De drôles de dames ...



“ Lili ! Pousse-toi, ça va chauffer ! ”
Lili écarquilla les yeux en voyant Lilou la braquer avec deux mini-mitraillettes, le visage sévère et déterminé, et, pas folle la guêpe, elle poussa un hurlement de fillette effarouchée et se jeta à terre alors que Lilou vidait ses chargeurs sur un portrait grandeur nature de Francis Lalanne, devant lequel Lili s’était malencontreusement postée avant de se coucher sur le sol.
“ Dans le mile, mimile ! sourit Lilou, visiblement satisfaite d’avoir décapité la tête en carton de Francis grâce à ses balles magiques.
- Nan mais t’es pas malade ? ? ? ? ? ? ? ? hurla Lili en se mettant debout. T’aurais pu me tuer ! ! ! !
- Bah, faut bien que je m’entraîne ...
- Y a des salles de tir qui sont faites pour ça, Dingo !
- Hey ! M’appelle pas Dingo, Minus !
- Hey ! M’appelle pas Minus, Dingo ! ”
Lili et Lilou se dévisagèrent en grognant puis se jetèrent l’une sur l’autre, pour s’étriper. Bobsleigh, inquiété par ce déchaînement de violence, attrapa Lucie par le bras, qui passait près de lui, imperturbable, plongée dans la lecture d’un dossier.
“ Euh ... Lucie ... On devrait pas les séparer, là ?
- Hum ? Oh non, pas la peine. Elles se montrent leur affection.
- Même là ? demanda Bobsleigh en désignant du doigt Lilou qui cognait la tête de Lili contre une table.
- Oui, là elles se taquinent ...
- Et ... Et là ? insista-t-il devant le spectacle de Lili étranglant Lilou avec une corde à piano.
- Là ? Hum ... Elles sont sur le point de faire la paix ... ”
Bobsleigh allait protester quand on sonna à la porte. Il se dévoua pour ouvrir la porte, vu que Lucie était occupée à trouver un mouchoir pour sécher ses larmes d’émotion à la vue de ses amies qui s’attaquaient à l’acide.
“ Tiens, bonjour ! dit Bobsleigh en ouvrant la porte à Simon.
- Salut Bob ! sourit Simon avec assurance. Bonjour les filles !
- Bonjour Simon ! ” dirent-elles en même temps.
Lasses de leur lutte, Lilou et Lili s’étaient lâchées pour se jeter dans les bras de Simon, mais elles furent doublées sur ce terrain par Lucie qui cajola son roudoudou la première avant de se faire violemment éjecter sur le côté par Lili et Lilou qui opérèrent un partage équitable du câlinage de Simon.
“ Euh ... Oui, bon, les filles, moi aussi je suis content de vous revoir, enchaîna Simon, mais l’instant est grave : j’ai besoin de votre aide ... ”
Aussitôt sur le pied de guerre, les trois filles se postèrent de profil, en position de combat pour Lucie et Lili, flingue à la main pour Lilou, histoire de se faire tirer un portrait chinois. Sans faire attention à la musique des Drôles de Dames qui retentissait dans l’Agence, Simon allait exposer son problème, lorsqu’il s’aperçut que Bobsleigh, à côté de lui, se triturait les doigts timidement, dansant un pied sur l’autre, rouge comme une pivoine.
“ Bah qu’est-ce que t’as Bob ? demanda Simon.
- C’est que ... J’ai pas eu de câlin, moi ! ”
Simon leva les yeux au ciel.
“ Allez, je suis d’humeur généreuse aujourd’hui, viens par là ! ”
Simon serra dans ses bras Bobsleigh qui, tout content, alla sautiller à pieds joints dans toute l’agence après avoir soutenu l’étreinte.
“ Bon on vous dérange pas trop ? demanda Lucie. Je commence à avoir des crampes dans cette position, moi !
- Oui, et avec le ventilo qui fait les cheveux dans le vent, je vais finir par chopper la crève ! se plaignit Lili.
- C’est bon, vous pouvez arrêter avec la position des Doudou’s Angels ... leur dit Bobsleigh.
- Ah merci, ça va mieux ... souffla Lilou en rangeant son flingue.
- Bon voilà le problème, fit Simon, l’Intel Unit a disparu, il n’y a plus personne au Groupe W !
- C’est ennuyeux, en effet ... admit Lili.
- On va demander son avis à notre experte consultante. ” décida Lucie.
Elle se dirigea vers le fond de l’Agence et ouvrit une porte menant au bureau d’Angelene, installée devant son ordinateur, tapotant comme une malade sur le clavier.
“ Koi ? Kéya ? Pourquoi tu me déranges ? aboya-t-elle.
- On a un problème : Largo, Joy et Kerensky ont disparu, volatilisés !
- Et alors ?
- Quoi et alors ? s’agita Lucie en bougeant les bras dans tous les sens. Fais quelque chose, donne-nous un conseil ! ”
Angelene haussa les épaules.
“ C’est pas moi le détective privé !
- Oui, mais c’est toi l’auteur ! ”
Angelene fit la moue (je suis une boudeuse, moi ...) .
“ Beuh ... Ca ressemble à une affaire non classée ... marmonna-t-elle. T’as qu’à demander leur avis à Scully et Mulder ! Et laisse-moi bosser, sinon on n’y arrivera jamais ! ”
Puis la porte se claqua toute seule au nez de Lucie.
“ Hey ! Fais gaffe, t’as failli me coincer les doigts ! ”
M’en fous. J’fais c’que j’veux d’abord.
“ Pétasse ! ” cria Lucie à l’encontre de l’auteur.
Roulure !
“ Elle m’énerve ... Non mais elle m’énerve ... ”
Puis Lucie retourna vers sa petite équipe.
“ Vous avez entendu ce qu’a dit l’auteur ? Il faut aller au FBI à Washington.
- Doudou ? Tu peux nous dégotter un jet ? demanda Lilou.
- No problemo.
- Alors on y va : tenez bon l’Intel Unit ! cria Lili. On vient vous sauver ! ”
Bah ils sont mal barrés alors ...
“ Angelene, je t’ai entendue ! ! ! ” grogna Lili.
C’est ça, c’est ça, tu me fais peur ... Bon, moi je suis fatiguée de taper sur mon clavier, alors fin de la première partie. La suite, si ça vous plaît et si Dieu le veut. Dieu ?
“ Oui ? ” répondit l’Être Suprême.
Tu le veux ?
“ Bah, pourquoi pas ... M’en fous, moi ... Demande plutôt à Gabriel, pour ce genre d’affaires, je délègue. Hey Gaby ? Gaby ? Viens par là, Angelene a un truc à te demander ! ... Oh non, lâche ce chérubin et viens ici tout de suite! ! ! ! ! ! ! ! ! Gaby ! Gabyyyyyyyyyyyyyyyyyy ! ! ! Argh ... Saleté, les archanges, de nos jours ... J’y vais, il est capable de me foutre le boxon dans le paradis, ce con ! ”
Mouais.
On n’est pas sorti de l’auberge ...