Malgré tout ce que ça impliquait. Elle se foutait pas mal des conséquences…

Après tout, elle ne réfléchissait plus vraiment, l’alcool lui montait à la tête… Pourquoi ignorer ses instincts, ses sentiments? Joy savait qu’elle ne pouvait pas reculer, elle souhaitait qu’il la touche, qu’il la caresse comme dans son rêve…

Elle prit alors une gorgée de champagne comme pour se donner du courage, et le laissa lentement couler dans son cou, son décolleté tout en regardant Largo avec une lueur provocante dans les yeux. Largo, d’abord hésitant, surprit ne bougeait pas. Après un moment, n’étant pas capable de contrôler ses pulsions encore bien longtemps, surtout quand Joy le regardait comme ça, s’avança vers elle. Il commença alors sa mission : débarrasser Joy de tout ce champagne qui s’étendait sur elle. Il lécha ses lèvres après y avoir déposer un baiser furtif, puis se fit un chemin jusqu’à son cou vers le décolleté de sa robe. Il reprit la bouteille, en buva une longue rasade, et jeta la bouteille par terre…

Joy se laissa faire immobile, absorbées par ces sensations, les yeux fermés. Excité, Largo fit glisser la robe de Joy ce qui lui découvrit les épaules. Se jetant à genoux entre ses jambes, il lui caressa les chevilles. Elle remua les pieds pour se défaire de ses chaussures. Ce signe donna le feu vert à Largo, maintenant il savait qu’elle le voulait autant que lui. Il repoussa la petite voix qui lui disait que Joy était éméchée, qu’ils regretteraient ce qu’ils s’apprêtaient à faire… Il se concentra uniquement sur Joy et ce qui la rendrait heureuse, maintenant.

Largo lui embrassa les seins, en faisant glisser complètement sa robe et son soutien-gorge qui se retrouvèrent par terre rapidement. Des frissons parcouraient le corps de Joy. Les yeux fermés, elle s’abandonnait à ce que Largo faisait naître en elle. Largo semait de petits baisers le long de chaque jambe, remontant lentement vers le haut, vers l’intérieur de ses cuisses là où la peau est si tendre. Il arracha la culotte de Joy d’un mouvement sec, et la laissa aller rejoindre la robe sur le sol. Elle avait commencé à pousser de longs soupirs de plaisir.

Alors, elle prit la tête de Largo entre ses mains, il devait la toucher maintenant!!! Elle eut un bruit de gorge profond, tellement que Largo en eut des frissons. Il poussa un grognement trouble et l’étendit complètement sur le banc. Il repartit vers l’intérieur des cuisses de Joy. Expert, il trouva rapidement son point faible et y appliqua la langue pendant qu’il lui agrippait les fesses. Joy lâcha de petits cris… Elle était incapable de penser de façon claire. Tant pis s’ils se faisaient prendre, elle voulait qu’il continue! Elle eut un mouvement de recul, puis s’accrocha à la tête de son patron pour ne plus qu’il quitte cet autel du plaisir. Mais il recula, léger sourire aux lèvres pour lui embrasser à nouveau les cuisses. Joy était frustrée, elle voulait qu’il revienne entre ses jambes. Elle essaya de l’attirer de nouveau vers elle, mais il repartait vers ses chevilles, ses orteils. Il massa ses pieds, les embrassa, et remonta vers ses cuisses, retourna appliquer sa langue sur le clitoris de Joy.

Celle-ci perdait la tête. Ses seins se durcirent, leurs pointes se dressèrent. Elle n’avait plus de pensées cohérentes. Elle se sentait proche de la jouissance mais elle voulait le sentir en elle avant.

- Largo, viens en moi maintenant, je n’en peux plus

Il ne se fit pas prier, fit rapidement glisser sa fermeture éclair, il était temps son érection commençait vraiment à être douloureuse, et la pénétra. Joy était tellement proche de la jouissance quand il entra en elle que quelques secondes plus tard, elle émit un cri. Elle avait atteint l’orgasme. Largo, toujours en elle, regarda son visage qui se tordait sous les convulsions de la jouissance. Cependant, Largo n’avait pas encore eu un orgasme. Il allait y remédier…

Lentement, très lentement, il commença un léger mouvement de va-et-vient en elle. Au bout d’un moment, le mouvement s’accéléra comme Largo était de plus en plus excité. Joy se surprit, elle sentait qu’elle pourrait atteindre l’orgasme une deuxième fois en si peu de temps ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Joy commença à se déchaîner, il la rendait folle, complètement folle, car son sexe effleurait son clitoris lui faisant découvrir de nouvelles zones de plaisir qu’elle ne pensait jamais avoir. Rapidement, elle lui enleva sa chemise pour sentir sa peau contre la sienne. Elle se mit à lacérer son dos en respirant de plus en plus fort. Cette fois, ils atteignirent l’orgasme ensemble…

Couchés l’un contre l’autre Largo et Joy reprenaient lentement leur respiration. Ils étaient bien. Après un moment, Largo voulut lui dire quelque chose, mais Joy l’arrêta en posant un doigt sur ses lèvres. Elle entendait des pas.

- Je me demande où est passé Largo. Il y aurait encore un point de ce contrat dont je voudrais discuter avec lui…
- Il ne doit pas être ici, il doit prendre un peu d’air un peu plus loin…

Le reste de la conversation se perdit comme les gens s’éloignaient du jardin. Joy eut un instant de lucidité, elle ne sentait plus du tout l’effet du champagne sur elle… Du moins, elle ne pouvait plus se donner cette excuse… Qu’est-ce qu’ils avaient fait? En plus, elle était en service!!! Si quelqu’un les avait vu? C’était elle la garde du corps, elle aurait dû le repousser, ne pas lui faire d’avances… Tout cela à cause de son stupide rêve… Depuis cet incident, elle avait vraiment perdu la tête! Ils avaient vraiment dépassés les limites!!!! Et elle allait s’occuper de tout remettre en ordre.

- Largo, rhabille-toi. Tu es attendu!
- Mais Joy, je…
- J’ai dit RHABILLE-TOI! Il ne s’est rien passé. Rien d’accord?! En plus j’étais un peu éméchée…. J’apprécierais que tu oublies tout ça!
- Mais Joy, il s’est passé quelque chose, nous avons fait l’amour tout de même!!! Tu ne peux pas me demander d’oublier comme en Arctique quand même! Je pensais que…
- Largo arrête tu veux!

Joy ne pouvait pas croire qu’il ne pensait pas comme elle! Combien de fois elle devrait lui répéter?

- Écoute, on en a bien profité tous les deux… et puis ça devait bien arriver un jour ou l’autre. Depuis le temps que ça couvait entre nous deux… C’est sans appel Largo! Ne discute pas plus longtemps. On t’attend!
- Comme tu veux ! la coupa Largo d’un ton sec.

Il ne pouvait pas croire qu’après ce qu’ils venaient de vivre elle lui faisait le coup encore une fois! Elle décidait encore de tout, sans lui laisser le choix. Après tout, il ne valait mieux ne pas la contrarier, ça ne servait à rien. Largo sentait la colère monter en lui…

Il se dépêcha de mettre de l’ordre dans sa tenue et repartit vers la réception sans un regard pour sa garde du corps.

- C’est pour ton bien Largo. Pour notre bien à tous les deux. On n'a pas le droit de faire ça…

Joy laissa une larme couler sur sa joue.


Une semaine plus tard

Simon était dans le bunker avec Kerensky et lui racontait son troisième rendez-vous avec Allison. Il était vraiment accro cette fois et espérait avoir trouvé le bonheur… pour un moment du moins. Puis, le sujet de conversation dévia sur leur patron et sa garde du corps.

- Tu sais ce qu’il leur arrive toi à Largo et Joy? Depuis une semaine ils sont comment dire… bizarres. Joy semble un peu triste.
- Je ne sais pas Simon, ils ont dû avoir une autre chicane d’amoureux.
- Tu veux dire qu’ils seraient ensemble?
- Façon de parler…Je crois pas que se soit le cas, mais ça ne nous regarde pas. De plus ils sont assez grands pour régler leurs problèmes entre eux.
- Ouais t’as sans doute raison… On verra comment le temps arrangera les choses déclara Simon. On est habitué maintenant à leurs histoires…
- Oui, on verra.
- Bon, dans un registre plus joyeux, ça te dit de sortir avec moi et Allison samedi prochain ? demanda Simon.
- Qu’est-ce qui te fait croire que ça m’intéresse ce genre de rendez-vous cher petit Simon? Être le chaperon ne m’a jamais vraiment semblé être une activité plaisante pour moi tu sais!
- Pas le chaperon Kerensky, Allison a une copine vachement sympa qui serait ravie de voir un homme comme toi et comme tu es assez mignon, pour un Russe je veux dire…
- Simon, ne rajoute rien tu veux. Je te l’ai souvent répété, t’es pas mon genre! En plus je suis parfaitement capable de m’occuper de ma vie privée tout seul. Bon, retournons au travail… c’est pour ça qu’on nous donne un salaire non?
- Mouais si tu veux… lâcheur!!!
Simon regarda Kerensky et décida qu’il serait mieux de retourner bosser s’il ne voulait pas l’avoir sur le dos une bonne partie de l’après-midi!


Appartement de Joy

Joy soupira… C’était la troisième fois qu’elle essayait d’écrire cette fichue lettre, mais elle n’y arrivait pas. Elle ne trouvait pas les bons mots. Elle n’avait jamais été douée pour ça de toute façon.

La feuille de papier qu’elle tenait présentement entre ses mains, s’apprêtait à subir le même sort que les autres, en effectuant un bel atterrissage forcée dans la corbeille de papier.

Joy ne se sentait vraiment pas bien: depuis la réception de la semaine dernière, Largo ne lui adressait plus la parole. Purement et simplement.

Il l’évitait le plus possible et faisait même passer ses messages par un autre intermédiaire : John, Simon, Gabriella… En plus, Largo ne prévoyait pas voyager avant un bon bout de temps, alors elle ne le voyait pratiquement plus. Il avait même fait annulé un rendez-vous important avec un président d’une compagnie avec laquelle il traitait, pour être le moins de temps possible avec elle. Il ne lui avait pas dit directement, mais elle l’avait sentie. Elle commençait vraiment à le connaître après tout ce temps passé avec lui.

Il faut dire qu’elle l’avait bien cherché aussi. Le repousser ainsi après avoir laissé son patron l’approcher de très près… Après avoir laissé Largo la toucher, la faire se sentir une femme comme les autres… Elle lui avait refait le coup une seconde fois : le rejeter parce qu’elle avait eut la frousse de sa vie! Elle qui s’était pourtant jurée de ne plus lui faire ce coup.

Blottie entre ses bras dans le jardin de Mr Smith, elle s’était sentie heureuse et en paix avec elle-même pour une des rares fois au cours de sa vie. Après tout, il était difficile de rester de marbre devant son patron car elle ressentait ces sentiments profonds et intenses pour lui. Ça depuis assez longtemps. Depuis Montréal, elle l’admettait bien volontiers… En même temps, elle savait que c’était interdit, dangereux : elle devait veiller sur lui, sur sa sécurité. Elle devait protéger son patron, c’était son job. Mélanger travail et plaisir était assez dangereux pour Joy : elle l’avait vu avec John Donovan…

Son cœur et sa tête se livraient souvent ce genres de grandes batailles intérieures... jusqu’à maintenant, elle avait écouté sa tête en femme de raison qu’elle était. Lors de cette réception, par contre, elle avait senti ses résolutions flancher, son cœur gagnait du terrain sur sa conscience… Et comme elle commençait vraiment à se détendre, elle avait eut ce signe qui avait fait en sorte que Joy Arden, la garde du corps de Largo Winch, était revenue : elle avait entendu parler ces gens tout près. Elle était parfaitement consciente que c’était stupide de se fier à ce genre de choses, le truc du destin et tout le reste ce n’était pas vraiment elle. Malgré tout cela, pour Joy, c’était un signe. Ce genre d’excuses, qu’elle inventait pour garder un certain contrôle, démontrait ce qu’elle savait depuis longtemps : elle aimait Largo de tout son cœur, mais elle n’était pas encore prête à tout abandonner pour lui. Entre l’aimer et le protéger, elle choisissait d’être ce qu’elle était présentement. Cependant, elle ne voulait pas le perdre, ça lui ferait excessivement de peine.

C’est tout ça qu’elle aurait pu lui dire s’il l’avait laissé lui parler. C’est ce qu’elle avait tant de mal à exprimer avec de simples mots…

Elle savait que Largo ne ferait pas un pas en sa direction, il ne lui laisserait pas le temps de lui dire tout ça… Alors elle allait prendre les devants. Il fallait absolument qu’ils soient complices comme avant car son ami lui manquait énormément. Elle allait arranger les choses. Mais comment? Qu’allait-elle bien pouvoir faire?

*****



Largo était sur sa terrasse et il réfléchissait. Depuis la fête, il ne parlait presque plus à Joy. Il savait qu’il devait être fâchée contre elle, mais il en était incapable. De toute façon, il comprenait pourquoi elle avait agit comme elle l’avait fait. Il la connaissait bien, trop peut-être. Et puis, il était comme elle : dès qu’on lui parlait de sentiments profonds, il avait peur. Et ce qu’il ressentait pour Joy ressemblait beaucoup à de l’amour. Par contre, il ne se sentait pas prêt pour le grand jeu : mariage, enfants et tout ce qui venait avec…

Au début, Largo lui en avait voulu, 10 bonnes minutes en tout, mais il n’avait pas été capable de lui reparler. Son orgueil avait été blessé, et il avait voulu rendre la monnaie de sa pièce à son amie. Alors, il l’évitait.

Ça ne lui avait rien apporté cependant. Il ne se sentait pas vengé quand il voyait l’air abattu de Joy. Il ne pouvait pas se résoudre à faire les premiers pas. Il faudrait bien qu’un ou l’autre se décide un jour. Largo n’accepterait pas de la voir s’éloigner de lui si longtemps. Joy lui manquait énormément.

Largo tendit l’oreille, on frappait à sa porte. Lorsqu’il alla ouvrir, Joy se tenait devant lui…
Les deux jeunes gens se regardaient depuis un moment sans parler. Ni l’un ni l’autre ne semblaient savoir quoi se dire. Joy brisa la glace :

- Largo, il faut que je te parle.
- Alors entre si tu veux.
- C’est à propos de l’autre soir quand nous avons… tu sais…
- Quand nous avons fait l’amour oui, je sais.
- Il ne fallait pas faire ça et…
- J’ai compris Joy, tu n’es pas prête c’est ça? C’est seulement que nous sommes dans une drôle de position depuis que ça s’est passé.
- Toute cette situation est ma faute et je suis vraiment désolée. Je, je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai.., je... Tu… tu m’en veux encore?

Largo lui sourit. Comment pourrait-il encore lui en vouloir?

- Non. Oh, je t’en ai bien voulu un bon 10 minutes, mais là ça va. Tu sais Joy, j’en suis arrivé au point où je m’attends à ce genre de réactions quand il y a ne serait-ce qu’un petit moment d’intimité entre nous deux.
- Je suis vraiment désolée pour ça, et tout le reste. Je… je peux m’asseoir 5 minutes? J’aurais beaucoup de choses à te dire…

Joy lui avoua tout ce qu’elle avait voulu lui dire dans la lettre qu’elle ne lui avait pas écrite. Ses peurs, ses sentiments, sa vie, tout y passa. Ce n’était pas habituel de sa part, mais elle en avait besoin. Son ami en fut assez touché. Elle s’ouvrait à lui plus qu’elle ne l’avait fait depuis qu’il la connaissait.

À son tour, il lui parla de lui, de ce qu’il ressentait. De ce qu’il vivait.

En fait, Largo et elle parlèrent jusqu’au petit matin. De tout. De rien.

Lorsque Joy partit de chez lui, elle était heureuse. Elle avait retrouvé Largo. C’est tout ce qui comptait pour elle. En fait, rien n’était vraiment régler entre eux deux, mais ils étaient redevenus aussi complices qu’avant. Elle savait que Largo ferait toujours partie de sa vie et vice-versa. Cette pensée suffisait pour qu’elle soit heureuse. Joy se contenterait de ça. Pour le moment du moins…

Fin.