Kerensky était pensif en raccrochant le combiné. Il le demeura pendant un temps. Retrouver la jeune fille ne serait pas aisé. À moins que...

Il pianota rapidement sur son clavier. Bingo ! Douée, mais pressée, l’adolescente n’avait pas prit le temps d’effacer du disque du les traces de ses recherches.

Il décrocha le téléphone et composa le numéro de son patron.

- Rejoins-moi avec Simon dans le hall, je sais où elle est.

* * *




La nuit était tombée depuis quelques minutes lorsqu’enfin, il y eut du mouvement du côté du bâtiment. Un homme en sortit et monta dans la voiture. Il faisait trop noir pour que Mya puisse l’identifier, donc elle ne put que supposer qu’il s’agissait de Maurice.

La jeune fille avait faim et sommeil, bien qu’il fut encore assez tôt. Il faut dire qu’elle n’avait que très peu dormi la nuit précédente, occupée à échafauder un plan pour retrouver sa mère. De plus, ces longues heures de surveillance n’avaient rien arrangé. Elle n’avait mangé depuis hier qu’une pomme et une barre chocolatée. Des deux bouteilles d’eau minérale qu’elle avait amenées, il n’en restait plus qu’une et elle gardait l’autre pour Joy.

Elle se leva lentement et laissa ses articulations se dégourdir un peu avant de se faufiler jusqu’au hangar qui se dessinait dans la noirceur. Faisant le moins de bruit possible, elle y pénétra. Elle tendit l’oreille. Personne à proximité. Elle alluma sa lampe de poche et fit un rapide calcul alors que le faisceau lumineux éclairait la vaste salle encombrée de vieilles caisses vides. Les trois pièces où étaient susceptibles de se trouver étaient sur sa droite. Sur la pointe des pieds, elle s’y dirigea.

L’air était humide et glacial. Mya regretta de ne pas avoir apporter une veste. Mais pire que le froid, il y avait les rats. Et elle en avait une peur bleue. Elle entendait les grattements de leurs griffes sur le béton du sol alors qu’ils se déplaçaient, leurs couinements, tels des rires dans l’ombre... Elle voyait leurs yeux briller dans la noirceur, guettant chacun de ses mouvements comme si elle était une bête curieuse, ou encore leur prochain repas. À cette idée, elle frissonna et accéléra le pas.

Près de sa destination finale, elle éteignit le rayon de sa lampe, craignant qu’il ne trahisse sa présence et n’alerte les malfrats. Elle sortit ensuite de son sac le détecteur de chaleur et le mit en marche. Arrivant devant la première porte, elle sonda l’intérieur de sa petite salle. Quelques points rouges apparurent sur le minuscule écran, mais il y en avait six et d’après les sons qui lui parvenaient, il ne s’agissaient que de rongeurs.

Elle répéta l’opération avec la deuxième porte qui était entrouverte et détecta deux présences. Silencieuse, elle y jeta un coup d’oeil. Deux hommes jouaient aux cartes sur une table posée dans le fond. Chacun avait une canette de bière à portée de main. Elle recula lentement. Plus qu’une pièce.

Une fois de plus, elle utilisa le détecteur. Une seule source de chaleur. L’adolescente ouvrit lentement la porte.


La voiture s’arrêta et immédiatement, un grand homme en sortit, côté passager. Il fit quelques pas et observa les lieux. L’entrepôt semblait vide. Deux autres individus le rejoignirent.

- Tu es sur que c’est là ?
- Certain répondit le russe.
- Tu ne m’avais pas parler de cet endroit, remarqua Largo.
- Je ne croyais pas que Maurice courait la chance de rester au même endroit plus de quelques jours. S’il est bien à l’intérieur, il y est depuis un bon moment.
- Il comptait peut-être justement sur le fait que nous croyions qu’il serait plus malin, suggéra Simon.

Soudain, tous s’accroupirent. Une voiture arrivait. Ses phares éclairèrent un instant la façade du bâtiment puis s’éteignirent. Un homme sortit du véhicule. Rapidement, Kerensky sortit d’un sac une paire du jumelle infra-rouge et regarda au travers avant de les passer à ses camarades.

- C’est lui, confirma-t-il.

Il vit Largo sortir son arme de la poche intérieure de son veston puis la pointer vers la silhouette qui marchait en direction de l’entrepôt. Avant que le milliardaire n’ait pu faire quoi que ce soit, l’informaticien posa une main sur l’arme, l’abaissant.

- Pas encore, fit-il.
- Mais pourquoi ? S’énerva le PDG. Je l’avais dans ma mire, j’aurais...
- Tu aurais alerté ses copains. Ceux-là même qui surveillent Joy. Et si Mya est à l’intérieur, elles risquent déjà assez gros toutes les deux, tu ne trouve pas ?

Largo acquiesça sans rien dire, mâchoire serrée. Il regarda Maurice disparaître à l’intérieur du bâtiment. Sa main se crispa sur le revolver.

* * *




Joy était assise sur une chaise au milieu de la pièce, pieds et poings liés. Sa tête retombait sur sa poitrine et son corps portait des traces de coups. Mya courut vers elle, la peur lui enserrant la gorge, et prit entre ses mains le visage pâle de sa mère. Sa lèvre inférieure était fendue et elle avait à l’arcade sourcilière une blessure qui, selon le sang séché qui la marquait, dessinant une ligne sinueuse jusque dans son cou, était vieille de quelques temps et avait du saigner abondamment. Ses joues étaient couvertes d’ecchymoses, sûrement dû aux coups répétés. Mya eut envie de tuer celui ou ceux qui l’avaient tant fait souffrir.

- Maman ? Appela-t-elle. Maman, tu m’entends ? C’est moi, réveille-toi.

Lentement, Joy ouvrit les yeux. Elle cligna plusieurs fois des paupières, mais mêmes ces délicats mouvement lui semblaient difficiles, douloureux.

- My... Mya ? Articula-t-elle.

Ses paroles n’étaient qu’un souffle.

- C’est moi, répéta la jeune fille. Je suis là.
- Va-t-en... Sauve-toi...
- Pas sans toi. Je ne te laisserai pas ici.

Elle contourna la chaise et, utilisant le petit couteau qu’elle avait emporté avec elle, commença à trancher les liens épais. Lorsque ce fut fait, elle s’attaqua aux pieds. Puis, elle sortit la bouteille d’eau de son sac et tenta d’en faire boire à sa mère. Humidifiant un bout de tissu, elle le passa sur le visage de sa compagne, lui redonnant un peu plus de vie. La froideur du liquide revigora Joy.

- Mya, tu ne pourras pas nous faire sortir d’ici toutes les deux. Pars. Maintenant.
- Non, s’obstina l’adolescente.
- Je t’ordonne de...
- Tais-toi, maman.
- Ils nous retrouveront...
- Nous nous cacherons. Ensemble.

Tandis qu’elle parlait, elle évaluait du regard les blessures de sa mère. Autres ecchymoses aux bras et aux jambes, coupures, éraflures aux chevilles et aux poignets... Et elle avait du tenter de se défaire de ses liens, sans succès. Soulevant un peu la chemise que portait l’ancienne garde du corps, elle devina aux teintes de sa peau qu’elle avait sûrement une voire plusieurs côtes cassées.

- Il te faut un médecin, décréta-t-elle. Et du sommeil.
- Nous ne pourrons pas, fit encore Joy, ils sont trop forts.
- Alors tu abandonnes, souffla la jeune fille.
- Mya...
- On trouvera un moyen, maman. Mais on y parviendra. Et s’il le faut, papa nous aidera. Il y a toujours un moyen. Suffit d’y croire.

Joy plongea son regard dans celui de sa fille lorsqu’elle prononça le mot fatidique.

- Oh... Mya...
- Il est génial, tu sais.
- Comment ?
- C’est une longue histoire. Nous aurons tout le temps plus tard. Mais maintenant, il faut partir, dit-elle en se levant et en aidant la femme brune à en faire de même.

Sa mère gémit de douleur.

- Tu dois m’aider, continua Mya. Seule, je n’y arriverai pas.

Tant bien que mal, l’ancienne garde du corps se redressa, grimaçante. Elle parvinrent jusque dans le couloir.

- Allez, l’encouragea l’adolescente. Encore quelques minutes et on est dehors.
- Ça, j’en doute, fit une voix devant eux.

Et Maurice sortit de l’ombre, une arme braquée sur elles.

* * *



- Il est entré il y a plus de quinze minutes, lança Largo. Qu’est-ce qu’on fait ?

Simon soupira. Cela ne faisait que la vingtième fois que son ami posait la même question.

- D’accord, fit Kerensky. On y va. Mais on reste sur nos gardes.

Il se faufilèrent jusqu’au hangar. La porte grinça légèrement en s’ouvrant.

- Saleté de bestioles, marmonna le suisse en voyant un gros rat gris passer devant eux.


- OUILLE ! Faites attention ! S’exclama Mya.

Edgar de réagit pas et serra de plus belle la corde autour de ses poignets.

- Ça fait mal, ce truc, vous savez ?
- Tais-toi ou je te bâillonne, cracha-t-il.

Ses deux acolytes étaient debout près de la porte. Lorsqu’il eut terminé sa tâche, il se tourna vers eux, coléreux.

- Pouvez-vous m’expliquer comment une fillette a pu s’introduire ici sans que vous ne vous en aperceviez ?

Comme ils ne répondaient pas, il s’énerva de plus belle.

- Espèce d’idiots ! Je parie que vous vous amusiez encore !
- Dur de trouver du bon personnel, de nos jours, commenta Mya.

Maurice lui jeta un regard noir, mais elle continua.

- Si ça continue, va falloir penser à vous recycler.

Malheureusement pour elle, le malfrat semblait de très mauvaise humeur. Sa main mordit la joue de la jeune fille. Les larmes lui vinrent aux yeux, mais elle les repoussa et, hargneuse, le regarda droit dans les yeux. Il afficha un petit sourire et s’accroupit devant elle.

- Aussi mordante que ta mère, dit-il. Mais je viendrai à bout de ton sale caractère, petite.
- Vous pouvez toujours courir, pourriture.
- Elle disait la même chose, lui apprit-il en désignant du menton Joy qui s’était de nouveau évanouie. Et regarde-la, maintenant. Elle est pitoyable. Je pourrais la tuer. Ce n’est pas l’envie qui m’en manque. Elle a faillit me tuer, l’autre jour, dans ce parc. Mais j’ai été plus malin. Fort heureusement pour vous, la Commission vous veut vivantes. Nous tenons enfin les deux choses auxquelles Winch tient le plus. Charmant, non ? Par amour pour vous, le petit hériter sera un véritable pantin entre nos mains. Nous ferons de lui tout ce que nous voudrons. Gentil petit toutou.

Il eut un autre sourire satisfait et vainqueur qui se transforma en rictus de fureur lorsque l’adolescente lui cracha au visage. Il saisit son menton entre ses doigts, le tenant fermement.

- Nous remportons la partie. Plus rien ne nous arrêtera.
- Monsieur, fit soudain l’un des gardes, il y a quelqu’un dans l’entrepôt. J’ai entendu du bruit.

Maurice la lâcha et se releva.

- Sûrement les rats, commenta l’autre. Mais...
- Allez voir, ordonna le tueur.

Les deux hommes s’exécutèrent. Edgar sortit son arme de son holster attaché à sa ceinture. Il vérifia qu’elle était chargée.

- Nerveux ? S’enquit innocemment Mya.

Il l’ignora.

- Ce sont eux. Ils sont venus me chercher, fit-elle encore.
- Ils ne savent pas où tu es.
- J’ai réussit à vous trouver toute seule. Vous croyez qu’eux ne le peuvent pas ?
- Si c’est le cas, et je dis bien si, mes hommes les abattrons comme des chiens. Ce sont des pros.
- Que je suis arrivée à déjouer, lui rappela-t-elle. La partie n’est pas encore gagnée.
- Tu feras moins la maligne lorsqu’ils ramèneront leurs corps ici.

Des coups de feu résonnèrent. Mya sursauta et déglutit. La fusillade se poursuivait. Les projectiles faisaient-ils mouche ? Aucun moyen de le savoir. Tandis qu’Edgar faisait les cent pas dans la pièce, la jeune fille priait pour que comme dans les histoires que lui lisait sa mère lorsqu’elle était enfant, les bons en ressortent vainqueurs.

Elle jeta un coup d’oeil à celle-ci. Elle avait sombré dans l’inconscience. De grosses gouttes de sueur avaient mouillé son front. Elle avait de toute évidence de la fièvre. Il lui fallait de l’aide. La jeune fille ferma les yeux un instant. Si seulement comme dans les contes, il suffisait d’un baiser du prince charmant pour que ne s’éveille la Belle...

Maurice composa sur son téléphone portable un numéro qu’il lui fut impossible de voir.

- J’ai besoin de renfort, dit-il simplement avant de raccrocher.
- On doute, soudain ?

Il eut un rictus. Rapidement, il passa derrière elle et commença à détacher ses liens. Puis, il la força à se mettre debout. D’une main, il immobilisait toujours les siennes. La jeune fille tendit l’oreille et put percevoir les pas qui se rapprochaient. Qui était sorti vainqueur ?

Elle sentait la poigne de son assaillant se raffermir. Il lui broyait littéralement les poignets, mais elle ne souffla mot.

Et finalement, Largo pénétra dans la salle, accompagné de Kerensky et Simon. De soulagement, une larme coula sur la joue de l’adolescente. Elle reprenait espoir.

Les regards des trois nouveaux arrivants passèrent de l’otage à l’ancienne garde du corps. La jeune fille vit leurs visages se durcirent. Ils étudiaient la situation.

- Mya, demanda le milliardaire, tu vas bien ?

Elle acquiesça.

- Pas pour longtemps, Winch. Si vous faites un quelconque mouvement brusque, je la tue.

Il y semblait en effet prêt car il enleva la crosse de sécurité de son arme et la pointa sur sa tête. Un frisson la parcouru. Elle s’aperçut du désespoir de la situation. Au moindre geste, Maurice tirerait. L’intel Unit ne pourrait l’abattre avant.

- Que voulez-vous, Edgar ?
- Vous savez ce que nous voulons.
- Le Groupe.
- La question est plutôt : Êtes-vous prêt à nous le céder ? Réfléchissez bien, Winch. Votre empire et ses millions contre deux vies.

Largo ne soufflait mot.

- Le temps file et je n’ai pas toute la nuit, continua Maurice. Votre réponse ?
- Laissez-les. Je vous donnerai ce vous voulez, fit le PDG, le visage dur.
- Voilà qui est sage. Maintenant, vous allez jeter vos armes dans ma direction et reculer au fond de la pièce. Allez rejoindre mademoiselle Arden.

Ils s’exécutèrent alors que Mya et le tueur de la Commission bougeaient aussi. Ils étaient désormais près de la porte. Kerensky s’occupait de Joy tandis que les deux autres suivaient attentivement la scène.

- Lâchez ma fille, ordonna Largo. Nous avons conclu un accord.
- Mais je n’ai que votre parole et cela ne suffit guère. Je garde la gamine jusqu’à ce que les papiers soient signés. Mais je suis bon joueur. En guise de bonne foi, je vous laisse la mère. De toute façon, dans son état, elle est assez encombrante.

Ils commencèrent à reculer.

- Papa, souffla Mya.

Elle sentait le métal froid de l’arme contre sa tempe. Dans sa tête, une chose était parfaitement claire : jamais il ne la laisserait partir vivante. Quoi que Largo puisse leur donner ou promettre, la Commission la tuerait.

Elle planta son regard dans celui de son père et y lut le reflet de sa propre peur. Il savait, lui aussi. Si elle suivait Edgar, il n’y avait plus d’espoir. Alors elle décida de jouer le tout pour le tout.

D’un mouvement brusque, elle écrasa de son talon les orteils de Maurice qui poussa un cri de douleur. Elle mordit dans le même élan le bras qu’il avait passé autour de sa gorge. Il lâcha ses mains, la libérant de son emprise. Elle se jeta par terre en direction des armes et en attrapa une. Se mettant un genou par terre, elle la pointa sur Maurice. Ce dernier la regardait en souriant, son revolver à la main.

- Tu ne sais même pas t’en servir, petite idiote, ricana-t-il.

Pour toute réponse, elle enleva le cran de sécurité de l’arme. Le déclic résonna dans la pièce.

- Vous disiez ?

Il continua :

- Il faut du cran, pour tirer, Mya. Es-tu prête à me tuer ? On se souvient toute sa vie de son premier meurtre, tu sais. Sauras-tu continuer ta paisible existence après m’avoir abattu ? J’en doute fort, vois-tu.
- Vous semblez oublier une chose, Maurice.

Il haussa un sourcil.

- Quoi donc ?
- D’où je tiens mes gènes.

Et elle tira.

Le projectile fit mouche. Dans un hurlement de douleur, Edgar s’écroula sur le sol. En un instant, Simon accourut et le désarma. Mya, l’arme encore fumante en main, restait immobile, tenant toujours l’homme en joue. Elle regardait le sang qui s’écoulait petit à petit sur le sol, provenant de sa plaie à la jambe. Elle avait tiré. Elle y était parvenue.

Et soudainement, elle lâcha le Beretta. Celui-ci tomba sur le béton. L’adolescente le regarda. Elle avait tiré sur un homme. Et si c’était à refaire, elle le ferait. Ses mains se mirent à trembler, ses yeux à piquer. Seigneur, qu’était-elle devenue ? Il y avait à peine quelques semaines, elle vivait tranquillement sa vie, insouciante, inconsciente de ce monde dans lequel soudain elle se retrouvait noyée.

Son père apparut dans son champ de vision. Il s’agenouilla devant elle, mais la surplombait toujours vu sa grande taille. Elle n’osait le regarder. Il devait être en colère. Elle était partie du Groupe, se mettant ainsi elle-même en danger. Mais elle l’avait fait parce qu’elle le devait, parce qu’elle ne pouvait plus attendre. Elle se le répéta plusieurs fois et trouva en ses mots le courage nécessaire pour enfin confronter son regard.

Contrairement à ce qu’elle avait cru, il n’y avait dans celui-ci aucune once de colère. Simplement une douceur infinie. De l’inquiétude, aussi, et de la joie. Et puis du soulagement, primant sur tout le reste.

- Tu vas bien ? Demanda-t-il encore d’un ton doux.

Elle ne put qu’hocher la tête avant qu’il ne l’attire dans ses bras pour la serrer contre lui presqu’à l’étouffer.

- Seigneur, l’entendit-elle murmurer, ce que j’ai eu peur...
- Je suis désolée, papa. Je sais que je n’aurais pas dû quitter le groupe.
- Je ne t’en veux pas, Mya. Je comprends. Nous avons eu tort de te laisser de côté.
- Je ne voulais pas te décevoir...
- Mya, jamais... je suis fier de toi. Tu as fait preuve de beaucoup de courage, ce soir. Peu en aurait fait autant.

Elle s’écarta de lui après une dernière étreinte.

- Comment va maman ?

Derrière eux, Simon et Kerensky l’auscultaient toujours. Largo leur posa la question, un plis d’inquiétude lui barrant le front.

- Déshydratation. Et elle n’a pas mangé depuis un bail. Côtes brisées. À première vue, je dirais trois, mais je ne suis pas sûr. Il lui faut un médecin. Mais elle survivra, lança le russe pour les rassurer après le diagnostic.
- Il faut partir rapidement, fit soudain Mya. Maurice a appelé du renfort. Ils ne vont pas tarder à arriver.
- Je suis tout à fait d’accord, dit Simon en aidant l’informaticien à soulever l’ancienne garde du corps pour la porter.

Largo et la jeune fille ramassèrent leurs armes et les suivirent alors qu’ils sortaient. Ils montèrent tous cinq en voiture, direction le Groupe W.


Quelques minutes plus tard, trois camionnettes sombres se garaient à leur emplacement et une vingtaine d’hommes cagoulés en sortaient. Ils découvrirent dans l’entrepôt les cadavres des deux gardes et dans une autre pièce, Edgar Maurice ficelé comme un ver et hurlant de colère, constatant l’échec de sa mission.

Suivant la politique de la maison, les hommes abattirent Maurice et laissèrent son corps derrière eux en partant.

Une fois de plus, ils avaient perdu.

* * *



Groupe W
Quelques heures plus tard


Le docteur sortit de la chambre, mallette à la main. Il referma doucement derrière lui puis marcha jusqu’aux deux personnes assises sur un sofa. En le voyant, elle se levèrent. Toutes deux avaient l’air épuisées et extrêmement soucieuses, aussi de s’embarrassa-t-il pas de son vocabulaire scientifique, allant droit au but.

- Comme vous l’aviez deviné, elle a trois côtes cassées. Je lui ai posé un bandage. Elle devra rester au lit pendant plus d’une semaine et être très prudente par la suite. Je lui ai prescrit des calmants et des anti-douleurs. Cela l’aidera, surtout pour les premières nuits. Il lui faut aussi boire beaucoup d’eau. Pour ses autres blessures, je lui ai posé de nouveaux pansements. Les tissus de régénéreront seuls. Je ne sais pas ce qu’il lui est arrivé, monsieur Winch, mais j’espère que cela ne se reproduira plus.
- Merci, docteur, je sais qu’il est tard...
- J’aimerais qu’elle soit hospitalisée, continua le médecin sans compter sur son interruption. Mais vous connaissant, c’est sûrement hors de question, hum ?
- En effet. Elle est en sécurité, ici.
- Vous savez, depuis le temps, je ne devrais même plus poser de questions.

Largo avait en effet expliqué à Mya que l’Intel Unit avait régulièrement recourt à lui depuis de longues années. Ils lui faisaient confiance.

Le petit homme remonta ses lunettes rondes sur le bout de son nez et jeta un coup d’oeil à sa montre.

- Ma femme va me tuer, soupira-t-il.

Il sourit néanmoins à ses compagnons avant de se diriger vers la sortie.

- Je reviendrai demain pour ses bandages.

Et il partit. L’adolescente se rassit lentement sur le sofa. Son père resta quant à lui debout, immobile, fixant la porte de sa chambre où ils avaient installé Joy.

- Tu as peur ? Demanda soudain sa fille.

Il la regarda sans comprendre.

- Elle est revenue à la maison, dit-elle. Pas d’elle-même, bien sûr, mais on en revient au même point. Elle n’aura pas de choix, cette fois. La confrontation est inévitable.
- Oui, avoua-t-il je suis mort de trouille. Et j’ai tant de questions...
- Moi aussi, je te rassure.

Un ange passa.

- Elle n’a pas changé, murmura-t-il. Toujours si... tellement... elle.

Mya sourit. Dans les yeux de son père, elle pouvait voir la flamme de l’amour. Il était toujours cet amoureux transi que sa mère avait quitté tant d’années plus tôt. Mais bizarrement, elle avait besoin de l’entendre le dire. Comme pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas.

- Tu l’aimes encore ? S’enquit-elle.
- Je n’ai jamais cessé...

Il demeura un instant silencieux.

- Lorsqu’elle m’a fait part de son désir de ne plus m’écrire... commença-t-il avant de faire une courte pause, comme pour réfléchir, je lui en ai voulu, c’est vrai. Je ne comprenais pas. Mais je me suis dis ensuite qu’elle devait avoir une bonne raison de le faire. Malgré tout, je n’ai pu me plier à ce qu’elle me demandait de faire. J’avais l’impression que si je n’écrivais plus, je vous trahirais toutes les deux. Je ne pouvais savoir réellement si vous alliez bien alors que défilaient les années. Alors un jour, tu avais quatre ans, alors, j’ai envoyé Simon.

« Personne n'oublie Simon Ovronnaz. Même après une décennie ! » avait dit le suisse lors de leur première rencontre. Et l’impression de « Déjà vu » qui l’avait assaillie lorsqu’elle avait vu le bulletin de nouvelles...

- Il est resté avec vous trois jours, jusqu’à ce qu ta mère ne le mette à la porte. Cette petite intrusion m’a permis de savoir ce que je voulais, mais me faisait souffrir à la fois. Mon meilleur ami avait vu ma propre fille alors que je devais quant à moi me contenter de photographies. Je voulais tant te rencontrer, Mya, que tu puisses grandir près de moi...

Il soupira.

- Mais il y avait la Commission Adriatique. Les attaques continuaient, s’intensifiaient, même. Vous étiez seules toutes les deux et je craignais qu’ils ne découvrent votre cachette. Ce qui est arrivé, finalement. Je m’en veux tellement...

Il ferma les yeux et les muscles de sa mâchoire se crispèrent.

- Ils auraient pu vous tuer, aujourd’hui. Je ne l’aurais pas supporter.

Elle se leva lentement.

- Nous sommes là, papa. Nous allons bien.
- Dis ça à ta mère, répliqua-t-il, sa haine contre lui-même transparaissant dans sa voix. J’ai faillit la tuer, une fois de plus...
- Ce n’était pas toi ! Éleva–elle le ton. Tu crois qu’elle ne savait pas ce qui l’attendait, en tombant amoureuse de toi ? Elle l’a accepté. Rien n’est facile. C’est pourquoi il faut se battre, papa. Vous aussi avez droit au bonheur. Tu dois simplement y croire toi aussi.

Il ne disait mot et avait recommencé à fixer la porte de sa chambre.

- Je veux une famille normale. Je t’ai trouvé et je ne te lâcherai pas, quoi que l’un d’entre vous puisse dire ou décider. Je connais la vérité et elle ne me fait pas peur. Ils ont eu ce qu’ils voulaient pendant quinze ans. Ils nous ont désunis. C’est ensemble que nous les aurons.

Il se tourna vers elle. Ses traits s’étaient adoucis.

- Je n’arrive pas à croire que ma fille me fait la leçon, sourit-il faiblement.
- Faut bien que quelqu’un le fasse, répliqua-t-elle. Et puis, je sais que j’ai raison.

Son sourire s’agrandit.

- Bon, fit l’adolescente, on ne va pas rester planter ici toute la nuit. J’ai faim. Tu connais une pizzeria ouverte à cette heure ?
- Je peux trouver.

Mya fronça soudain les sourcils et se mit à examiner attentivement son père.

- Un problème ? S’enquit celui-ci, passablement inquiet.
- Je me demandais si vous étiez trop vieux, toi et maman.
- Trop vieux ?
- Oui, pour me faire un petit frère ou une petite soeur, dit la jeune fille avait de partir vers la cuisine, laissant son compagnon pantois au milieu du salon.

* * *




Elle ouvrit lentement la porte de la chambre. À l’intérieur, il faisait sombre, Avant d’y pénétrer, elle osa un regard par-dessus son épaule. Couché sur le sofa, ses longues jambes pendant dans le vide et un bras derrière la tête en guise d’oreiller, Largo dormait profondément. Quelques minutes plus tôt, elle l’avait recouvert d’une mince couverture.

Il était près de dix heures du matin mais, malgré les pauvres heures de sommeil qu’elle avait accumulées ces jours-ci, Mua, aidée par un litre de café noir, il est vrai, avait les yeux bien ouverts. Nul doute que lorsque cette histoire serait terminée, et il lui tardait qu’elle le soit enfin, elle prendrait du repos. Elle en avait bien besoin. Mais pour l’instant, elle avait à faire.

Elle fit quelques pas en avant et referma doucement derrière elle. Elle avança à tâtons pendant un temps mais préféra finalement laisser le temps à ses yeux de s’habituer à la pénombre ambiante. Au bout d’environ une minute, elle put enfin discerner les masses opaques des meubles. Elle s’approcha du lit dans lequel dormait sa mère. Prenant garde à ne faire aucun bruit, elle s’agenouilla près d’elle.

Déjà, elle semblait aller mieux. Mais le bandage qui lui masquait une partie du front ramenait la visiteuse à la dure réalité ; sa mère avait beaucoup souffert...

De nombreux cadres posés sur la table de chevet attirèrent son attention. Presque tous la représentaient à divers stades de sa vie. Quelques photos la représentaient avec sa mère. Vu son âge sur celles-ci, ce devait être Simon qui les avaient prises lors de sa courte visite. Trois en particulier retinrent son attention. Deux d’entres elles avaient pour sujet Joy et Largo.

La première avait été prise lors d’un dîner aux chandelles dans un restaurant d’apparence assez chic. L’éclairage était tamisé. La jeune femme portait une jolie robe sable tandis que Largo était très séduisant dans sa chemise bleu nuit un peu ouverte sur son torse. Les mains du couple étaient jointes et ils se regardaient amoureusement, comme s’il n’existait rien d’autre qu’eux au monde.

Sur la seconde, prise dans un parc, sans doute celui en face du Groupe, le milliardaire était appuyé contre un arbre et tenait Joy dans ses bras, blottie contre lui. Sa joue était appuyée contre la poitrine du jeune homme et tous deux avaient les yeux fermés.

Finalement, sur la dernière, il n’y avait que Joy et elle. L’ancienne garde du corps était assise sur un des sofas de leur maison et elle, petite fille de cinq ans environ, bien installée dans ses bras, dormait paisiblement. La jeune femme tenait encore dans sa main le livre préféré de Mya à l’époque. Le cliché avait été pris alors que Joy déposait un baiser dans ses cheveux.

Il y avait tant d’amour dans ces photographies que l’adolescente avait la gorge serrée rien qu’en les regardant. Elle aurait voulu que son père ait été à leurs côtés, pendant ces temps-là.

Elle tourna la tête vers sa mère et vit qu’elle avait les yeux ouverts et l’observait. Depuis quand ? Impossible de savoir. La jeune fille lui sourit tout en lui prenant la main.

- Eh, ça va ?
- Ça peut aller, souffla Joy. Où sommes-nous ?
- Tu ne te rappelles pas ?

Joy laissa son regard errer dans la pièce.

- C’était il y a si longtemps... Mais rien n’a changé. Où est-il ?
- Il dort au salon. Nous avons eu une dure nuit.
- Oui, je me souviens. Tu n’as rien ?

Elle secoua négativement la tête.

- Que s’est-il passé ? je crois que j’ai perdu connaissance. Je me souviens que l’homme est arrivé...
- Oui, son nom est Maurice.
- Il travaillait pour la Commission. Il voulait que je lui dise où tu étais. Mais je ne le savais même pas...
- Lorsqu’il nous a attaquées dans le parc, tu m’as dit de m’enfuir. C’est ce que j’ai fait. Je suis entrée à la maison. Je me suis dit que si tu avais une arme sur toi, tu en gardais peut-être une autre là-bas, alors j’ai fouillé dans ta chambre et je l’ai trouvée. Accompagnée des lettres...
- Les lettres... Je ne suis jamais parvenue à m’en débarrasser. Et ensuite ?
- Kerensky est arrivé. Il m’a emmenée ici avec lui et j’ai fait la connaissance de Largo. Je ne savais toujours pas la vérité et je doute qu’il me l’ait jamais dite si je n’avais pas lu ce qu’il avait écrit.
- Tu as dû...
- Avoir un choc ? Et comment ! J’ai appris que l’un de mes nouveaux copains était mon père. Sans parler de l’existence d’un grand-père et de ton passé à la CIA.
- Tu l’as vu ? Charles, je veux dire.
- Non, mais j’espère y remédier bientôt.

Joy ferma les yeux un instant. Son visage de crispa.

- Tu as mal ? Demanda l’adolescente, inquiète.
- J’ai connu pire, répondit-elle simplement. Que s’est-il passé par la suite ?
- Nous avons appris à nous connaître. C’était bien, mais pas assez. Tu me manquais tellement... Les jours passaient et l’espoir de te retrouver s’amenuisait. J’ai finalement surpris l’une des conversations entre les trois autres, avant-hier. Ils voulaient mettre la pédale douce, si tu vois ce que je veux dire. Je ne l’ai pas très bien pris et je suis partie.

Joy ouvrit la bouche pour protester mais sa fille la devança :

- Je sais, c’était imprudent. Mais je ne pouvais plus attendre. Et te retrouver fut relativement facile. Tu connais cette partie. Ensuite, lorsque Maurice nous a rattrapé avant que nous ne puissions filer, ils nous a immobilisées. Il disait que maintenant qu’il nous tenait toutes les deux, Largo leur donnerait tout ce qu’ils voulaient. Malheureusement pour lui, les autres sont arrivés. Il se retrouvait seul face à eux. Il m’a prise en otage, réclamant le Groupe W en échange de ma vie. Largo a accepté, mais Maurice a déclaré qu’il me gardait en guise de bonne foi. Histoire de ne pas se faire rouler. Je ne suis pas bête, je savais ce qui allait suivre. Je me suis débattue et suis parvenue à le faire lâcher prise pour ensuite attraper une arme. Mais il avait toujours la sienne. Il m’a provoquée, à tenter de m’intimider. J’ai quand même tiré.
- Tu...
- Dans la jambe, s’empressa-t-elle de préciser. C’était assez pour que les garçons puissent intervenir sans crainte.
- Et dire que c’est ce genre de situation que je voulais t’éviter, soupira Joy.
- C’est pour ça que tu ne m’as jamais parlé de papa ?
- Tu ne posais pas de question, jamais. Et puis... Mya, j’aurais voulu te dire la vérité, mais.. . je voulais tellement que tu aies une vie normale... Si je t’avais révélé l’identité de ton père, tu aurais cherché à le rencontrer et t’aurais mis par la même occasion en danger.

Elle fit une courte pause.

- Je me souviens... Lorsque tu es née, Mya, et qu’on t’a mise dans mes bras... tu étais si petite et si jolie... Déjà, tu avait conquis mon coeur. Je t’ai aimée de toutes mes forces dès le premier regard. J’ai automatiquement oublié le reste, ce que j’avais enduré pour en arriver là. Les mois de solitude étaient loin derrière. Je ne pensais plus qu’à te protéger. Je ne voulais pas que tu aies à connaître la peur. Les poursuites, les fusillades et les prises d’otages, je connais, Mya. Pour toi, je voulais autre chose. Je voulais mieux. Je suis désolée si tout n’a pas été parfait, ma chérie. Mais j’ai fait ce qui me semblait bien.

Elle serra la main de sa fille.

- Nous avons tous fait d’énormes sacrifices dans cette histoire. Mais je me dis, en te voyant devant moi, aujourd’hui, que ça en valait la peine. Lorsque j’avais le blues de mon ancienne vie, je n’avais qu’à penser à toi et à me répéter que tout cela, c’était pour que tu puisses vivre ta vie sans crainte. Je sais que j’ai blessé Largo en n’écrivant plus. Mais pour parvenir à vivre pour nous, je le devais. Je ne pouvais être hantée par mes vieux fantômes. Même si cela me fendait le coeur. Parfois, je lui envoyais des photos. Lui continuait d’écrire. J’avais l’impression qu’il savait que je l’aimais toujours, ainsi. Je voulais qu’il comprenne. Et puis il y a quelques semaines, il m’a fait part pour la première fois de son désir de te voir, de te faire venir ici, au Groupe. Je sais qu’il en rêvait depuis longtemps. Il écrivait que tu étais prête, maintenant. Qu’à quinze ans, tu étais assez mature pour apprendre la vérité. J’allais accepter, t’en parler. Mais les événements m’en ont empêchée. J’espère seulement que tu ne m’en veux pas trop.

Lorsqu’elle était petite, Mya se faufilait dans la chambre de sa mère, le matin, alors que celle-ci dormait encore. Elle apportait avec elle son livre préféré du moment et se couchait près d’elle. Elle la réveillait d’un baiser sur la joue puis lui demandait de lui faire la lecture.

Lentement, l’adolescente s’étendit près de sa mère.

- Maman, tu veux bien me raconter votre histoire ? Fit-elle d’une petite voix.


Largo se réveilla vers treize heures. Il s’étira longuement, courbaturé. Le soleil filtrait à peine par les rideaux tirés du Penthouse, mais assez pour qu’il puisse dire qu’une belle journée était commencée depuis déjà quelques temps. Il se redresse et remarqua sa fille assise en face de lui, un album photo posé sur ses genoux. Celui-ci était rempli de photo de l’Intel Unit au temps béni. Les quatre mousquetaires. La petite famille homogène.

- ‘Jour p’pa, le salua-t-elle sans lever les yeux. J’ai fait du café.
- Oh, merci. Tu es debout depuis longtemps ?
- Hum...

Il ne sut dire s’il s’agissait d’un oui ou d’un non. Bâillant, il alla se chercher une tasse de liquide noir fumant puis revint. Il ne vit qu’alors le sac posé aux pieds de la jeune fille. Il fronça les sourcils.

- Tu comptes aller quelque part ? Demanda-t-il.
- En effet.

Elle referma l’album.

- Et où ?
- À la maison. La mienne, précisa-t-elle. J’ai besoin de certains trucs. Des vêtements, par exemple.
- Oh...
- Je ne m’enfuirai plus, papa, le rassura-t-elle.
- Désolé... Je ne voulais pas...
- Ça va, je comprends, l’assura-t-elle.
- Tu veux que j’aille avec toi ?
- Non, j’ai déjà demandé à Simon de m’accompagner pendant que tu dormais et il a accepté. Je ramènerai des choses pour maman aussi.
- Bien.
- On sera de retour ce soir, continua-t-elle.

Il se rassit, but une gorgée de café.

- J’aurais peut-être dû te demander ton avis avant, s’hasarda-t-elle.
- Eh, non, ça va.
- C’est que maman m’a donné la permission, alors...

Il sursauta.

- Tu lui as parlée ? S’enquit-il.
- Oui, tout à l’heure. Mais elle s’est rendormie. On a pu discuter un peu, toutes les deux. C’est votre tour, maintenant.

Elle se leva et prit son sac.

- J’ai dit à Simon que je le rejoindrais à son appart’. Il doit m’attendre.

Elle l’embrassa sur la joue.

- On se revoit dans quelques heures, d’accord ?
- Oui, j’essaierai de cuisiner un truc, proposa-t-il.
- Bonne idée. Bonne journée ! Lança-t-elle en sortant.



Quelques heures plus tard

Portant deux valises et une de ses chemises colorées préférées, Simon entra dans le Penthouse, précédé de Mya.

- Pose tout ça près de la porte, lui dit-elle. Je rangerai plus tard. Au fait, merci. C’était sympa de m’accompagner.
- Tout le plaisir était pour moi, sourit-il. Ça m’a permis de prendre une journée de congé, alors je ne vais certainement pas m’en plaindre ! Quelle heure est-il ?
- Près de vingt heures. Je suis épuisée.
- Moi aussi. Et j’ai une faim de loup.
- Mon père devait préparer le dîner, se rappela Mya. Je me demande où il est...

Fronçant soudain les sourcils, elle se dirigea vers la chambre de Largo. Elle en ouvrit lentement la porte, sans faire de bruit. Un tendre sourire apparu sur son visage.

Joy et le milliardaire dormaient tous les deux, enlacés dans le grand lit.

Elle recula et referma derrière elle, toujours souriante et émue.

- Alors ? S’enquit Simon en la voyant revenir sur ses pas.
- Un restau, ça te dirais ? Proposa-t-elle. Je vous invite, toi et Kerensky.
- On fête quelque chose ?
- Ouais. Le plus beau jour de ma vie.

Fin.



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