NdA : je dédie ce texte à tous ceux de la sortie 1 de Largo Winch, et particulièrement à toutes celles qui ont râlé que je n’avais pas de défis alors que j’en avais allègrement distribué (Elles se reconnaîtront aisément et petite remarque personnelle : vous pourrez constater que je n’ai besoin de personne pour m’en donner… je le fais toute seule ! ! !), à quelques largojoyistes convaincus que j’adore taquiner … et enfin et surtout à toutes celles qui me donnent régulièrement leur avis sur ce que je fais, même quand ce n’est qu’en cours d’écriture et que les divers passages ne se suivent pas… Pour une fois, je vous ai fait une petite histoire complète.


J’attends avec impatience vos commentaires quels qu’ils soient !
Bonne lecture.


Chaussure à son pied?


LA, TOUT N’EST QU’ORDRE ET BEAUTE, LUXE, CALME ET VOLUPTE…
Euh, finalement, après réflexion, ce n’est peut-être pas une citation tout à fait adéquate pour cette histoire... Mais jugez plutôt :


New York.
Tour du groupe W.
Penthouse.
Largo était allongé sur son lit et savourait pleinement son bonheur. La journée était parfaite. Il faisait beau mais pas trop chaud. Il n’y aurait pas de réunion du conseil avant trois semaines. Michel Cardignac était parti pour affaires pour une durée d’une semaine à plus de dix mille kilomètres. Lui-même était dégagé de toutes obligation professionnelle pour les 50 prochaines heures, les dernières affaires ne devant normalement pas poser de problèmes et ayant été confiées à Sullivan.
Mais surtout… il avait enfin réussi à convaincre Joy de s’installer dans son appartement. Elle était d’ailleurs en train de ranger ses affaires dans les autres pièces et l’avait prié d’aller faire un tour ailleurs en attendant qu’elle ait fini. Soi-disant qu’il l’empêchait d’avancer correctement en la détournant sans cesse de la tâche qu’elle s’était fixée!
Il sourit. Ce n’était pas totalement faux. Il y avait des choses bien plus intéressantes et bien plus agréables à faire avec elle que ranger … Elle aurait pu faire ça plus tard, par exemple dans 50 heures quand il devrait assister à une réunion d’affaires dans le bureau de Sullivan…. Ses pensées dérivèrent totalement sur Joy…
Cela faisait un petit moment qu’il lui avait avoué ce qu’il ressentait véritablement pour elle. Mais il n’y avait qu’un peu plus de deux mois qu’elle avait accepté de cesser de les considérer comme une lubie passagère. Il avait dû faire preuve de patience, de douceur et de constance pour qu’elle baisse enfin son bouclier et accepte de croire qu’ils pourraient être heureux ensemble. Elle l’avait testé un moment. Sceptique sur sa capacité à ne désirer qu’une femme, sur la profondeur de ses sentiments… Elle n’avait pas cru à sa première déclaration… Et il lui avait fallu déployer un trésor d’imagination et de petits gestes, pour qu’elle consente à lui laisser une chance de prouver qu’il était sérieux… Mais finalement, il avait réussi. Elle s’était laissée apprivoiser. Ils avaient choisi leur moment pour se faire l’amour pour la première fois. Ils ne voulaient pas brûler les étapes et souhaitaient se laisser le temps de s’habituer petit à petit aux changements de leur relation. Après plus de deux ans passés à réprimer leurs sentiments, ce n’était pas facile… Il fallait faire extrêmement attention à l’autre. Mais malgré toutes ses précautions, cela avait failli tourner court.
Le lendemain, Joy l’avait fui. Elle avait eu peur. Peur que ce ne soit qu’une nuit sans lendemain. Peur aussi de ce que cela pouvait impliquer à présent pour leur relation. Peur de ne plus pouvoir exercer son métier correctement. Peur de ne pas pouvoir assumer face à la presse et au regard des autres, cette relation avec ce play-boy milliardaire qui était aussi son patron… Peur de souffrir, tout simplement. Mais il ne l’avait pas lâchée et l’avait acculée jusqu’à ce qu’elle lui avoue ce qu’elle ressentait et ce qui se passait dans sa tête. Puis il avait entrepris de la rassurer et de remettre sa confiance boiteuse en bon état… Il semblait avoir réussi, mais il était bien conscient que le moindre faux pas pourrait encore tout remettre en cause.
Il chassa ses inquiétudes et tendit l’oreille. Dans une autre pièce, Joy et Simon, entre deux rires, ne cessaient de s’envoyer des piques… Largo sourit un peu plus largement. Oui cette journée était vraiment parfaite.

New York.
Tour du groupe W.
Penthouse. Salle de bain.
Simon assis sur le rebord de la baignoire avec la télécommande de la télé installée sous la douche, zappait dans l’espoir de tomber sur un programme intéressant. Du coin de l’œil, il surveillait Joy. Elle venait de lui enjoindre de se taire pendant au moins les deux minutes suivantes et de se faire oublier… Dans le cas contraire, elle se verrait dans l’obligation de l’expédier manu militari hors de l’appartement. Il était presqu’aussi impossible que Largo. Avec eux deux, dans les pattes, elle n’était pas prête d’avoir fini son installation… Or elle n’avait pas que ça à faire, elle avait d’autres projets pour le reste de la journée.
Simon avait obéi et suivait avec délectation les moindres mouvements de son amie. Elle était en train de nettoyer l’armoire de la salle de bain et de tout réorganiser pour pouvoir installer les produits qu’elle avait amenés… Mais aux yeux de Simon, chacun de ses gestes de Joy avait une grâce particulière… Son meilleur ami avait bien de la chance d’avoir su s’attacher une femme comme ça !!
Il la vit tout à coup s’immobiliser et lâcher le flacon qu’elle tenait. Celui-ci se brisa en plusieurs morceaux en tombant sur le sol et libéra un sirop à l’odeur entêtante. Joy ne bougea pas. Simon s’approcha. Elle avait blanchi, quelques gouttes de sueur coulaient le long de sa tempe.

_ Joy, ça va ? Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ?

La voix inquiète de Simon finit par pénétrer les pensées de Joy et lui permit de se ressaisir. Elle attrapa la paire de souliers verts à talons hauts qu’elle venait de trouver au fond de l’armoire et la jeta sur le bord de la baignoire à côté de Simon.

_ Si tu me disais ce que ça fait là ? …Tu devrais bien avoir une petite idée. Il te raconte tout !

Elle essayait de se contrôler , mais sa voix trahissait la colère et la douleur qu’elle ressentait. Elle vint près de Simon en le fixant droit dans les yeux. Elle voulait une réponse et vite. Simon, lui, était bien embarrassé. Il ne savait fichtrement rien sur ces chaussures et surtout pas comment elles étaient arrivées là. Il traita mentalement Largo de tous les noms. Quel crétin parfois ! Ca allait mal finir cette histoire !! Joy semblait vraiment furibonde. Il devait trouver quelque chose rapidement. Il dit la première chose qui lui passait par la tête :

_ Euh…. Comme tu n’arrêtais pas de te plaindre que les talons hauts c’est pas pratique pour nos aventures, il a voulu vérifier si c’était aussi inconfortable que tu le prétendais ou si c’était une excuse pour que tu t’habilles en tenues moins féminines…

Joy lui jeta un regard interloqué. Il n’espérait quand même pas qu’elle gobe ça ? Remarque en y réfléchissant, ils étaient assez dingues pour avoir fait ce genre de paris stupides après une soirée bien arrosée. Ils avaient déjà fait pire. Elle regarda la semelle des chaussures. Elle soupira. Ce n’était pas sa pointure ! ! Devait-elle s’en réjouir ou pas ? Elle ne savait plus. Elle prit Simon par le cou et lui pencha la tête… lui collant presque le nez sur les semelles.

_ Tu lis quoi ?
_ Lâche-moi ! Ca va pas ?
_ Dès que t’auras répondu à ma question !
_ 39. Pourqu….

Simon se tut en notant son sourire sarcastique et en comprenant où elle voulait en venir. Se redressant, il pensa que son copain était vraiment mal barré là. Il fit une grimace et se massa le cou. Elle avait vraiment une poigne de fer…. Et elle semblait vraiment furieuse ! Il allait y avoir du sport…

Simon : _ Ah ! Ca doit être pour ça qu’il a trouvé ça vachement inconfortable et qu’il a dit que non seulement ce genre de dépense devrait être pris en charge par le groupe mais qu’on devrait te donnait une grosse prime pour faire si bien ton boulot malgré ce type de chaussures.

Joy resta interloquée par cette réponse. Simon pouvait faire preuve d’un tel aplomb parfois ! Dommage qu’il ne l’utilise pas pour des choses qui en vaillent vraiment la peine. Son explication n’était absolument pas crédible. Sans un mot supplémentaire, mais après un dernier regard noir, elle s’éloigna. Simon en profita pour opérer un mouvement stratégique vers la sortie. Il s’arrêta près de la porte. De là, il avait une assez bonne vue de l’ensemble et il pourrait s’éclipser rapidement si le besoin s’en faisait sentir… Par exemple si Joy éprouvait tout à coup le besoin de se défouler… La solidarité masculine avait quand même des limites ! Il la vit revenir quelques instants plus tard. Elle avait enfilé ces gants en latex parfaitement horribles, mais nécessaire pour manipuler certains produits ménagers… Avec dégoût, elle se saisit de la paire de souliers et se dirigea vers la chambre où normalement devait se trouver Largo. Elle marchait lentement, l’air très calme… beaucoup trop calme ! S’arrêtant au bas des marches qui menaient à la “chambre ” de Largo, elle jeta un coup d’œil glacial à Simon et lâcha :

_ Tu n’étais pas attendu ailleurs, toi ?

Simon ravala sa salive:

_ Oui, j'y vais tout de suite...

Il s'apprêtait à sortir, quand quelque chose l'arrêta. Il se retourna et demanda:

_ Ne fais pas quelque chose que tu regretteras par la suite, s'il te plaît. Et reste calme...

Joy le fixa étrangement, le mettant un peu plus mal à l'aise, puis d'une voix très maîtrisée:

_ Selon toi, j'aurais des raisons de perdre mon calme et de me mettre en colère contre lui?

Simon pensa: J'ai encore raté une occasion de me taire. puis relevant la tête, il regarda Joy dans les yeux:

_ Non, bien sûr que non.

Mais son ton manquait quelque peu de conviction!


Il sortit avant d'empirer davantage la situation et souhaita mentalement bonne chance à Largo pour se tirer de ce guêpier. Finalement, au regard des derniers développements, il préférait sa place à celle de son ami!! mais vu comment il avait été difficile de les réunir une première fois, il espérait de tout coeur que cette foutue paire de godasses ne vienne pas tout gâcher... Sinon, il n'y aurait sans doute jamais de seconde chance... Joy pourrait même décider de quitter le groupe...

Tout à ses tristes pensées, il ne vit pas la secrétaire qui se dirigeait vers le penthouse les bras chargés de dossiers et la percuta. Ses dossiers s'éparpillèrent sur le sol et elle fut projetée contre le mur. Simon s'excusa aussitôt de son inattention. la jeune femme dans un sourire déclara que les torts étaient partagés. Simon sourit en reconnaissant la nouvelle secrétaire de Sullivan. Il n'avait pas encore eu le temps de discuter avec elle, Sullivan la surchargeant sans cesse de travail. Comment s'appelait-elle déjà? Ah oui, Lucie Guirry ou peut-être bien Guilly (1)... en fin bref un truc de ce genre! Elle était plutôt mignonne et elle lui plaisait bien...
Tout en l'aidant à ramasser ses dossiers, il la mit en garde:

_"Je serais vous, je n'irais pas là-bas maintenant... Ca risque de devenir rapidement une zone de combats intensifs!!..."

Puis avec un sourire charmeur, il ajouta:

"Allons plutôt prendre un café en attendant que ça se calme!!!"

Lucie hésita un peu, mais n'étant pas insensible au charme de Simon, elle se laissa très facilement entraîner un peu plus loin. Et puis, pensait-elle, on devait toujours suivre les indications du chef de la sécurité!! Elle semblait avoir complètement oublié ses autres obligations professionnelles... - (Mais ça, c'est un autre histoire qui ne nous regarde pas.. et puis honnêtement, peut-on vraiment lui en vouloir de ce comportement quelque peu léger!!! Fin de la note de l'auteur qui court se cacher avant de subir des représailles...) -

Pendant ce temps, chambre de Largo.
Joy était sur le seuil de la chambre, brandissant les souliers. Le sourire que Largo arborait depuis le début de l'après-midi mourut immédiatement sur ses lèvres quand il vit la paire de souliers verts. Il blanchit d'un coup, comme s'il voulait se fondre dans le décor. Le drap de satin blanc semblait même avoir plus de couleur que lui... Finalement, la journée n'était peut-être pas si parfaite que cela. Comment avait-elle pu trouver ça?
Après ce qui leur parut un très long silence, mais qui avait dû durer moins d'une minute, Joy se décida à agir et exigea des explications à un Largo très très gêné qui ne savait pas trop comment se défendre.
Les questions étaient pourtant très simples: Comment ces souliers étaient-ils apparus dans son appartement? Et surtout à qui appartenaient-il?
A sa grande consternation, il bredouilla exactement ce qu'elle craignait: il n'en avait aucune idée!!! Il n'avait jamais vu ça d'sa vie... jamais, ô grand jamais... il en était le premier surpris... sincèrement.
Joy soupira désabusée. Comment avait-elle pu croire une seule minute qu'il avait changé pour elle!
Elle persifla d'un ton coupant:

_ C'est ça, bien sûr! Ca pousse tout seul, maintenant, les chaussures! C'est la dernière invention de tes laboratoires high tech: Des champigons qui suivant le taux d'humidité de la pièce poussent en forme de chaussures!! Dommage qu'ils ne soient pas comestible et ne poussent pas directement dans ton réfrigérateur. Ca serait plus utile...

_ Joy, calme-toi. Je t'assure que tu n'as pas à t'inquiéter pour ça... et que je n'ai aucune idée de ce qu'ils faisaient chez moi.

Joy fulminait intérieurement: Bien sûr que je n'ai pas à m'inquiéter pour cette paire de chaussures de rien du tout. le modèle de fin de soirée pour dames à quatre pattes ou à genoux. Dames? Non c'était bien trop "élevé " comme terme... pour désigner ce genre de femmes. Ca devait plutôt appartenir à une de ces quelconques décerebrées comme elle en avait tant vu passer dans le lit de Largo avant qu'ils soient ensemble, pour disparaître quelques nuits plus tard au profit de d'autres sans laisser de traces... Elle avait eu raison de se méfier de ses beaux discours au début... mais par la suite, elle n'aurait jamais dû baisser sa garde.
Elle lui jeta un regard noir et dit d'une voix glaciale :

_ Et selon toi, ils auraient dû être où ?
_...
_ Alors ?

Largo respira mieux tout d'un coup. Il venait d'avoir une idée qui allait peut-être le tirer de ce mauvais pas. C'est d'une voix assurée qu'il déclara :

_ Sur le bureau de Wallenstein qui travaille actuellement sur les possibilités de reprises de fabriques de chaussures, qui doit décider s'il vaut mieux reprendre celle en Inde, celle au Brésil ou celle en Corée... et qui s'est fait envoyer divers échantillons pour comparer la qualité des différents modèles... Il a dû les oublier hier après m'avoir présenté les premières conclusions de son rapport.

Joy fit une moue. L'explication que proposait Largo était bien plus plausible que celle que lui avait servi Simon... Mais à vrai dire, il n'y avait pas trop de mal... Elle avait en effet déjà entendu parler de ce projet de reprise par le groupe W... Mais il y avait encore un point qui ne concordait pas du tout avec ce qu'elle savait...

_ C'est ça et il les a oubliés dans le bas de l'armoire de la salle de bain... Tu tiens tes réunions de travail dans des endroits très bizarres, mon cher ! !... surtout avec des employés hommes...

Eh merde, pensa Largo en devenant rouge comme une pivoine. Son bluff n'avait pas marché. Il n'avait fait que s'enfoncer plus. La suite de la réplique de Joy le confirma :

_ Tu vas me dire maintenant que c'est un cadeau du Saint Esprit ? ... Ca doit être comme les soutien-gorge qu'on trouve en dessous du lit chez d'autres "miraculés "... Et pourquoi pas un coup de la commission adriatique dans une tentative désespérée de séparer notre équipe tant que tu y es ! ! ! !

Elle sortit de sa chambre en claquant la porte. Largo reprenant ses esprits courut aussitôt derrière elle, il fallait absolument qu'il l'empêche de partir... sinon il n'était pas prêt de la revoir. Et il ne supporterait pas de la perdre, de devoir vivre sans elle. Pourquoi avait-elle dû tomber sur ces foutus souliers ? Quand il la rejoignit, elle était devant le vide-ordures. Elle venait d'y jeter la paire de hauts talons verts et avec eux les gants qu'elle avait mis pour les prendre. Largo soupira discrètement de soulagement.
Joy, parfaitement immobile, devant ce vide-ordures, hésitait encore sur la conduite qu'elle devait tenir envers Largo. Devait-elle envoyer leur histoire aux oubliettes, comme ces souliers verts ? Pas sûr. Jusqu'ici tout s'était tellement bien déroulé entre eux. Largo lui avait fait redécouvrir des sensations qu'elle avait oubliées depuis bien trop longtemps. Elle ne s'était jamais sentie aussi vivante et aussi bien ... Fallait-il vraiment laisser s'enfuir tout ça pour une paire de chaussures inconnues ?... C'était peut-être un peu disproportionné... et puis au final, c'est elle qui souffrirait le plus....
Bien sûr cette trahison supposée la blessait, mais objectivement ces souliers inconnus ne prouvaient pas grand chose... et rien dans le comportement de Largo ne laissait sous-entendre qu'il commençait à se lasser d'elle. Au contraire, c'était lui qui avait insisté pour qu'elle s'installe dans son appartement... Au stade de leurs relations, il pouvait difficilement prendre un engagement plus grand... Et après réflexion, c'était une garantie suffisante pour elle. A présent, s'il voulait la tromper, il se heurterait à quelques problèmes techniques... Il y aurait peu de moments où ils ne seraient pas ensembles ... Elle soupira. Deux mains vinrent lui enserrer la taille tandis que des lèvres se promenaient sur sa nuque. Elle eut un mouvement brusque à ce contact. Même si elle venait d'admettre au fond d'elle-même qu'elle ne saurait sans doute jamais les dessous de cette histoire de chaussures et que c'était peut-être mieux ainsi, il n'allait pas s'en tirer comme ça. Elle tourna la tête vers lui, ses prunelles flamboyant de fureur.

Dieu qu'elle était belle ainsi, ! , ne put s'empêcher de penser Largo, qui par prudence ôta tout de même immédiatement ses mains et s'écarta un peu.

_ Ecoute, je te jure que je n'aime que toi. Tu ne vas quand même pas laisser une paire de souliers horribles gâcher tout ce qu'il y a entre nous ?

Joy ne répondit pas et tourna la tête pour ne plus croiser le regard de Largo. A ce moment là, celui-ci décida finalement que l'attaque serait sans doute une meilleure tactique. Il s'énerva :

_ Mais bon sang, qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que tu me croies ou que tu m'accordes au moins le bénéfice du doute ? ... Vas-y, dis le... je suis prêt à tout pour te garder

La ferveur qu'il y avait dans sa voix alors qu'il prononçait ces derniers mots, acheva de convaincre Joy qu'elle avait pris la bonne décision. Elle était loin d'être sûre de son innocence... mais bon pour cette fois, elle jetait l'éponge.
Elle leva sur lui un regard pétillant de malice. Devant cela, Largo se sentit mieux, il avait gagné. Elle lui dit d'un ton provocant :

_ Tout, tu es vraiment sûr ? Je ne sais pas si tu tiendras la distance ! Il me semble que tu t'empâtes ces derniers temps à force de jouer à l'homme d'affaires responsable ! ! !

_ Je m'empâte ? Tu vas voir, murmura-t-il entre ses dents. Ca c'est un affront qui ne peut pas rester impuni, Mademoiselle Arden.

Ne la lâchant pas du regard, il s'approcha d'elle avec un grâce féline, l'emprisonna dans ses bras et l'embrassa. Joy n'eut plus du tout envie de l'envoyer au diable ou de s'enfuir à mille lieues de lui. Il la souleva, la déposa sur la table de la cuisine, la débarrassa rapidement de son chemisier et de son soutien gorge et se mit à titiller de sa langue la pointe de ses seins alors que ses mains parcouraient son dos et ses fesses y dessinant d'étranges motifs... la jupe portefeuille ne tarda pas à rejoindre le chemisier sur le sol... Sous les caresses de Largo, Joy se cambra, puis plantant ses ongles dans le dos de Largo et nouant ses jambes autour des siennes, l'attira encore un peu plus contre elle....
Un morceau de foin vint lui chatouiller les oreilles, lui faisant reprendre conscience du lieu où il se trouvait. Tout cela n'avait été qu'un rêve... et pourtant il enlaçait bien un corps chaud. Largo leva la tête et son regard plongea aussitôt dans celui stupéfait et un peu gêné de sa garde du corps. Il était totalement allongé sur elle et la tenait fermement dans ses bras.

Joy : Euh... Tu me le dis si je te dérange.
Largo se dégagea rapidement et s'asseyant à côté d'elle, répondit entre deux bâillements : Oh pas le moins du monde !
Joy d'une voix où perçait la réprobation : C'est mon foin ici. Reste de ton côté !
Largo soupirant : C'est curieux, j'ai fait des rêves vraiment étranges.
Joy, jugeant sans doute ce terrain un peu dangereux pour sa tranquillité d'esprit, s'empressa de l'interrompre : Moi j'ai rêvé qu'on trouvait un téléphone !
Largo sourit : C'est bien aussi, c'est plus utile.

Ils se levèrent et s'étirèrent.

Largo se sentait particulièrement guilleret ce matin. Avachi sur la botte de foin et contemplant avec délices les exercices de mise en forme de sa garde du corps, il se mit à siffloter. Pourtant s'ils ne voulaient pas être retrouvés par leurs poursuivants, il fallait qu'ils évitent de se faire repérer et donc qu'ils soient le plus silencieux possible. Joy lui adressa un regard noir et le rappela à l'ordre. Penaud, Largo cessa aussitôt de siffler et s'excusa avec un sourire charmeur. Joy s'adoucit. La bonne humeur de son patron était communicative... totalement incongrue vu la situation, mais communicative.
Joy sourit :
_ Ce n'est pas grave. Dis donc ça te réussit de dormir loin du luxe ! Tu devrais peut-être faire ça plus souvent....
Elle s'empourpra légèrement en se souvenant de la position ambiguë dans laquelle ils s'étaient réveillés. Heureusement, Largo ne semblait pas avoir relevé. Mais elle jugea plus prudent quand même de détourner mine de rien la conversation. Tu sifflais quoi ?
Largo se figea brusquement. C'était une bonne question. Il n'en avait aucune idée. Il ne l'avait pas fait consciemment. Pour identifier cette chanson, il essaya de se remémorer les notes qu'il venait à peine de siffloter. Il y arriva sans trop de peine... mais ce n'était pas vraiment une bonne chose, le résultat était plutôt embarrassant. Qu'est ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? Euh, pour sa tranquillité d'esprit, il valait peut-être mieux ne pas approfondir... Inconsciente de la gêne soudaine de son compagnon, Joy insista :
_ Alors ?
Largo, s'étant ressaisi, déclara d'un ton qui se voulait désinvolte :
_ Oh juste une vieille chanson française d'une certaine Juliette Gréco (2). Je ne me souviens pas du titre. Je ne sais même pas pourquoi, elle m'est venue en tête, j'ai dû l'entendre à la radio, il n'y a pas longtemps... Désolé ce n'était pas le bon rythme pour tes exercices matinaux.
Joy sourit à cette dernière remarque et au grand soulagement de Largo, abandonna ce sujet pour se concentrer sur ce qu'ils devaient faire pour se débarrasser de cette histoire de mallette et de corbeaux tout en restant en vie.

Quelques instants plus tard, en se hâtant pour rejoindre Joy qui ne l'avait pas attendu, Largo réfléchissait encore à ses étranges rêves. Avec un sourire, il en tira la conclusion suivante :
Commandement numéro onze : tu ne sortiras jamais ... mais vraiment jamais ! .... avec une femme portant des souliers verts ! !

Fin.



(1) L'auteur (ouvrant de grands yeux innocents) assure à certaine(s) lectrice(s) que ce nom a été choisi totalement au hasard !

(2) Bon là, je ne vais pas prétendre que j'ai choisi cette chanson totalement au hasard, on ne me croirait pas. Hein, christal ? C'est un petit clin d'œil à un certain petit défi.... Je n'ai pas pu résister.
Pour ceux qui n'auraient pas identifié la chanson [après tout Juliette Gréco en a chanté plus d'une ...et les indices que j'ai laissés ne sont peut-être pas suffisamment évidents pour tout le monde même si le contexte aurait dû vous aider]... et donc le pourquoi de la gêne soudaine de Largo. Il s'agit de Déshabillez-moi...



Bon, Ok, j'avoue, j'ai un peu (beaucoup ?) dévié par rapport aux contraintes initiales du challenge...... J'espère que vous me pardonnerez, mais c'était bien plus drôle à écrire et ça faisait un moment que je voulais faire un truc par rapport à cette chanson de Lynda Lemay... Et puis objectivement, vous devriez reconnaître qu'il y a bien une allusion aux sentiments que Largo et Joy ont l'un envers l'autre et à l'hésitation de Joy avant de s'engager avec son patron... même si je n'en ai pas fait le sujet essentiel de la fic !
Enfin, dernier point, il n'existe aucune raison valable à ma connaissance pour que tout se passe toujours bien même dans ses rêves ! !
K'ren qui espère quand même que cette petite histoire vous a amusé et vous a fait passer un bon moment

PS: N'oubliez pas qu'un petit mot pour dire ce que vous en avez pensé est toujours apprécié (même si c'est pour dire que vous n'avez pas aimé ou critiquer) surtout si vous expliquez pourquoi. Vous pouvez laisser un mail à l'adresse suivante: winchkrenien@yahoo.fr

Parole de la chanson de Lynda Lemay : Les souliers verts